Impliqué dans la transition énergétique, le lithium connaît actuellement une demande croissante sur le marché mondial. Avec la découverte de nouvelles mines en Afrique, ce minerai très recherché représente une immense opportunité économique pour le continent.
Du 4 au 6 septembre, l’Afrique a accueilli son premier sommet sur le climat. À l’issue de cet événement historique, les pays africains ont adopté la déclaration de Nairobi, visant à exploiter le potentiel du continent pour une croissance verte. Certains pays africains possèdent de nombreux métaux très convoités essentiels à la transition énergétique, tels que le cobalt, le cuivre et le lithium. Ce dernier favorise la production d’énergie et de transport propres, notamment grâce aux batteries rechargeables pour les véhicules électriques.
“Pour électrifier les transports, nous avons besoin d’un million de tonnes de lithium”, explique Michel Jebrak, spécialiste des ressources minérales métalliques et professeur émérite à l’université du Québec à Montréal. “C’est un marché explosif, il y a actuellement une course pour ce métal”, notamment de la part de l’Union européenne, qui a récemment annoncé mettre fin aux moteurs thermiques d’ici 2035. Cette transition mondiale vers les énergies renouvelables représente une véritable opportunité économique pour l’Afrique.
Les principaux producteurs mondiaux de lithium sont l’Australie, le Chili et l’Argentine. “Mais depuis deux ans, il y a eu d’importants investissements pour trouver de nouvelles mines de lithium. On en a trouvé au Canada, en Chine et maintenant en Afrique !” explique le chercheur, également co-auteur du livre “Objectif Lithium : Réussir la transition énergétique”. “On savait déjà qu’il y en avait au Zimbabwe et au Mozambique, mais on en a découvert en République démocratique du Congo, au Mali et au Niger.”
La compétition géopolitique pour savoir qui contrôlera la production est bel et bien lancée. “L’enjeu réside à la fois dans la production et la transformation”, précise Michel Jebrak. “Car pour en tirer des bénéfices, il ne suffit pas seulement d’extraire le minerai, il faut le transformer.” Et sur ce point, Pékin a pris de l’avance. La Chine est aujourd’hui le premier raffineur au monde, avec “l’achat de près de la moitié des mines de lithium connues en Afrique”.
De leur côté, les pays africains sont déterminés à conserver une plus grande partie de la valeur de leurs ressources qu’auparavant. Au Zimbabwe, premier producteur africain de lithium, des mesures ont été prises pour interdire l’exportation du lithium brut, afin d’encourager les mines à le transformer dans le pays avant de l’exporter, afin d’en tirer un meilleur profit. L’Union africaine a également exprimé sa volonté de retrouver le contrôle de ses ressources.
“Si les pays africains parviennent à reprendre le contrôle de leurs ressources, ils pourront se développer économiquement, et on peut imaginer qu’à terme, ils produiront des voitures en Afrique”, souligne le professeur émérite. Actuellement, peu de pays produisent des voitures pour le marché international, à l’exception du Nigeria, de l’Afrique du Sud et du Maroc.
“C’est une très belle occasion de redistribuer les cartes, mais la difficulté réside dans la capacité politique à s’organiser, car de nombreux pays sont encore influencés politiquement, militairement et économiquement”, explique Michel Jebrak. “Il faudrait que les pays africains s’unissent pour avoir la capacité de négocier avec les Chinois et les Européens”, détaille le chercheur, prenant pour exemple la création de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) par les pays arabes en 1973.
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