L’industrie de haute précision participe à la Commission de suivi et d’information (CSI) sur le projet de géothermie profonde. Les professionnels de ce secteur, présents dans les communes de Haute-Sorne et de Boécourt, ont été invités à la huitième séance de la CSI lundi soir. C’était l’occasion pour eux d’échanger et de s’informer sur le thème de la sismicité liée aux instruments de haute précision. Seuls deux entrepreneurs ont répondu présents. Le président de la CSI a du mal à expliquer cette faible participation. “On peut penser que certains n’ont pas voulu venir car ils sont de toute façon opposés au projet. Mais on peut aussi dire que l’idée selon laquelle il y a une grande crainte est peut-être exagérée”, a déclaré Pascal Mahon à RFJ.
L’exemple du CERN
Un responsable du CERN, le célèbre accélérateur de particules situé près de Genève, a d’abord pris la parole. Michaël Guinchard, responsable du laboratoire de mesures mécaniques, a présenté les nombreux outils mis en place pour faire face aux problèmes de vibrations. Le CERN a notamment mis en place un système d’alarme. Les exigences sont élevées en la matière. Étant donné l’énergie stockée dans ce tunnel de 26 kilomètres de long, l’institution ne peut se permettre même de très faibles vibrations. Michaël Guinchard a également expliqué que les travaux de génie civil posent aujourd’hui davantage de problèmes au CERN que les séismes. Tant que les tremblements de terre ne dépassent pas la magnitude 3, ils n’ont aucun effet sur l’accélérateur de particules.
Olivier Zingg, chargé de projet chez Géo-Energie Suisse, a ensuite expliqué que le risque sismique était surtout présent lors de la stimulation hydraulique, si celle-ci a lieu à la fin de la phase d’exploration prévue jusqu’en 2025. Il a rappelé l’existence de mesures de sécurité, notamment l’arrêt de toute injection d’eau en cas de séisme de magnitude 2.
Des entrepreneurs rassurés
Les représentants de l’industrie de haute précision se sont montrés plutôt rassurés, notamment en constatant ce qui se passe au CERN, même s’ils n’ont pas souhaité s’exprimer devant notre micro. Ces deux responsables du groupe Richemont sont intéressés par l’installation d’appareils de mesure des vibrations dans leurs entreprises respectives avant le début des travaux.
Malgré la faible participation, Pascal Mahon se dit satisfait de la rencontre. Il estime qu’elle a permis de mettre en évidence un “besoin d’information directe des industriels par le promoteur du projet”.
Il est à noter que l’inquiétude de l’industrie de haute précision est souvent mentionnée par les opposants au projet de géothermie profonde. Une trentaine d’entreprises avaient signé et envoyé une lettre au gouvernement jurassien en 2019 demandant l’arrêt du projet. /alr
