L’industrie sidérurgique en transition, quotidien Junge Welt, 9 novembre 2023

En Grande-Bretagne, British Steel souhaite désormais également fermer ses hauts fourneaux de Scunthorpe, dans le nord-est de l’Angleterre. Au lieu de cela, deux fours à arc électrique y seront construits ainsi qu’à Teesside d’ici 2025. L’investissement prévu de 1,25 milliard de livres (1,44 milliard d’euros) est destiné à faire de la filiale du groupe chinois Jingye une entreprise “propre, verte et durable”, comme l’a annoncé lundi British Steel. Toutefois, la mise en œuvre de cette décision dépend toujours du soutien du gouvernement. Les syndicats craignent la perte de 2 000 emplois.

Le ministère des Affaires économiques de Londres a déclaré que ces propositions faisaient partie d’un plan visant à rendre l’industrie sidérurgique plus respectueuse de l’environnement et plus durable. Plus de 300 millions de livres (345 millions d’euros) d’investissement y seraient consacrés. Les fours à arc électrique devraient couvrir à l’avenir la plupart des besoins en acier de la Grande-Bretagne. Il y a quelques mois à peine, le concurrent de British Steel, Tata, a annoncé qu’il remplacerait ses deux hauts fourneaux de Port Talbot, dans le sud du Pays de Galles, par des fours à arc électrique. Jusqu’à 3 000 emplois y seront perdus. Le gouvernement avait promis 500 millions de livres sterling (575 millions d’euros) pour soutenir la mise en œuvre de ces plans.

Paul Nowak, président de la confédération syndicale TUC, a appelé British Steel à suspendre ce projet et à entamer des négociations avec les syndicats : “La fermeture des hauts fourneaux de l’usine de Scunthorpe aurait un impact dévastateur sur les employés et la communauté locale.” Les travailleurs ne resteraient pas les bras croisés face à « la destruction de l’industrie sidérurgique britannique ».

Les hauts fourneaux sont alimentés au coke, produisant du dioxyde de carbone. À l’avenir, les énergies renouvelables seront utilisées pour fondre la ferraille d’acier à l’aide de fours à arc électrique. Le produit final n’est pas un acier provenant des hauts fourneaux et ne convient pas à toutes les applications industrielles, telles que la construction de moteurs et la construction. D’autres pays ont montré que le passage à une production d’acier sans carbone est compatible avec la garantie de « bons emplois », a critiqué Nowak. Le syndicat Unite a également estimé que le gouvernement « laissait tomber les métallurgistes ».

Il n’y a aucune raison de procéder à des licenciements massifs chez British Steel, a critiqué la secrétaire générale d’Unite, Sharon Graham. « Aucune résiliation ne sera acceptée. » Ces derniers mois, Unite a été l’un des syndicats britanniques les plus combatifs. Elle affirme avoir gagné 80 pour cent des batailles qu’elle a menées dans les secteurs de l’automobile et des transports. Dans les transports publics, elle a obtenu des accords salariaux avec des augmentations de 20 pour cent.

Graham a critiqué le fait que les nouveaux investissements ne devraient pas être supportés par le contribuable : « À moins qu’ils ne soient liés à des garanties contraignantes. » En échange du financement, le dirigeant syndical a exigé la participation de l’État dans les entreprises et la sécurité de l’emploi. Le contre-projet d’Unite, le « Plan des travailleurs pour l’acier », vise à faire de la Grande-Bretagne un leader mondial dans l’industrie sidérurgique. Selon un communiqué du syndicat, sa mise en œuvre doublerait la production, sécuriserait les emplois et créerait des milliers de nouveaux emplois.

L’investissement requis s’élève donc à un milliard de livres (1,15 milliard d’euros) par an sur une période de douze ans. Cela pourrait être refinancé par des revenus plus élevés. Ce qu’il faut, c’est plafonner les prix de l’électricité et nationaliser le secteur énergétique. Seule la nationalisation pourrait permettre à « notre acier de devenir plus compétitif », a déclaré Unite.