Saint-Ouen, première ville de France à instaurer un congé menstruel

Saint-Ouen, première ville de France à instaurer un congé menstruel

« J’ai des douleurs affreuses. Ce sont de très fortes contractions qui viennent le jour et la nuit. Parfois, je n’arrive pas à marcher. » Ces douleurs, Habissetou Sylla, agente de la Ville de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) depuis 2009, les ressent chaque mois, au moment de ses règles.

Face à cette situation vécue par de nombreuses femmes, la mairie de Saint-Ouen a annoncé le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme, l’instauration d’un congé menstruel pour ses salariées. Le dispositif entrera en vigueur le 27 mars.

« C’est une très belle initiative, se réjouit Habissetou Sylla. Je suis fière que Saint-Ouen soit la première ville de France ! » Si les douleurs féminines commencent à être prises en compte par des employeurs, la collectivité territoriale est en effet la première du pays à proposer des mesures visant à soulager ses salariées victimes d’endométriose ou de règles incapacitantes.

« Jusque-là, quand j’avais mal, je venais mais je n’étais pas opérationnelle »

« C’est en échangeant avec les agentes de la Ville que je me suis rendu compte que beaucoup souffraient en silence », explique le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane (PS), qui s’inscrit dans le sillage de son parti avec ce dispositif.

Une fois celui-ci mis en œuvre, les femmes concernées iront chez un médecin qui attestera de leur maladie. Le certificatif médical leur permettra de bénéficier d’adaptations telles que l’autorisation spéciale d’absence de deux jours, le télétravail, un aménagement du temps et du poste de travail. Sans qu’aucune journée de carence ne leur soit décomptée.

« Jusque-là, quand j’avais mal, je venais mais je n’étais pas opérationnelle, confie Habissetou Sylla. Les antidouleurs n’ont aucun effet. Mais je ne peux pas me permettre de m’absenter et de perdre 70 euros (l’équivalent d’une journée de travail). » L’agente audonienne de 31 ans s’est vu diagnostiquer une adénomyose il y a quelques mois, alors qu’elle cherchait à avoir un deuxième enfant.

En France, au moins une femme sur dix souffre d’endométriose

Cette variante de l’endométriose touche la paroi interne de l’utérus. L’endométriose, elle, se caractérise par la présence de tissus de l’endomètre hors de l’utérus. Cette maladie chronique inflammatoire provoque d’intenses douleurs et peut être cause d’infertilité. Une femme sur dix en souffre aujourd’hui en France, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

Mais ce chiffre serait sous-estimé. « Il s’agit des femmes diagnostiquées, précise Yasmine Candau, présidente d’Endofrance, association française de lutte contre l’endométriose fondée en 2001. En moyenne, c’est sept ans d’errance médicale. »

« Sur les 2 000 agents de la mairie de Saint-Ouen, plus de 1 200 sont des femmes, observe Karim Bouamrane. Cette mesure pourrait concerner 500 d’entre elles. » Les représentants du personnel saluent l’initiative, apprise le jour même de l’annonce. « On ne peut que l’accueillir positivement », dit Rémi Church, représentant syndical CGT à la mairie.

La Ville de Paris pourrait suivre

Yasmine Candau émet toutefois une nuance : « C’est une bonne mesure dans le sens où les règles ne sont plus un sujet tabou. Mais, dans le cas de l’endométriose, les femmes ne doivent pas se contenter d’un congé lors des douleurs mais aussi chercher à en comprendre la cause. » Car celles-ci peuvent être le signe de graves pathologies. La présidente d’Endofrance insiste sur l’importance d’une campagne d’information et d’une prise en charge médicale sur le temps long, en complément d’un congé menstruel.

Le maire de Saint-Ouen reconnaît que ce dispositif ne résout pas le problème lié à l’endométriose « Mais avant, cette maladie n’était pas du tout reconnue, souligne-t-il. C’est une première étape. » Le premier édile a d’ailleurs écrit à Emmanuel Macron pour que cette mesure s’applique à l’ensemble du pays. « Ça doit être une obligation pour toutes les mairies », plaide-t-il.

Ce dispositif a déjà été adopté au Japon, à Taïwan ou encore en Indonésie. Pionnière en Europe, l’Espagne a rejoint la liste en votant une loi qui crée un congé menstruel pour toutes les femmes le 16 février dernier. Saint-Ouen lancera-t-elle le mouvement en France ? À Paris, le groupe des écologistes au Conseil de Paris a déposé un vœu en ce sens.


2023-03-15 10:00:00
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