Hauts plateaux : une interprétation solennelle et esthétisante de la musique de Jean-Sébastien Bach par la compagnie Mal Pelo

Hauts plateaux : une interprétation solennelle et esthétisante de la musique de Jean-Sébastien Bach par la compagnie Mal Pelo

Mal Pelo hisse très haut la barre de ses “Highlands”

À Château Rouge, la compagnie de danse espagnole a livré mardi une interprétation solennelle et esthétisante de la musique de Jean-Sébastien Bach.

Publié aujourd’hui à 18h00

Fondée en 1989 par María Muñoz et Pep Ramiz, la compagnie espagnole Mal Pelo fusionne danse, musique, poésie et spiritualité.

TRISTAN PÉREZ-MARTIN

Un peu plus en amont de cette 47e Bâtie, voici une semaine, Anne Teresa De Keersmaeker chorégraphiait en ascète les six “Suites pour violoncelle” de Jean-Sébastien Bach, interprétées en direct par Jean-Guihen Queyras. Un e-mail de la direction du festival encourageait dans la foulée les spectateurs “subjugués par la performance” de la Flamande à se rendre à Annemasse où “un autre spectacle de danse et de musique, incroyablement sensible, saurait certainement les enchanter”. Il n’en fallait pas davantage pour achever de remplir ce mardi la splendide grande salle de plus de 1000 places à Château Rouge. Un public transfrontalier y embarquait avec ferveur pour “Hauts plateaux” dernier volet d’une tétralogie consacrée au Cantor de Leipzig par la compagnie espagnole Cheveux maléfiques. Si les deux productions s’inspirent effectivement du même compositeur, si toutes deux mêlent également chorégraphie à musique live, la comparaison s’arrête là, tout net, tant la version méridionale tranche avec la nordique.

Total artistique

Quatre chanteurs, quatre instrumentistes à cordes, huit danseurs sur les planches : avec seize artistes richement costumés, royalement éclairés et avantageusement amplifiés, le projet de Mal Pelo n’a rien de minimaliste, loin de là. La pièce vise même l’art total en occupant les terrains contigus du théâtre (par la présence de textes dans le jeu des interprètes), du cinéma (par la projection de vidéos paysagères en noir et blanc), du lyrisme (grâce aux solistes et à leurs combinaisons chorales) ou de la poésie (via surtitres ou diffusion sonore). Le tout en version polyglotte hispano-italo-anglo-germano-française. Pas de doute, les “Highlands” voient grand.

Mauvais cheveux, “Highlands” TRISTAN PÉREZ-MARTIN

D’emblée, la scénographie de Kike Blanco caresse l’œil. Aux quatre coins de la scène, autant de lourdes pierres suspendues aux cintres par des cordes : style baroque oblige, leur carré n’obéit pas rigoureusement à la symétrie. On savoure. De même, quand un septuor de danseurs arpente la scène de long en large, avançant, pivotant, reculant en rythme, on apprécie la distribution impaire de leurs mouvements.

La lecture se brouille quelque peu à mesure que les tableaux s’enchaînent. Ou s’empilent, conviendrait-il sans doute mieux de dire, tellement le lien entre eux s’effiloche au profit d’une emphase continue. Chaise haute d’arbitre, radeau de naufragés, toque de paille, hache de bûcheron ou cape à cagoule : les images, plutôt qu’embrayer, finissent par verser un même sirop esthétisant sur l’ensemble. On attend en vain ce bémol ou ce dièse qui irait à contre-courant. Ce grain de sable dans l’engrenage de la mièvrerie.

Katia Berger est journaliste au sein de la rubrique culturelle depuis 2012. Elle couvre l’actualité des arts de la scène, notamment à travers des critiques de théâtre ou de danse, mais traite aussi parfois de photographie, d’arts visuels ou de littérature.

Plus d’infos

Vous avez trouvé une erreur ? Merci de nous la signaler.

1 commentaire in an article which can rank high in google
#Bâtie #Festival #Genève #Mal #Pelo #place #très #haut #barre #ses #Highlands
publish_date]

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.