La chronique de Mirjam Sutter: De Jérusalem-Est à la Suisse, un voyage artistique troublé par la guerre

«Le ciel était très bleu. Dehors, les chats jouaient. J’ai pensé que c’était les pompiers.» Parce que les sirènes persistent ce matin-là, Mirjam Sutter finit par quitter l’appartement où elle a passé la nuit, à Jérusalem-Est, pour rejoindre son ami qui réside à l’étage au-dessus. Elle le trouve vissé à son téléphone et comprend. Les bombes, l’horreur, la guerre. Ce 7 octobre, le ciel a beau être azur, il est en train de leur tomber sur la tête. «La première image qui m’est venue, sans que je sache pourquoi, c’est la bande de Gaza complètement déserte. Je me suis dit que les représailles seraient terribles», raconte la chorégraphe zurichoise, dont le retour en Suisse, hasard du calendrier, est programmé précisément le jour même. Elle saute dans un taxi et arrive à attraper le dernier vol qui la ramène au pays.

Pour Mirjam Sutter, le 7 octobre devait être une fête. La promesse d’importer en Suisse le fruit d’un cheminement artistique long de dix-neuf années passées à arpenter la Cisjordanie et Gaza. Quatre jours avant, la chorégraphe, qui allie danse orientale et contemporaine, présentait pour la première fois son spectacle Dernières choses restantes à Bethléem, une histoire de quotidiens sous occupation et de résilience. Il doit être présenté ce mois-ci à Berne et à Zurich. Alors que personne n’osait plus y croire, les artistes ont obtenu leur visa et arriveront en Suisse cette semaine. Seulement, depuis les massacres commis par le Hamas, la troupe – composée de Mirjam Sutter, une Palestinienne et trois Palestiniens – a perdu certains de ses financements. «Une association nous a même demandé d’enlever son logo de nos affiches», regrette Mirjam Sutter.