Recycler les eaux grises dans les toilettes: une initiative novatrice qui se répand

Recycler les eaux grises dans les toilettes: une initiative novatrice qui se répand

Recycler les eaux grises dans les toilettes : une idée qui suit son cours

La coopérative Équilibre a réduit sa consommation d’eau potable de moitié grâce à son propre système d’épuration d’eau. Une initiative qui va faire des petits dans les prochaines années.

La fosse dans le jardin de la coopérative Équilibre à la rue Soubeyran.

L’idée de récupérer les eaux souillées a été lancée dès la création du projet, en 2014, par les deux coopératives qui occupent l’immeuble de la rue Soubeyran, Équilibre et Luciole. Leur volonté était d’économiser l’eau potable. Une initiative novatrice à l’époque, mais qui, depuis, fait des émules. Pour preuve, une motion verniolane déposée par les Verts au dernier Conseil municipal, qui réclame la mise en place de tels circuits de récupération dans tout nouveau bâtiment municipal. Le texte rappelle que ces eaux grises, provenant des douches, baignoires et autres machines à laver, représentent 70% des eaux usées émises par les ménages suisses.

Mini-STEP dans l’immeuble

C’est en 2017 que la centaine de coopérateurs d’Équilibre et de Luciole ont emménagé dans les 38 logements du 7, rue Soubeyran. Un modèle du genre : l’immeuble n’est pas raccordé à une centrale d’épuration. En clair, il purifie lui-même ses eaux et possède sa propre STEP. “Nous accueillons de nombreux visiteurs, des écoles, des communes, mais aussi de nouvelles coopératives avec qui nous partageons nos expériences”, indique Olivier Krumm, représentant du maître d’ouvrage de la coopérative Équilibre. “Nous souhaitons que notre système reste libre d’accès et reproductible gratuitement.”

À Genève, toutes les eaux, qu’elles proviennent des toilettes ou des douches, suivent le même chemin : elles finissent dans le tout-à-l’égout et dans les stations d’épuration. “L’eau sert de véhicule à la matière organique, principalement les matières fécales et les savons”, détaille Olivier Krumm. “Jusqu’au début des années 90, les boues d’épuration étaient répandues dans les champs, mais trop de métaux lourds se retrouvaient dans les sols et depuis, elles sont brûlées à l’usine des Cheneviers. À Soubeyran, au lieu de brûler la matière organique, nous restaurons le cycle des nutriments.”

Imiter la nature

Et l’architecte de formation d’expliquer que dans un champ, la bouse de vache est dispersée par l’eau de pluie, puis elle est décomposée par les vers de terre, collemboles et autres cloportes. Elle est ensuite filtrée dans la terre et se retrouve purifiée dans les nappes phréatiques.

Avec l’aide du biologiste Philippe Morier-Genoud, Équilibre a reproduit ce qui se passe dans un champ sur des dizaines de mètres de filtration, mais avec une hauteur de 3 mètres seulement. Dans le jardin de l’immeuble, une fosse de 80 m2 et de 3 mètres de profondeur a ainsi été construite. À l’intérieur, un grand filtre de 8 mètres de diamètre permet d’épurer l’eau des toilettes, les eaux dites noires. Deux autres filtres plus petits complètent le dispositif et épurent les eaux grises, celles qui proviennent des douches, des éviers et des machines à laver. Les filtres contiennent du charbon végétal, qui constitue un excellent habitat pour les champignons, les bactéries et les autres décomposeurs. De la paille est ajoutée pour réduire les odeurs.

L’ensemble des eaux usées se rejoignent ensuite dans une couche de sable et de graviers en dessous de la fosse, puis sont récupérées dans une cuve de 26 000 litres avec les eaux de pluie. Cette cuve de récupération va alimenter les chasses d’eau ainsi que l’arrosage de l’immeuble. Grâce à ce système, les coopératives réduisent leur consommation journalière d’eau potable de 142 litres à 90 litres par personne.

Le filtre de 8 mètres de diamètre pour les eaux noires et à gauche, le filtre pour les eaux grises. Tonnes de compost

En plus de l’eau purifiée, chaque année, la STEP de la coopérative transforme 9 tonnes de matière organique en compostage. Une partie de ce compost est ensuite “mûri” durant six mois et servira d’engrais pour les arbres et les arbustes. La coopérative a introduit dans les toilettes des cuvettes à séparation, qui distinguent l’urine des selles afin de réduire la quantité d’eau dans le filtre grâce à des chasses d’eau différenciées très économes.

Pour Olivier Krumm, la STEP de Soubeyran a servi de projet pilote pour les futures coopératives. Celles de la Bistoquette notamment, à Plan-les-Ouates, qui prévoit de loger 300 habitants en 2025. “Avec le concours du biologiste Philippe Morier-Genoud, nous avons amélioré notre système. Pour éviter que les filtres ne se dégradent avec le temps, nous avons remplacé les copeaux de bois par du charbon. Le prochain local de traitement sera construit dans le sous-sol de l’immeuble conformément aux enseignements de Soubeyran.”

Un autre immeuble est prévu à Presinge dans lequel l’urine séparée, riche en nutriments, devrait être distillée pour en faire de l’engrais.

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