Genève, 28 septembre
Deux femmes ont été choisies comme candidates finalistes par l’Assemblée de l’Université au poste de recteur/trice, ce que j’aimerais saluer, vu que ce sera la première fois de son histoire que l’Alma Mater aura, elle-même, une alma mater.
L’Université aura fait du chemin, depuis Calvin, vers l’égalité, en permettant à davantage de femmes d’accéder à des postes à responsabilités. On ne peut que s’en féliciter. Pourtant, moi qui ai eu la chance d’avoir été nommée, très tôt, à un poste supérieur dans cette institution, je me heurte encore aujourd’hui à quelques facettes affligeantes de cet environnement, dans lesquelles les rapports professionnels sont toujours bien gluants de testostérone.
J’ai subi, de la part de certains collègues – hommes –, quelques situations très difficiles de contrainte ou de double contrainte, des propos ou des tons irrespectueux, méprisants ou menaçants, quelquefois aussi des violences verbales, et du déni de mes rôles ou de mon statut. Et j’ai eu toute la peine du monde à être entendue quand j’ai appelé l’institution à l’aide. Trop sensible, la petite dame? À méditer. Mais ne nous leurrons pas, s’il arrive encore souvent que des hommes cassent et que des femmes encaissent, l’autoritarisme exacerbé de certaines femmes, amplement toléré, envenime tout autant les ambiances de travail.
Alors, ce n’est pas une affaire de genre? Pas seulement. Sans doute faut-il regarder ces attitudes inacceptables sous un prisme complémentaire, celui du pouvoir. Car on nous formate très vite, même en milieu éducatif, à en briguer toujours davantage. On ne peut pas se contenter d’être bon ou très bon, il faut être meilleur – LE ou LA meilleur·e, s’entend. Cela implique que l’on gravisse des échelons dans l’optique de dépasser les autres, à des rangs sans cesse supérieurs. Une telle quête individualiste, encouragée par notre académie, engendre nécessairement des comportements conflictuels entre collaborateurs – hommes ou femmes – et des dérapages vis-à-vis des bonnes pratiques institutionnelles.
Parfois même jusqu’à porter atteinte à la santé – physique ou mentale – de ceux ou celles que l’on aura
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– Testostérone et monde académique
Courrier des lecteurs