Guy Tosatto se retire : rétrospective sur 40 ans de carrière au service de l’Art au musée de Grenoble

Guy Tosatto se retire : rétrospective sur 40 ans de carrière au service de l’Art au musée de Grenoble

À l’approche de ses 65 ans, dont 40 passés au service de l’Art et 21 en tant que directeur du musée de Grenoble, Guy Tosatto prendra sa retraite à la fin de l’année. Il nous a reçus dans sa “deuxième” maison et a accepté avec émotion de nous parler de sa carrière et de la page qu’il s’apprête à tourner.

France Bleu Isère : Que retenez-vous de ces 21 ans en tant que directeur du musée de Grenoble ?
Guy Tosatto : Je ne veux pas en parler trop car cela me rend très ému, car il est toujours très émouvant de penser à ce que nous avons accompli, surtout les moments que nous avons partagés. Il est difficile de résumer toutes ces années, mais je pense bien sûr aux grandes expositions, aux belles acquisitions réalisées pour ce musée, à tous les artistes que nous avons accueillis et à cette équipe formidable qui m’a accompagné et stimulé. Et puis, je pense aux habitantes et habitants de Grenoble que je ne connaissais pas, que je croisais dans la rue et qui nous témoignaient leur soutien, en disant que telle exposition était formidable et qu’ils allaient y retourner ! Ce sont des moments qui illuminent la vie, la vie d’un conservateur en particulier.

De quelle grande exposition êtes-vous le plus fier ?
Parmi les meilleures, il y a eu “Chagall et l’avant-garde russe” avec le Centre Pompidou. Ce fut un grand succès, avec plus de 140 000 visiteurs en trois mois. “Servir les dieux d’Égypte” a également été une aventure extraordinaire autour des antiquités égyptiennes du Louvre. Il y a également eu Picasso, Bonnard, Kandinsky. Des grands noms. Personnellement, j’ai aussi beaucoup de plaisir à présenter des artistes moins connus du grand public, comme Morandi par exemple, avec ses merveilleuses natures mortes, ou de nombreux artistes contemporains, des artistes vivants comme Giuseppe Penone, Philippe Cognée, Cristina Iglesias, pour n’en citer que quelques-uns. Chaque fois, ce sont des moments très forts pour l’équipe, ces rencontres. Les artistes nous font redécouvrir les lieux dans lesquels nous travaillons, les collections également. Et parce qu’ils ont un regard unique, créatif, ils réinventent un peu le monde. C’est une expérience formidable dans ce métier que de pouvoir côtoyer des femmes et des hommes qui nous font voir les choses différemment, les choses du quotidien différemment.

Vous êtes né à La Tronche, comme tout vrai Grenoblois, et vous fréquentiez beaucoup l’ancien musée de peinture, place de Verdun, lorsque vous étiez jeune ?
Oui, lorsque j’étais adolescent, je visitais toutes les expositions. Je regardais les œuvres avec beaucoup de curiosité, de questionnements, et je pense que cela m’a beaucoup influencé. Cela a déterminé mon désir de faire ce métier. D’ailleurs, les Grenoblois n’en ont pas toujours conscience, mais le musée de Grenoble possède une collection extraordinaire grâce à des conservateurs remarquables qui ont toujours été à la pointe depuis plus d’un siècle. Cela permettait aux Grenoblois de voir des œuvres incroyables pour un musée de province. Donc, il est vrai que moi, adolescent, j’ai grandi avec ce musée en toile de fond, en voyant ces expositions. Cela a vraiment ouvert mon esprit, façonné mon regard. Mais, honnêtement, je n’ai jamais imaginé à cette époque-là et même lorsque j’ai commencé mes études en histoire de l’art, toujours à Grenoble, que je deviendrais un jour directeur du musée. Vraiment, cela ne m’avait jamais traversé l’esprit.

Que nous avez-vous préparé pour votre dernière saison ?
Il y aura deux moments forts. Tout d’abord, une exposition de photographies issues de la donation d’Antoine de Galbert. Une donation spécialement conçue pour le musée. Avec des clichés parfois durs, mais qui reflètent notre époque à travers le regard d’une centaine de photographes. “Histoire d’images” se tiendra du 16 décembre au 3 mars 2024. Et ensuite, du 20 avril au 21 juillet 2023, il y aura une grande exposition consacrée au peintre catalan Joan Miró en collaboration avec le Centre Pompidou, à partir des collections du musée d’Art moderne. Nous présenterons l’ensemble des collections de Miró, ce qui n’a jamais été fait. Ce seront plus de 120 œuvres qui retraceront le parcours de l’artiste, et je pense que ce sera magnifique.

C’est votre deuxième maison ici, il va falloir en partir. Cela va vous faire bizarre ?
Oui, c’est certain, cela va être difficile. Pendant que nous parlons, nous sommes face à ce magnifique triptyque de Joan Mitchell. Quelle énergie ! Cette artiste américaine qui s’était installée à Giverny par amour pour l’œuvre de Monet, j’ai eu la chance de la connaître alors qu’elle était déjà âgée, mais elle était tellement impressionnante. Donc je suis très curieux de voir ce que mon successeur finalement fera de cette collection. Quelles propositions fera-t-il dans les années à venir ? Ce sera forcément différent de ce que j’ai pu faire et cela enrichira l’histoire du musée avec une sensibilité, un regard, une approche de la création différentes.

Alors, que ferez-vous lorsque vous serez à la retraite ?
J’ai vraiment envie de profiter du temps libre que j’aurai, c’est un luxe fabuleux d’avoir du temps devant soi. Je souhaite voyager. Pas forcément aller au bout du monde, mais dans les environs proches, rendre visite aussi à mes collègues dans leurs musées. Peut-être écrire un peu également sur ce qui me passionne, notamment les artistes contemporains.
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