“Le passage des jours n’aide pas car nous parlons de personnes kidnappées qui sont des personnes âgées, des enfants, des bébés et des malades”

Netanyahou a assuré qu’il n’avait pas l’intention de « conquérir » ou d’« occuper » la bande de Gaza. Qu’entend le gouvernement israélien après l’offensive, un gouvernement civil ?

Selon les différentes analyses et le contexte actuel, le lendemain idéal pour Israël doit être envisagé sans le Hamas. Nous ne savons pas combien de temps cela durera, mais le Hamas ne fera pas partie de l’équation. La bande de Gaza devrait progressivement devenir une entité contrôlée par un gouvernement civil qui n’a aucune intention d’anéantir Israël. Israël voudra maintenir temporairement le contrôle du territoire jusqu’à ce qu’une autre identité puisse en prendre le contrôle.

La bande de Gaza pourrait rester sous le contrôle de l’ANP mais la communauté internationale devra être partenaire, sur les plans politique, humanitaire, économique et social. L’ANP n’a pas aujourd’hui la capacité de contrôler un territoire et une population aussi complexes. La faisabilité de cette transition dépendra du niveau de sécurité et de l’implication d’autres instances politiques internationales. Les résultats de cette guerre seront essentiels pour comprendre comment Gaza peut être reconstruite et Israël doit commencer à réfléchir au lendemain et à quel sera son rôle à court et à long terme.

L’Iran a indiqué qu’il considère une expansion du conflit en dehors de Gaza comme « inévitable » face à « l’agression croissante » d’Israël. Que signifierait une agression directe de l’Iran pour Israël ? Craignez-vous cette expansion ?

Les menaces iraniennes contre Israël ne sont pas nouvelles. Depuis des décennies, c’est l’un des problèmes de sécurité qui inquiète le plus le monde occidental, en particulier les États-Unis. Le programme nucléaire iranien a toujours été une préoccupation pour Israël car s’il était développé avec succès, il pourrait représenter une menace existentielle pour Israël. Depuis lors, une course au nucléaire a commencé au Moyen-Orient, qui jusqu’à présent n’était que des menaces. Un conflit comme celui qui a débuté le 7 octobre avec l’attaque du Hamas contre Israël. Cela met plus que tout en danger la stabilité régionale, car l’Iran abrite plusieurs organisations terroristes dans la région et celles-ci peuvent s’activer à ce moment-là. Au moins deux de ces organisations attaquent directement Israël sur d’autres fronts, le Hezbollah à la frontière avec le Liban et les Houthis qui ont lancé des roquettes et autres engins vers Israël depuis le Yémen. Si l’Iran veut déclencher un conflit direct avec Israël, il est fort probable que d’autres pays seront impliqués dans le conflit, en particulier les États-Unis, qui ont mobilisé des navires militaires dans le golfe Persique comme symbole de dissuasion, notamment contre d’éventuelles actions de Iran.

Le directeur de la CIA, William Burns, et le chef du Mossad, David Barnea, se sont rencontrés à Doha pour discuter de la libération des otages. Après les quatre heures de pause, le Hamas libérera-t-il les otages ? Y a-t-il des progrès à cet égard ?

Nous devons nous rappeler que les négociations se déroulent dans un scénario présentant des niveaux de complexité jamais vus auparavant. Les négociations reposent généralement sur un certain niveau de confiance entre les parties. Israël ne peut actuellement pas se permettre de faire confiance au Hamas ou de céder au Hamas après les attentats terroristes du 7 octobre. Si un accord est conclu pour libérer les otages, le prix à payer pour Israël sera très élevé.

Il est difficile de savoir où en sont les négociations. La situation est incroyablement sensible, et le passage des jours n’aide pas car il s’agit de personnes kidnappées qui sont des personnes âgées, des enfants, des bébés et des malades, la pression est très forte.

Une autre préoccupation majeure est qu’on ne sait pas si toutes les personnes kidnappées sont uniquement entre les mains du Hamas ou entre les mains de civils de Gaza qui se sont également infiltrés le 7 octobre, ce qui complique grandement la question.

L’armée israélienne se trouve à l’intérieur de la bande de Gaza pour tenter d’anéantir le Hamas, ayant également comme priorité le fait que sur ce territoire se trouvent plus de 235 Israéliens kidnappés, pour la plupart des civils.

Les personnes kidnappées constituent la question la plus complexe de ce conflit, elles placent Israël dans un énorme dilemme moral et c’est pourquoi l’opération militaire dans la bande de Gaza est menée avec prudence et non massivement.

La communauté internationale pourrait contribuer davantage sur cette question, en particulier le Comité international de la Croix-Rouge, qui pourrait exercer davantage de pression pour avancer la libération ou au moins faire pression sur le Hamas pour qu’il lui permette de visiter et de vérifier que les otages vont bien. Cela fait partie de son mandat.