Dans une récente interview, le prince Mohammed Ben Salman a déclaré que l’accord de normalisation avec Israël se rapprochait jour après jour. Cependant, l’analyste Michaël Horowitz nuance cette affirmation en soulignant que l’accord n’était pas hors de portée à l’époque où l’Arabie saoudite et l’Iran ont rétabli leurs relations diplomatiques en avril. Il souligne également que l’accord n’est pas nécessairement imminent aujourd’hui en raison des difficultés persistantes.
L’accélération de ce processus est principalement due au dynamisme de la diplomatie américaine, qui vise à atteindre plusieurs objectifs en négociant cet accord. Il y a d’abord un enjeu de puissance et d’influence dans la région, alors que la Chine a tenté de s’imposer comme une puissance émergente au Moyen-Orient en chapeautant l’accord Iran-Arabie saoudite. Ensuite, il y a l’inquiétude de l’Arabie saoudite et d’autres alliés traditionnels des États-Unis quant à un possible retrait américain, ce qui a conduit certains alliés à se rapprocher de la Chine. L’administration Biden utilise donc la possibilité d’un accord pour rassurer l’Arabie saoudite et discuter de garanties de sécurité concrètes pour Riyad.
Une troisième raison est d’ordre “domestique” pour les États-Unis. En finalisant un accord entre Israël et l’Arabie saoudite, le président américain pourrait surpasser son prédécesseur et ajouter une dimension de résolution du conflit israélo-palestinien à la dynamique des accords d’Abraham. Les démocrates veulent ainsi transformer ces accords en leur faveur.
En ce qui concerne les intérêts concrets de l’Arabie saoudite et d’Israël, l’Arabie saoudite cherche avant tout des garanties de sécurité américaine. Elle sait que l’accord avec l’Iran n’effacera pas la rivalité historique qui les oppose. L’Arabie saoudite souhaite donc obtenir ces garanties et développer son propre programme nucléaire domestique pour ne pas avoir à dépendre entièrement des États-Unis. C’est pourquoi elle demande une assistance américaine pour construire ce programme, bien que les États-Unis imposent des conditions de non-prolifération.
Quant à Israël, cet accord serait un symbole fort, notamment pour Netanyahu sur le plan politique. Pour Joe Biden, cela lui permettrait de surpasser Trump tout en réaffirmant le rôle des États-Unis au Moyen-Orient et en rassurant ses alliés. Cependant, la question palestinienne reste un obstacle potentiel aux négociations.
En résumé, ces négociations ne se jouent pas seulement entre Israël et l’Arabie saoudite, mais aussi entre les États-Unis et ces deux pays. Les intérêts et préoccupations géopolitiques, sécuritaires et intérieures entrent en jeu, rendant les négociations complexes. L’issue de cet accord reste incertaine, d’autant plus qu’il dépend également de la position de l’Autorité palestinienne et de ses demandes.
