La Réforme de l’Université Publique Marocaine : Des Grandes Espérances pour un Avenir Prometteur

La Réforme de l’Université Publique Marocaine : Des Grandes Espérances pour un Avenir Prometteur

En Angleterre victorienne, au début des années 60 du XIXème siècle, Charles Dickens a publié son treizième roman, “Great Expectations”, en un seul volume. Ce titre convient parfaitement aux attentes de la nouvelle réforme qui commence dès cette rentrée universitaire 2023-2024.

En effet, ce sont de grandes espérances que les Marocains souhaitent voir se concrétiser dans l’université publique marocaine.

Il n’est pas besoin d’être expert pour constater que dans l’enseignement supérieur, la massification combinée à une logistique fragile et à un corps professoral parfois démotivé ou absorbé par une gestion stressante des programmes, souvent figés, ont des effets néfastes.

En conséquence, notre production est largement insuffisante, voire totalement inadaptée au marché du travail.

La Réforme : l’offre de l’État marocain

Partant d’un constat sans ambiguïté, le produit de l’université marocaine répond de moins en moins à une offre économique digitalisée et mondialisée, où les compétences en communication et en comportement (soft skills) constituent désormais soit une menace soit un passeport lors d’un entretien d’embauche : la décision a été prise de secouer le cocotier. Un cocotier qui concerne au moins 1,3 million d’étudiants marocains, dont 94% sont inscrits dans l’une des 12 universités publiques du pays, avec 61 établissements à accès libre.

Ainsi, en mettant l’accent sur l’attractivité, la production de connaissances et le développement des compétences, une démarche participative à grande échelle a été mise en œuvre, avec 13 rencontres-débats rassemblant près de 35 000 participants de divers horizons : enseignants, chefs d’entreprise, responsables des collectivités territoriales… Des échanges fructueux qui ont donné lieu à 3 000 recommandations et 127 accords entre partenaires, allant de l’hébergement universitaire aux évolutions de certaines filières pour répondre aux besoins spécifiques du tissu économique.

De plus, inspiré par les recommandations du Nouveau Modèle de Développement, le décret n° 2.23.668 intitulé “Plan d’accélération de la transformation de l’écosystème de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation” (Pacte ESRI 2030) a été adopté par le Conseil de gouvernement le 24/07/2023, avant d’être publié au Bulletin officiel le 21/08/2023.

À partir de ce cadre juridique précisant la vocation des établissements universitaires, les cycles d’études et les diplômes, la nouvelle réforme déploie une offre à la fois substantielle et prometteuse, confirmant le système LMD Licence (3 ans) Master (2 ans) et Doctorat (3 ans).

Quant aux filières proposées, leur nombre passe de 570 à 1 037, avec de nouvelles spécialités en phase avec les temps modernes, telles que les énergies renouvelables, la cybersécurité… ainsi que des formations spéciales pour accompagner les grands projets nationaux tels que la protection sociale et l’éducation nationale.

Dans les établissements à accès libre, 63 centres d’excellence sont opérationnels, offrant une capacité de 18 370 places pédagogiques, mais la demande, trop forte, dépasse cette offre.
Pour accompagner ce projet de réforme ambitieux, notamment du côté du personnel encadrant, la formation de 1 000 doctorants a été lancée et 1 300 bourses ont été accordées aux doctorants pour des échanges internationaux, via des programmes tels que Prima et Horizon Europe.

De plus, le souhait est de passer de 60 projets incubés à une centaine dans le Programme National d’Innovation, et d’augmenter le nombre de brevets déposés actuellement d’environ 40 à 200.

Du point de vue social, le nombre d’étudiants bénéficiaires de l’AMO passera de 470 000 à 600 000. De plus, la capacité d’accueil dans les différentes résidences universitaires atteindra 5 520 lits. Enfin, en ce qui concerne les futurs bénéficiaires de bourses pour le premier cycle, un ciblage plus précis sera mis en place, en se basant sur les données du Registre Social Unifié (RSU).

Compétences transversales et activités parascolaires

Au niveau du premier cycle, la pierre angulaire de la réforme s’appelle compétences transversales, avec la valorisation des activités parascolaires.
Ces compétences se déclinent en 2 modules : les langues étrangères (LE) et la méthodologie du travail universitaire (MTU).

Pour le premier module, qui comprend une répartition équitable entre le français et l’anglais, l’étudiant suivra 15 heures en présentiel, soutenu par un travail individuel de 30 heures à distance sur la plateforme Rosetta Stone (en souvenir de Champollion et de la campagne de Napoléon en Égypte contre les mamelouks). Le défi est maintenant logistique.

Le même défi logistique risque de retarder la mise en place du deuxième module MTU, qui utilisera probablement une autre plateforme, peut-être MOODLE, avec une répartition entre présentiel et à distance similaire.
Personnellement, j’espère que les problèmes techniques du lancement seront rapidement résolus afin de renforcer les compétences d’apprentissage, l’autonomie et surtout la résilience de nos étudiants dans une société du savoir de plus en plus numérique et mondialisée.

En conclusion, avec un fonds de recherche de 600 millions de DH consacré à la souveraineté nationale, nos enseignants-chercheurs seront, inchallah, plus motivés pour développer des axes qui étaient autrefois négligés.

Nous sommes donc en mesure d’avoir de grandes attentes.

*FPD Safi Université Cadi Ayad

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