« C’est le troisième projet sur lequel nous partons. Nous espérons qu’il va aboutir. » Çetin Ali Cumur, président de la confédération islamique Millî Görüs (CIMG) de Sarcelles, reste prudent, malgré les étapes déjà franchies pour la concrétisation du projet de centre culturel, que l’association porte depuis plusieurs des années. Il vise à accueillir 12 classes d’éducation, une salle de conférences, une salle de sport et un salon des jeunes, une bibliothèque et une mosquée pour les étudiants.
Après un bras de fer judiciaire avec l’État de deux ans, le permis de construire, accordé par le maire, vient d’être définitivement validé. Voilà pour la bonne nouvelle, la moins bonne pour l’association est qu’il ne pourra être réalisé impasse des Presles où la CIMG est déjà propriétaire de deux pavillons. Il devrait voir le jour à proximité du collège Chantereine, sur un terrain que la ville devrait lui céder. « Dans un esprit de concorde, nous avons décidé de libérer le terrain que nous occupons, malgré les frais que nous y avions engagés, et de suivre les recommandations du préfet qui souhaitait une délocalisation, explique Çetin Ali Cumur. Ça n’a pas été une décision facile, cela fait vingt ans que nous sommes dans le quartier. Il a fallu convaincre les adhérents. »
Une délocalisation « compliquée »
La CIMG répond ainsi aussi à une demande des riverains du quartier Pasteur-Sablons qui s’inquiétaient de la construction de cette imposante extension. Ils craignaient un afflux de circulation et des difficultés de stationnement accrues. Et avaient lancé une pétition pour s’opposer à ce projet. « Elle a recueilli une soixantaine de signatures, souligne le président de la CIMG, alors que celle qui soutenait notre projet en avait 700 ou 800, c’est vous dire à quel point nous étions acceptés dans le quartier. » La CIMG a toutefois décidé de s’incliner dans un « souci de dialogue. » Et devrait acquérir, auprès de la ville, un terrain situé à proximité du collège Chantereine.
Lors du dernier conseil municipal, les élus ont d’ailleurs voté le déclassement du terrain, qui sera vendu à l’association. « L’association a souhaité ne pas entrer en conflit avec les habitants, résume le maire, Patrick Haddad (PS). Ils vont s’implanter dans un lieu où il n’y aura pas de problème de voisinage. Une fois ce centre construit, ils s’achemineront vers la vente des pavillons. Cela restera un quartier pavillonnaire. Bravo à la CIMG pour sa persévérance. C’est la façon dont je souhaite que tout le monde travaille dans cette ville. »
Une méthode remise en cause par l’élu d’opposition François-Xavier Valentin. Il s’interroge sur le devenir du club de pétanque qui aujourd’hui occupe le terrain qui devrait être cédé à la CIMG. « Vous allez donc priver des personnes qui pratiquent une activité sportive pour y construire un centre religieux, sans proposer de terrain de substitution ? » questionne-t-il, avant de rappeler son opposition à ce projet. « Je n’étais pas favorable à ce que la CIMG s’installe aux Sablons, je ne le suis pas plus pour qu’elle le fasse près du collège Chantereine », poursuit l’opposant, qui rappelle le caractère controversé de la CIMG. Elle avait refusé de signer la charte des principes de l’islam de France, avant finalement d’y apposer son paraphe.
Reste la question du financement
L’association se défend. « Nous avons un rôle important dans l’intégration de la communauté turque dans la société et lors des émeutes, aucun jeune Turc n’y a participé. On a joué beaucoup sur le dialogue. On a réussi à apaiser les conflits. Tout ça a une importance au sein de la ville », souligne le président de la CIMG Sarcelles. Quant au club de pétanque, le maire l’invite à rejoindre celui de l’AASS, l’association regroupant les différents clubs sportifs de la ville.
Reste toutefois la question du financement du futur centre culturel. « Tant que nous n’aurons pas le permis de construire pour le terrain et terminé une partie du bâtiment pour y mener nos activités, nous ne pourrons pas partir de l’impasse des Presles, précise Çetin Ali Cumur. Depuis 2002, nous n’avons pas demandé un euro à la municipalité. Nous essayons de nous débrouiller par nous-mêmes, alors qu’on n’arrête de nous mettre des bâtons dans les roues. Financièrement, c’est un peu compliqué de garder la motivation de nos donateurs, car nous avions déjà par le passé lancé des campagnes de dons. »
2023-07-12 10:00:00
1702572105
#Sarcelles #futur #centre #culturel #turc #devrait #finalement #voir #jour #près #collège #Chantereine