La collaboration exceptionnelle entre Thomas Hertog et Stephen Hawking dans le développement de la cosmologie descendante

La collaboration exceptionnelle entre Thomas Hertog et Stephen Hawking dans le développement de la cosmologie descendante

Le cosmologiste Thomas Hertog parle de sa longue collaboration avec Stephen Hawking et évoque les grandes étapes de l’élaboration de leur théorie de la “cosmologie descendante”.

Thomas Hertog est cosmologiste, professeur à l’Université catholique de Louvain, en Belgique.

“En thèse, je le voyais presque tous les jours, et parfois même le soir”

Sciences et Avenir : Quand avez-vous rencontré Stephen Hawking pour la première fois ?

Thomas Hertog : À la mi-juin 1998. J’étais alors étudiant à Cambridge (Royaume-Uni). J’avais notamment suivi le cours de Neil Turok, un collègue de Hawking, dans le cadre du diplôme de mathématiques avancées. À la fin de l’année universitaire, Neil m’a informé que Stephen souhaitait me rencontrer. Il avait entendu parler de mes excellents résultats à l’examen et voulait savoir si je pouvais être un bon doctorant sous sa supervision. Je suis donc allé le voir dans son vieux bureau poussiéreux, perdu dans le département labyrinthique de mathématiques appliquées et de physique théorique de Cambridge. Notre première conversation a porté sur le multivers d’Andrei Linde. Il m’a fait part de ses doutes concernant l’existence d’univers multiples et m’a demandé mon avis. C’est ainsi que je suis devenu son étudiant…

Comment votre collaboration s’est-elle organisée ?

Pendant ma thèse, je le voyais presque tous les jours, et parfois même le soir. Stephen ne faisait pas vraiment de distinction entre le travail et sa vie personnelle. Ses étudiants et collègues faisaient un peu partie de sa famille. Et nous avions souvent l’habitude de discuter de cosmologie au pub ! Après ma thèse, j’ai pris un peu de distance avec lui. Être l’étudiant de Stephen Hawking peut être accablant. J’avais besoin d’exister en tant que scientifique par moi-même. D’ailleurs, il m’encourageait dans cette direction.

Au bout de quelques années, notre collaboration a repris. Je suis arrivé à l’Université catholique de Louvain. Nous avions l’habitude de nous voir environ tous les deux mois. Je venais à Cambridge ou il venait en Belgique pour une semaine. Nous libérions nos agendas et passions tout notre temps à discuter. C’était la manière préférée de travailler de Stephen. Il[…]

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