Les précipitations de ces dernières semaines battent des records, et permettent le rechargement des nappes de surface

Après les records de chaleur enregistrés en septembre et début octobre, ce sont les précipitations qui à leur tour atteignent des niveaux excédentaires par rapport aux moyennes des 50 dernières années. En surface, les nappes phréatiques se rechargent, certains fleuves comme la Charente débordent. Mais la décrue est annoncée pour la fin de la semaine.

“Il a commencé à pleuvoir le 17 octobre. Et en moins d’un mois, on a enregistré la moitié de la pluviométrie annuelle à Saintes” constate ce 14 novembre le météorologue Emmanuel Moreau.

La crue de la Charente inondant les rues de Saintes depuis les tempêtes Ciaran et Domingos est symptomatique de la situation météorologique régionale.

Jusqu’à la mi-octobre, le régime anticyclonique et la dynamique de flux de Sud avaient occasionné sécheresse et records de chaleur. Le basculement des vents à l’Ouest, normal à cette saison, s’est effectué alors que “la masse d’eau précipitable est plus abondante que la normale.“

>> Indicateur de précipitations 2023

“Le taux d’humidité est plus élevé dans les masses d’air chaud“, précise Emmanuel Moreau. “Et La température élevée de l’océan produit plus d’évaporation. Les deux facteurs contribuent à une pluviométrie plus élevée.“

À La Rochelle, on relève 341 mm de pluie depuis la mi-octobre : 211 mm en octobre (moyenne mensuelle 84 mm) + 130 mm en novembre (moyenne mensuelle 95 mm).

Depuis le début de l’année, le cumul de précipitations s’élève à 778 mm, pour une moyenne annuelle de 754 mm.

Le record mensuel d’octobre de pluie en 24 h a été battu le 27/10 avec 39.7 mm.

À Cognacon relève 285 mm de pluie depuis la mi-octobre : 155 mm en octobre (moyenne mensuelle 6 mm) + 130 mm en novembre (moyenne mensuelle 88 mm).

Depuis le début de l’année, le cumul de précipitations s’élève à 848 mm pour une moyenne annuelle de 772 mm.

À Niorton relève 345 mm de pluie depuis la mi-octobre : 193 mm en octobre (moyenne mensuelle 88 mm) + 152 mm en novembre (moyenne mensuelle 92 mm).

Depuis le début de l’année, le cumul de précipitations s’élève à 968 mm pour une moyenne annuelle de 847 mm.

Les 1 000 mm annuels seront probablement dépassés. La dernière fois que cela s’est produit, c’était en 2000 (1084 mm) et ce seuil de 1 000 mm a été dépassé 7 fois entre 1990 et 2000 (record annuel 1376.9 mm en 1994).

À Poitierson relève 218 mm de pluie depuis la mi-octobre : 27 mm en octobre (moyenne mensuelle 72 mm) + 91 mm en novembre (moyenne mensuelle 75 mm).

Depuis le début de l’année, le cumul de précipitations s’élève à 717 mm pour une moyenne annuelle de 695 mm.

(Source : Emmanuel Moreau – météorologue)

Historiquement, cet épisode pluvieux très marqué rappelle les grandes crues de l’hiver 1982-1983. “La différence, c’est que cette année, en ce début d’automne, les sols sont secs et absorbent l’eau, les conséquences des crues sont donc moins importantes qu’en 82-83”explique le météorologue.

En déficit jusqu’au début du mois d’octobre après des mois de sécheresse, les ressources souterraines en eau se rechargent grâce à ces épisodes pluvieux. Situées entre 10 et 20 m de profondeur, les nappes phréatiques de surface sont les premières à récupérer l’eau. Elles sont désormais affleurantes et peuvent aller jusqu’à déborder dans les champs en milieu rural, ou créer une pression dans les réseaux d’évacuation en milieu urbain.

>> Niveau des nappes de surface

Le rechargement des nappes profondes sera plus long. La période de recharge s’étale jusqu’à la fin du mois de mars, moment de reprise de la végétation.

>> Niveau des nappes profondes

Ce 14 novembre, 10 à 15 mm de pluie sont attendus sur les départements du Poitou-Charentes, localement jusqu’à 20 mm en Charente. Une nouvelle perturbation annoncée pour ce jeudi 16 novembre devrait apporter de nouveau 10 à 15 mm de précipitations, avant une période d’accalmie. “Ensuite, on aura un temps beaucoup moins perturbé, alternant nuages et éclaircies, sans précipitations majeures” prévoit Emmanuel Moreau.

Une accalmie qui devrait permettre aux cours d’eau encore en vigilance orange crue (Charente et Sèvre-Niortaise) d’amorcer une décrue.