Karim Wade pilote l’opération ‘Gnibi si’ et tente de remobiliser ses troupes depuis Doha

Karim Wade pilote l’opération ‘Gnibi si’ et tente de remobiliser ses troupes depuis Doha

Depuis Doha, Karim Wade dirige l’opération “Gnibi si” (retour à la maison, en wolof), donne des signes de retour et tente de remobiliser ses soutiens. Malgré les garanties, certains militants estiment que le Parti démocratique sénégalais souffre de cette absence, d’autant plus qu’Abdoulaye Wade ne peut plus assumer pleinement son rôle de véritable leader en raison de son âge.

C’est l’une des absences les plus débattues dans l’espace politique sénégalais. Depuis sa libération de prison en 2016, Karim Wade, éveille encore toutes sortes d’interrogations. Va-t-il vraiment revenir pour participer à l’élection présidentielle ? S’intéresse-t-il toujours à l’avenir du président de la République ? La question se pose également au sein du Parti démocratique sénégalais (PDS). Même parmi certains responsables, le doute n’est toujours pas dissipé. Ce qui intrigue le plus, c’est surtout son silence.

Cependant, au sein de l’état-major, cette question n’est plus d’actualité. Interrogée à ce sujet, la secrétaire nationale à la communication répond : “L’actualité concerne plutôt le grand mouvement de retour au PDS de frères qui étaient partis à un moment donné. Les plus récents sont Sada Ndiaye et Kalidou Diallo, qui ne sont plus à présenter. Voilà l’actualité, voilà ce qui est le plus important, pas les suppositions de chacun sur le retour de Karim Wade. Pouvez-vous sérieusement croire que des responsables importants comme Sada Ndiaye, comme Kalidou Diallo, reviendraient dans le parti s’ils n’avaient pas l’assurance que celui qu’ils souhaitent soutenir serait présent ? Je pense que cela devrait vous suffire comme preuve.”

Quoi qu’il en soit, cette absence du candidat est, selon certains militants du PDS, une source de frustration et de désorganisation au sein du parti. En plus des opérations de renouvellement qui auraient été utilisées par certains pour promouvoir leurs intérêts, le PDS fait face à une crise de leadership. “Le président Wade est âgé, il ne rencontre pas les gens. Karim Wade est à l’étranger… Il ne peut donc que se fier à la version de ceux avec qui il parle au téléphone. Si Karim revient, les choses vont s’apaiser un peu”, affirme un interlocuteur.

Selon Nafi Diallo, bien qu’il soit vrai que le candidat se trouve à des milliers de kilomètres de Dakar, il reste très présent dans la vie du parti. “Ce que les gens oublient, dit-elle, c’est que Karim Wade est le secrétaire général adjoint chargé des stratégies et de l’orientation du parti. Il est donc quotidiennement impliqué dans la vie du parti. Toutes ces initiatives dont on parle sont de son fait, avec l’accord du président Wade qui reste le leader. Peut-être ne le voit-on pas en personne comme certains le souhaiteraient, mais il est quotidiennement avec nous pour assurer le bon fonctionnement du parti.”

Selon les retours, il a en tout cas joué un rôle central dans les démarches qui ont conduit aux récents retours enregistrés. Malgré les appels de Wade, il n’y a jamais eu de grands mouvements. C’est parce qu’en mois de Korité, Karim a donné le signal du retour et depuis lors, les choses semblent bouger. À commencer par ses instructions d’envoyer des délégations presque partout où des dissidents étaient partis. Suite à ces délégations qui ont réussi un travail “remarquable” depuis le lancement par Karim de l’opération “Gnibi si” (le retour à la maison), le candidat a lui-même appelé des responsables pour accélérer le processus.

Selon Sada Ndiaye, Karim l’a appelé le 13 octobre pour lui demander de revenir. Il a également échangé avec sa base avant de prendre la décision de rentrer chez lui. Il en a été de même pour Kalidou Diallo qui a été appelé le 11 octobre, mais qui est en contact avec son ancienne formation depuis juillet.

Cependant, le PDS refuse de donner une date précise quant au retour de son candidat. Nafissatou Diallo déclare : “Nous savons à peu près quand il sera là, mais nous avons décidé de ne pas en parler. Lorsque le moment sera venu, le parti se prononcera et tout le monde sera informé. Pour le moment, parlez de ces retours puisque lorsque les gens partaient, vous en faisiez écho”, ironise Mme Diallo. Elle tient à assurer que d’autres retours importants auront lieu dans un futur proche, et cela ne concerne pas uniquement des dissidents. “D’autres personnes vont revenir et nous l’annoncerons prochainement. Mais il y a aussi des ralliements importants de responsables provenant de diverses tendances”, ajoute-t-elle.

En ce qui concerne les raisons de ces mouvements, la secrétaire nationale à la communication estime que la vérité et la constance ont été déterminantes. “Aujourd’hui, tout le monde sait que la vérité est de notre côté. Malgré tout ce qu’il a enduré, malgré tous les départs, le PDS est resté debout, le PDS est resté constant. Voilà la réalité aujourd’hui, que personne ne peut nier. De plus, les gens savent que la meilleure candidature est celle de Karim Meissa Wade. Il a le meilleur profil, compte tenu de son parcours, de sa maîtrise des enjeux économiques, financiers, diplomatiques, mais également des enjeux énergétiques actuels et des crises auxquelles nous sommes confrontés. Il est le mieux placé pour aider le Sénégal à faire face et à se développer”, déclare-t-elle.

La responsable libérale affirme également que l’avènement du pétrole et du gaz constitue un argument supplémentaire en faveur de leur candidat. “Tout le monde sait que Karim Wade a le meilleur profil pour traiter de ces questions, car il travaille déjà dans ce secteur, dans un pays qui est devenu une puissance grâce à sa capacité à gérer de manière vertueuse les revenus du pétrole et du gaz, malgré sa petite taille. Ayant travaillé dans ce pays pendant toutes ces années et ayant développé des relations internationales, il n’y a aucune comparaison possible entre lui et les autres candidats”, argumente-t-elle.

Pendant que beaucoup s’interrogent sur la date du retour de Karim Wade, la voix du PDS semble se tourner vers le calendrier des retours, après avoir finalisé le programme politique qu’il défendra lors de l’élection présidentielle à venir. “Nous avons terminé notre offre politique. Il y a parfois des ajustements, mais notre programme est prêt. Comme vous le savez, Karim Wade est un perfectionniste, un homme très rigoureux. Tous ceux qui ont travaillé avec lui en sont conscients. Il a occupé les plus hautes fonctions de l’État et connaît les réussites ainsi que les lacunes de notre régime. Il sait également ce que nous devons améliorer si les Sénégalais nous font confiance”, affirme Nafissatou Diallo.

Rappelons que le PDS avait annoncé que Karim Wade serait présent pour le congrès qui officialisera sa candidature. Ce congrès était prévu après la fin des opérations de renouvellement, selon le calendrier officiel qui devait se clôturer d’ici la fin du mois d’octobre.

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