Les avancées de la recherche médicale dans la lutte contre le cancer : entretien avec Bruno Quesnel, directeur de recherche à l’Inserm

Les avancées de la recherche médicale dans la lutte contre le cancer : entretien avec Bruno Quesnel, directeur de recherche à l’Inserm

Octobre rose, le mois de sensibilisation au dépistage du cancer du sein, débute dimanche. L’occasion de demander à Bruno Quesnel, directeur de recherche à l’Inserm, si les progrès de la médecine permettaient d’entrevoir des pistes de guérison pour les patients atteints des différentes formes de cette maladie. Ils touchent le sein, le poumon, le côlon, la prostate, la peau, le foie, l’estomac… Et sont l’une des principales causes de mortalité. Les cancers ont été à l’origine de près de 10 millions de morts dans le monde en 2020, soit près d’un décès sur six, selon l’Organisation mondiale de la santé. En France, le seul cancer du sein est diagnostiqué chez près de 60 000 personnes chaque année, provoquant 12 000 décès, selon Santé publique France. Pourtant, en dépit d’un programme national de dépistage qui invite les femmes de 50 à 74 ans à effectuer une mammographie tous les deux ans, moins de la moitié d’entre elles réalisent cet examen. A l’occasion du lancement de la campagne annuelle de sensibilisation Octobre rose, dimanche 1er octobre, franceinfo s’est entretenu avec Bruno Quesnel, directeur de l’institut thématique cancer de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), et également responsable de la recherche et de l’innovation à l’Institut national du cancer. Un entretien pour comprendre où en est la recherche sur cette maladie et sur les traitements pour la soigner. Franceinfo : Avec l’augmentation et le vieillissement de la population, le nombre de cancers a doublé en France depuis 1990. Y a-t-il une tendance à développer plus de cancers ? Bruno Quesnel : Pas vraiment. En fait, 60% des cancers sont dits “inévitables”, car ils proviennent du vieillissement de nos cellules. Au cours de nos vies, nos cellules se divisent, et en copiant leur ADN, elles font des erreurs qui induisent des mutations. C’est un peu comme lorsque vous faites une photocopie d’un texte, puis une photocopie d’une photocopie… A la fin, le texte devient totalement illisible. Ce phénomène naturel est présent dans tous les organismes complexes : quand une population vieillit, le nombre de cancers augmente, c’est imparable. De nouveaux traitements prometteurs contre différents cancers ont été annoncés en juin. Un vaccin thérapeutique contre le cancer du poumon a également été présenté en septembre. L’année 2023 marque-t-elle un tournant dans la recherche médicale ? Je ne crois pas. Il faut être très prudent avec ce genre d’annonces. Il y en a tous les ans à l’issue du congrès de l’Asco [le plus grand congrès international de cancérologie, qui se tient chaque année en juin à Chicago, aux Etats-Unis]. Parfois, ces annonces peuvent faire part de progrès à la suite d’essais thérapeutiques, sans que ceux-ci changent forcément la donne, ou alors de façon très partielle. “Avec mes trente années d’expérience, je dirais qu’il y a en moyenne une grande avancée thérapeutique par décennie.” Bruno Quesnel, directeur de recherche à l’Inserm à franceinfo La grande avancée des années 1990, par exemple, a été la découverte des anticorps monoclonaux [des anticorps fabriqués par des cellules en culture pour traiter des maladies spécifiques]comme le rituximab, qui permettent notamment de mieux soigner certains lymphomes [des cancers qui affectent certains globules blancs]. Puis, au cours des années 2000, sont apparues les thérapies ciblées, qui visent des mécanismes propres aux cellules tumorales. Les années 2010 ont été marquées par l’émergence de l’immunothérapie, qui stimule les défenses immunitaires contre les cellules cancéreuses. Elle provient de recherches qui ont été effectuées dans les années 1990 et début 2000. Nous verrons bien quelles seront les avancées des années 2020. Il faut avoir conscience que les pistes thérapeutiques qui sont testées aujourd’hui sur les humains proviennent de recherches fondamentales qui datent, elles, d’il y a plus de quinze ou vingt ans. En quoi la découverte de l’immunothérapie a-t-elle constitué une avancée majeure pour traiter des cancers ? Pour faire simple, notre système immunitaire est fait pour reconnaître tout ce qui lui est étranger. Il est conçu pour détruire les parasites, les virus, les bactéries… Tout ce qui peut nous contaminer. Il peut aussi reconnaître les cellules cancéreuses. Or, il le fait mal et n’empêche pas les affections néoplasiques [c’est-à-dire les tumeurs ou les cancers] de se développer. On a donc cherché pendant longtemps comment faire pour résoudre ce problème, en essayant de le stimuler. C’est ainsi que nous avons fait une découverte majeure, en identifiant les freins du système immunitaire, ce qui a d’ailleurs fait l’objet d’un prix Nobel attribué à deux chercheurs, Tasuku Honjo et James Allison. Quand vous développez une affection, votre système immunitaire doit la combattre sans s’emballer. Une fois qu’il a combattu ce virus, il doit revenir à un état de fonctionnement normal. Pour ce faire, il utilise des molécules modératrices, que les cellules cancéreuses utilisent beaucoup pour échapper à la réponse immunitaire. Nous avons donc identifié ces freins et mis au point des anticorps bloquants, qui empêchent ces freins d’agir. Durant les essais cliniques, nous avons démontré que nous pouvions obtenir des réponses spectaculaires pour certains cancers. Un des plus beaux exemples concerne le mélanome malin, un cancer de la peau très grave. Il répond très, très mal à la radiothérapie et il n’existe aucune chimiothérapie efficace. L’immunothérapie permet de modifier l’évolution du cancer, et même d’apporter une réponse complète à la maladie pour certains patients. Toutefois, elle ne fonctionne pas sur tous les types de cancers, ni sur tous les patients. C’est une règle générale en cancérologie : il n’existe pas de traitement qui fonctionne à 100%. Outre les traitements, y a-t-il d’autres progrès qui permettent de mieux soigner plus de patients ? Nous pouvons améliorer le pronostic des patients avec de nouveaux outils de diagnostic. Par exemple, beaucoup de leucémies aiguë
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2023-10-01 08:04:16

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