la majorité adopte la fusion, l’opposition le bâillon

Irréconciliables. Pourtant, tout avait bien commencé…

Pierre Cuny l’a reconnu d’emblée au moment d’aborder, lors du dernier conseil municipal, le point portant sur la fusion en cours entre « son » agglomération, Portes de France, qu’il préside, et le Val de Fensch voisin : « Ce sujet a déjà été très, très, très longuement débattu. » Lui-même a très, très, très largement œuvré pour ce rapprochement presque acquis.

« Un projet historique, qui dépasse les Hommes »

Pour rappel, la constitution de cette “méga-agglo” a déjà été adoptée, à une très large majorité, par les deux assemblées communautaires. Reste désormais aux communes qui la composent à passer au vote cette union. Après Illange, Kuntzig et Fameck, c’était donc au tour de Thionville de réparer les erreurs du passé, car selon Pierre Cuny, « on est bien sur un seul bassin de vie. À l’origine, ce sont les hommes politiques qui ont décidé qu’il y aurait deux agglos pour des raisons d’accointance… politique. »

Comme à son habitude, le maire a insisté sur les traits communs des deux entités  : « Nous avons la même fiscalité, les mêmes compétences, presque le même nombre d’habitants. Nous menons le même combat pour l’A31bis, la question transfrontalière est commune… » Mieux encore, à ses yeux, cette fusion fonctionnerait déjà, dans les faits : « Tous les jours, nous recensons 28 000 mouvements d’une agglo à l’autre… Nos concitoyens ont déjà travaillé sur cet espace. » Santé, finances (un budget d’investissement commun de 200 M€ est évoqué), universitarisation… Pierre Cuny a listé les supposés bienfaits de ce mariage de raison, « de ce projet historique, qui dépasse les Hommes. » Qui dépasse les Hommes ? L’expression, sans doute employée pour son caractère solennel, a été prise au pied de la lettre par la frange écologiste de l’opposition.

Pourtant, tout avait bien commencé

« Notre groupe est favorable à la fusion », a introduit Manon Pellicori (EELV), sans pour autant donner le feu vert à la majorité… « Il y a une faute grave dans le processus de fusion car on ne trouve aucune concertation du public. Vous évoquez les élus ? C’est la première fois qu’on en parle officiellement à Thionville. » Et de poursuivre, offensive : « C’est un déni de démocratie participative. On commence à y être habitué, hélas […] Alors pour la manière et la méthodologie, nous voterons contre. » Ce sera son dernier mot. Littéralement, même.

C’est avec un bâillon sur la bouche et des pancartes (“Participation citoyenne ?”) que Manon Pellicori et Guy Harau ont laissé le débat se poursuivre. Philippe Noller, de son côté libre de parler, a exprimé ses inquiétudes sur l’harmonisation de la fiscalité et plus particulièrement sur la taxe sur les ordures ménagères.

« Ces attitudes enfantines »

Pas de quoi faire ciller Pierre Cuny : «  Vous avez été en possession des études … Arrêtons de faire peur aux gens », a évacué le maire avant de revenir sur le vœu de silence de l’opposition : « Vous parlez de participation citoyenne ? En deux ans, je ne vous ai peut-être vue qu’à une seule inauguration en ville. Le premier échelon de notre citoyen, c’est le maire. La crise Covid l’a prouvé… C’est vous qui faites de la politique politicienne ! » Son fidèle soutien Jackie Helfgott a été plus loin : « Quelle attitude infantile… Pourquoi ne vous êtes-vous pas bâillonnée avant de poser votre question ? » Irréconciliables.