Les grands crimes au Havre. Retour sur l’assassinat sanglant des époux Haudard

Les grands crimes au Havre. Retour sur l’assassinat sanglant des époux Haudard

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Dans cet article, 76 actuellement continue sa série sur les grandes affaires criminelles au Havre depuis le XIXème siècle.

Par le biais de comptes-rendus de justice, de rencontres avec des historiens ou encore d’archives de journaux, on a épluché les faits qui ont marqué la cité Océane de part leur caractère sordide.

Cette fois-ci, on rembobine jusqu’en 1830, époque où la cité Océane est LA station balnéaire prisée des Parisiens. Mais cette image presque enchanteresse va être égratignée par un assassinat sauvagecelui des époux Haudard, un couple d’artistes.

Un couple assassiné chez lui

François GrandPierre, passionné de généalogie et membre du CHRH (Centre Havrais de Recherche Historique) a longtemps fouillé avant de tomber sur cette affaire.

« L’histoire est assez intéressante avec pas mal d’accusés, la personnalité des victimes aussi », indique-t-il. Raison pour laquelle, il a enquêté.

En mars 1830 donc, un voisin des Haudard s’étonne des volets fermés et de l’aboiement en continu d’un chien. Quelque chose cloche. Il décide d’aller voir de plus près, et là, une vision d’horreur. Le cadavre de l’époux, percé de plusieurs coups de poignard, se trouve au rez-de-chaussée. Au premier étage, se trouvait sa femme, « presque décapitée ».

D’après le rapport d’autopsie, les deux victimes se sont longtemps débattues avant de succomber.

Qui étaient les victimes ?

Etienne-François Haudard, natif du Havre, était un ancien comédien. Avec son épouse, Louise-Michel-Victoire elle aussi artiste, ils eurent une fille Madame Favelli , cantatrice bien connue notamment en Italie.

Cinq jours après ce double homicide, de nouvelles pièces à conviction vont donner du grain à moudre aux enquêteurs. En effet, sur place ont été retrouvés « une clé qui n’ouvre aucune porte de maison et un mouchoir n’appartenant à aucune des victimes », peut-on lire dans l’article de François Grandpierre paru en avril 2020 dans le Bulletin de liaison du Centre Havrais de Recherche Historique.

L’enquête s’accélère et le 1est avril 1830, la femme de ménage des époux Haudard est interpellée et placée en détention. Son nom ? Victoire Thorel, veuve Vidal.

Quatre accusés

Lors des interrogatoires, elle change à plusieurs reprises sa version des faits en dénonçant d’autres personnes susceptibles d’être impliquées dans cette affaire. Notamment le perruquier d’Ingouville, qui s’occupait habituellement de M. Haudard. La femme de ménage dit l’avoir vu chez les Haudard, le soir du crime, « avec un poignard ensanglanté ».

Celui-ci sera arrêté quelques jours après et placé en détention.

Au fil de l’enquête, deux autres personnes sont interpellées : le beau-frère de Victoire Vidal et l’apprenti du perruquier.

Tous sont détenus à la maison d’arrêt du Havre. Au total, l’instruction va durer un an. « Pour l’époque, c’était très long », assure François GrandPierre.

Quel était le mobile du crime ?

Difficile à dire. Lors des perquisitions au domicile des Haudard, presque tous les tiroirs étaient vides mais aucun objet de valeur ne semble avoir été dérobéprécisaient les journalistes du Journal de Rouen paru en mai 1831. Aucune effraction extérieure ne semble avoir été commise non plus.

Lors de l’audience à la Cour d’assises, où les quatre prévenus ont comparu du 16 au 23 mai 1831, ce mystère autour du mobile du crime a été soulevé sans être résolu. Chacun s’accusant à tour de rôle de ces assassinats et tous niant (évidemment) les faits qui leur étaient reprochés.

90 témoins ont été entendus au cours des audiences.

C'est le Centre Havrais de Recherche Historique qui a consacré un long article sur l'assassinat des époux Haudard.
C’est le Centre Havrais de Recherche Historique qui a consacré un long article sur l’assassinat des époux Haudard.(©EA/76actu)

Et le verdict tomba

Pas d’expertise ADN à cette époque. Tout repose uniquement sur le témoignage, plus ou moins douteux, des témoins et suspects. Raison pour laquelle, lors de ces réquisitions, l’avocat général n’a pas pris position et que « dans le doute, il faut acquitter les accusés », relate François GrandPierre.

Au terme des débats, les jurés ont acquitté les trois hommes et ont déclaré Victoire Vidal coupable de complicité d’assassinat, punie de la peine capitale.

Après un pourvoi en cassation remporté, l’affaire est rejugée à Évreux en 1832. En vain. La peine prononcée fut la même qu’en première instance.

Victoire Vidal a donc été exécutée le 6 juin 1832, à l’âge de 34 ans.

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2023-11-12 12:18:02
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