Semaine européenne de dépistage des cancers ORL et focus sur l’évolution inquiétante du HPV

Dans le cadre de la Semaine européenne de sensibilisation au dépistage des cancers ORL, le service ORL et la Fédération de cancérologie du CHRU de Nancy iront à la rencontre du public les mercredis 20 et 27 septembre, à Nancy (placette Saint-Sébastien, de 10h à 16h30), puis à Pont-à-Mousson (place Duroc, de 10h à 16h30). Cette semaine sera également marquée par des conférences thématiques. Ce mardi soir, la première s’adressera aux professionnels de la santé. Elle sera animée par le Dr Bruno Toussaint et conduite par le Pr Patrice Gallet du CHRU de Nancy.

La présentation portera sur les innovations en cancérologie ORL. Rendez-vous à 19h à l’entrée de l’amphithéâtre Faivre de l’Institut Louis-Mathieu à Brabois. Une deuxième rencontre, cette fois avec le grand public, se déroulera le mercredi 27 à l’hôtel de ville de Pont-à-Mousson de 18h à 19h. Le sujet sera les facteurs de risque des cancers ORL, avec un focus sur les papillomavirus humains (HPV), nouvelle préoccupation majeure des spécialistes des maladies de la sphère ORL.

L’inquiétante évolution du HPV

Depuis plusieurs années, la prolifération du HPV préoccupe les praticiens, d’autant plus qu’elle tend à toucher une population de plus en plus jeune. “Il est de plus en plus fréquent de voir des patients dans la vingtaine lors des consultations”, constate le Pr Patrice Gallet, chirurgien de la face et du cou au CHRU de Nancy. Depuis cette rentrée, la vaccination contre le papillomavirus est proposée aux collégiens, ce qui constitue une avancée, mais reste néanmoins insuffisante pour faire face à une recrudescence des tumeurs des voies aérodigestives supérieures chez les jeunes adultes.

Il est donc important d’ajouter au vaccin le dépistage et une surveillance régulière, qui peuvent être effectués par le médecin traitant ou le dentiste. Patrice Gallet recommande de respecter cette trilogie : “Le HPV pose problème car il est de plus en plus courant et que les gens ignorent souvent qu’il représente un risque majeur. Ce qui est regrettable, c’est qu’il est évitable grâce à la vaccination.”

De manière plus générale, le chirurgien ORL déplore le retard du diagnostic dans la plupart des cancers ORL. Actuellement, “70% des diagnostics sont posés à un stade avancé”. “En ORL, nous sommes confrontés à deux enjeux : améliorer l’efficacité de nos traitements et réduire les séquelles”, explique-t-il. Sur le premier point, nous avons progressé et nous avons considérablement amélioré notre capacité à guérir ces tumeurs. Cependant, plus elles sont diagnostiquées tardivement, plus le traitement est lourd et plus les séquelles sont importantes. D’où la nécessité d’un diagnostic précoce. Plus la tumeur est petite, plus nous avons de chances de contrôler la maladie et de réduire les séquelles.”

Comment détecter une tumeur ?

Pour ce qui est des cancers de la bouche, de la langue, des lèvres, des gencives ou du palais, “il n’y a pas de tumeur spécifique car nous avons la même muqueuse dans toute la sphère ORL”, indique Patrice Gallet. Ces cancers représentent 25% des cancers ORL, soit environ 3 500 cas par an. “Il faut comprendre que les cancers qui apparaissent dans cette région se développent à partir de la surface exposée aux facteurs cancérigènes tels que le tabac, l’alcool, le cannabis et le HPV.”

Comment détecter une tumeur naissante ? C’est difficile pour un œil non averti. “C’est souvent subtil. Pour certaines tumeurs, on ne voit pratiquement rien en surface, peut-être juste une légère irritation, mais en réalité, il y a des choses qui se passent en profondeur”, explique Patrice Gallet. Cependant, chacun peut être alerté par un aphte persistant, des rougeurs ou une masse sur la muqueuse qui ne se résorbe pas : “La cavité buccale est très sujette aux blessures. C’est courant. Mais la muqueuse cicatrise normalement en sept jours. Donc, si après avoir subi un traumatisme, la lésion ne guérit pas, il faut commencer à se poser des questions. Si une lésion persiste pendant plus de quinze jours, il faut consulter de toute façon”, conseille le chirurgien.