Hydro-Québec met des bâtons dans les roues de ceux qui veulent réduire de façon optimale leur consommation pendant les grands froids sans s’abonner à Hilo.
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«Clairement, la priorité d’Hydro, ce n’est pas de permettre aux gens d’améliorer leurs habitudes de consommation énergétique, mais plutôt de favoriser ses partenaires d’affaires», dénonce Carl de Billy, un architecte logiciel qui a automatisé «à mort» sa résidence pour réduire au maximum sa consommation d’électricité pendant les froids intenses de l’hiver.
Ainsi, lors des «événements de pointe» annoncés par Hydro-Québec, il baisse son chauffage de façon importante, coupe son chauffe-eau, stoppe la recharge de sa voiture électrique et s’abstient d’utiliser ses gros électroménagers. Hydro le récompense pour ses efforts par le biais de la tarification dynamique (crédit hivernal ou tarif Flex). Le même principe s’applique pour les abonnés au service de domotique Hilo d’Hydro-Québec.
M. de Billy doit toutefois entrer manuellement, dans son système de domotique, l’heure du début et de la fin des pointes hivernales. Pourquoi? Parce qu’Hydro-Québec refuse de rendre ces informations disponibles sur son site web de données ouvertes. Si ces informations étaient facilement accessibles, les systèmes de domotique pourraient s’en servir pour ajuster automatiquement le chauffage et les électroménagers pendant les périodes de pointe.
C’est différent pour les abonnés à Hilo et les clients qui possèdent des thermostats conçus par l’entreprise québécoise Sinopé. Hydro envoie aux appareils Hilo et Sinopé des signaux d’événements de pointe qui leur permettent de s’ajuster automatiquement, sans intervention humaine.
Pour avoir directement accès aux signaux, «je suis obligé de m’abonner à Hilo pour avoir un système qui est moins efficace que le mien», déplore Carl de Billy.
Des patenteux s’organisent
Des passionnés ont mis au point divers logiciels artisanaux, qui sont notamment disponibles gratuitement sur le site hydroqc.ca, afin de récupérer les annonces d’événements de pointe qu’Hydro-Québec publie dans son portail clients. Le hic, c’est que la société d’État apporte régulièrement des modifications à son site web, et ce, sans préavis. Les auteurs des logiciels doivent alors les «déboguer».
«Ça fait quelques années qu’on fait des démarches [pour que les signaux de pointe soient facilement accessibles]. On a des gens à l’interne, chez Hydro, qui ont poussé ce projet-là, mais ça se fait bloquer. Ce n’est pas quelque chose qui serait compliqué à mettre en place, ça prend juste un minimum de volonté de le faire», affirme Mathieu Dallaire, l’un des responsables d’hydroqc.ca.
«Il s’agit d’une option que nous évaluons, mais qui demande un développement technologique préalable», répond Cendrix Bouchard, porte-parole d’Hydro-Québec.
Des entreprises touchées aussi
La frilosité d’Hydro dans ce dossier nuit également à des entreprises qui ont des systèmes énergétiques automatisés.
«Nous avons près de 200 clients dont nous suivons la consommation électrique journalière pour nous assurer que leurs profils énergétiques deviennent et restent optimisés», relate Jean-Michel Carter de la firme spécialisée HD Energy.
«Je ne dénigre pas Hilo, insiste M. Dallaire. C’est parfait pour quelqu’un qui n’est pas trop techno et qui veut commencer à faire ça. Ce qui est plate, c’est que ça ne soit pas plus ouvert pour les gens qui ont des systèmes existants. On veut faire notre effort pour réduire notre consommation, eh bien donnez-vous les outils pour nous faciliter la tâche.»
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