Quels sont les espoirs de Joe Biden en se rendant au Moyen-Orient, une région qui n’a jamais été aussi proche de l’embrasement ? Le président américain a entrepris un voyage en Israël mardi, mais a dû annuler sa visite en Jordanie en raison des tensions croissantes suite à des tirs sur un hôpital de Gaza. En annonçant ce déplacement, le démocrate de 80 ans avait déjà pris un énorme pari : celui de se présenter à la fois comme garant de la sécurité d’Israël dans sa guerre contre le Hamas, comme le meilleur espoir pour les civils palestiniens et comme un rempart contre les risques d’escalade régionale. Cependant, cette quête d’équilibre, qui comprenait une étape à Tel-Aviv suivie d’une visite en Jordanie, a volé en éclats avant même son départ.
La Jordanie a annulé le sommet avec le roi Abdallah II, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le dirigeant de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, auquel Joe Biden devait participer. Le président américain a déclaré qu’il reporterait sa visite à Amman. John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, a déclaré qu’il s’agissait d’une décision mutuelle et a indiqué que Joe Biden appellerait le dirigeant palestinien et le président égyptien dans l’avion du retour, mercredi soir.
Joe Biden s’est dit indigné et profondément attristé par l’explosion qui a eu lieu à Gaza, sans se prononcer sur l’origine du tir qui a causé la mort d’au moins 500 personnes. Le Hamas l’impute à Israël, tandis que l’armée israélienne accuse le Djihad islamique. Le président américain a exprimé ses condoléances pour les vies innocentes perdues et a souhaité un prompt rétablissement aux blessés. Il s’est également entretenu à ce sujet avec le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et le roi Abdallah II de Jordanie.
Malgré cette atmosphère tendue, Joe Biden a maintenu son voyage avec une sécurité renforcée, car il veut poser des questions difficiles à Israël et se faire expliquer la stratégie et les objectifs militaires du pays lors de sa rencontre avec Benjamin Netanyahu. Son autre objectif est de permettre l’arrivée de l’aide étrangère à Gaza, qui subit des bombardements incessants et une crise humanitaire.
Joe Biden prévoit également de rencontrer des familles d’otages détenus par le Hamas et de prononcer un discours à Tel-Aviv. Cependant, il prend le risque de rentrer les mains vides, sans promesse du gouvernement israélien d’autoriser l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza et sans réponses pour les familles des ressortissants américains retenus en otage par le Hamas.
En se rendant dans la région, Joe Biden teste également sa capacité de dissuasion face au Hezbollah et face à Téhéran. Les États-Unis ne souhaitent pas voir le conflit s’étendre et Biden a réclamé une enveloppe de 100 milliards de dollars pour l’Ukraine, Israël, Taïwan et la crise migratoire à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Cependant, tout déploiement supplémentaire d’aide à Israël doit être approuvé par le Congrès américain, qui est actuellement paralysé.
Joe Biden ne peut se permettre le moindre signe de faiblesse alors qu’il est en campagne pour un second mandat et que l’Amérique redoute une flambée de haine envers les juifs et les musulmans dans un pays déjà fortement divisé.
