2023-12-17 16:57:50
- Auteur, Nick Beake
- Rôle, Correspondant de la BBC dans le sud de la France
Nichée au pied des Pyrénées, traversée doucement par l’Aude, la commune de Quillan peut se targuer d’avoir l’un des paysages les plus pittoresques de France.
Cette semaine, Quillan était au centre de l’attention car c’est ici qu’est apparu l’adolescent britannique Alex Batty, 17 ans, dans une surprenante affaire où il avait disparu depuis qu’il était parti en vacances en 2017 avec sa mère et son grand-père.
Batty est sorti du brouillard cette semaine après six ans passés dans les montagnes. Ce dimanche, il est finalement rentré au Royaume-Uni.
Selon la police française, Batty marchait depuis quatre jours lorsqu’il atteint les rues de Quillan.
“C’était une histoire très triste, mais au moins elle a une fin heureuse”, raconte la retraitée Martine Vincent, que nous avons trouvée en train de promener son chien de trois ans nommé Rambo.
“Même si je m’inquiète psychologiquement pour lui, passer ces années loin de chez moi dans un endroit aussi éloigné.”
Martine, qui a quitté la ville de Marseille après sa retraite, est une sorte de trait d’union entre la des univers parallèles qui cohabitent dans ce vaste couloir du sud de la France.
Le premier de ces univers embrasse le petit monde de l’église, de la brasserie et de la place publique.
La seconde, autour de nous mais hors de vue, accueille un mélange de nomades internationaux qui a choisi d’abandonner ce qui est considéré comme une « vie normale ».
Reliant ces deux royaumes, Martine vend l’été des crêpes aux membres de ces communes alternatives, qui descendent de leurs champs pour cet aliment commun de la cuisine française.
“Beaucoup de gens ici pensent que ce sont des voyous., « drogués », mais on en trouve partout. Ils veulent juste une vie alternative”, explique Martine.
Utopie pour les uns, danger pour les autres
Plus on s’éloigne de Toulousela plus grande ville de cette région, plus le signal téléphonique devient faible et plus la connexion avec le monde extérieur devient instable.
Depuis des décennies, ce portail vers les Pyrénées offre un chemin vers une existence différente, celle dans laquelle a vécu pendant au moins deux ans un adolescent du nord-ouest de l’Angleterre.
Certaines communautés de cette partie de la France sont fondées sur la religion, d’autres se concentrent sur l’illumination spirituelle, d’autres encore organisent des retraites de yoga. C’est un mélange d’idéaux et d’aspirations. Utopie pour certains, danger pour les détracteurs.
« Il y a tellement de gens différents ici », nous raconte Agathe en sirotant une bière devant le restaurant Healthy Life, à Espéraza.
La femme de 26 ans dit avoir étudié la psychologie avant de réaliser que ce qu’elle voulait, c’était expérimenter sa spécialité, et non l’étudier dans les manuels.
“J’habite à environ 20 km d’ici. C’est un terrain, je suis avec la forêt, avec la rivière. J’allume le feu et je mange dans mon jardin”, dit-il.
Agathe dit que Les Allemands, les Espagnols et les Britanniques vont et viennentil n’est donc pas surprenant que Batty ait vécu dans la région avec sa mère et son grand-père.
Une vie qui “n’est pas pour tout le monde”
De l’autre côté de la table, regardant et hochant lentement la tête, se trouve Julien, un ami d’Agathe qui, comme elle, Il mène une vie itinérante depuis six ans.
Il porte un corbeau attaché à son sac à dos noir.
Ils entameront bientôt leur voyage de retour pour continuer leur vie isolée, sans commerces, sans électricité et sans tout ce que la plupart des gens considéreraient comme essentiel.
“C’est ma vision du bonheur mais elle ne convient pas à tout le monde”, admet Agathe.
Plus loin dans la vallée, la température dépasse le point de congélation, mais nous trouvons une demi-douzaine de personnages presque nus blottis dans un ruisseau.
“Sainte Madeleine se baignait ici”, nous raconte une femme, tandis que nous expliquons à distance respectable l’histoire sur laquelle nous travaillons.
“Mettez-vous à l’eau et vous trouverez les réponses à tous vos problèmes”, nous dit-il.
La femme s’appelle “Plume” ou plume.
Elle et trois autres personnes peignent des pierres avant de s’aventurer aux thermes naturels ici à Rennes-les-Bains.
“J’ai voyagé et je continue de voyager”, confie une maman de 32 ans.
Je pense immédiatement à l’expérience d’Alex entre 11 et 17 ans, sans aller à l’école, comme dit la police française.
J’interroge Plume sur son fils.
“Mon fils a neuf ans et je l’enseigne à la maison depuis neuf ans. C’est sa première année d’école maintenant parce que c’est une école alternative”, dit-elle.
Plume dit qu’à l’école, en plus des matières enseignées, on enseigne “comment vivre dans la nature, construire des cabanes, faire de la forge, des choses dont la société a besoin en revenant à l’essentiel”, dit-il.
Plus que de me sentir étranger à la réalité, Plume dit que son style de vie le rend plus sensible au plus grand nombre de personnes.
“Je ne pense pas qu’il y ait deux mondes, mais un seul, mais c’est un monde qui change. Il y a des choses que nous avons laissées derrière nous, mais auxquelles nous revenons maintenant.”
Inquiétudes concernant la déconnexion de la réalité
De retour à Toulouse, quatrième plus grande ville de France et symbole de modernité que de nombreuses communautés pyrénéennes évitent, les autorités affirment que Batty n’a subi aucune violence physique au cours de ses années dans les montagnes.
Il faudra plus de temps pour mesurer l’impact psychologiquemais rien ne prouve qu’il vivait dans une secte, selon le procureur.
Mais beaucoup de gens craignent que ceux qui s’isolent dans les montagnes finissent par subir un lavage de cerveau, séparés de leur famille et de la réalité.
“Nous avons identifié une triple rupture : avec la famille, le lien social et la société”, affirme Catherine Katz, qui soutient les familles dont les proches ont adhéré aux sectes.
Son organisation, l’Union nationale des associations de défense des familles et des individus, qui œuvre pour identifier et aider les victimes des sectes, a été fondée il y a 50 ans et est financée par l’État français.
Katz craint que Batty ait souffert du procès pour sa vie à Oldham, en Angleterre.
“Le fait qu’il n’ait pas fréquenté l’école est une rupture socialesans contact avec les enfants et les enseignants”.
Cependant, c’était la séparation d’avec sa grand-mère, son tuteur légal, que Batty souhaitait le plus réconcilier.
Après avoir abandonné son mode de vie itinérant au cours des six dernières années, son premier message au monde extérieur s’adressait à elle.
“Bonjour Mamie, c’est moi Alex. Je suis en France, à Toulouse. J’espère vraiment que tu comprendras ce message. Je t’aime. je veux aller a la maison“.
Reportage supplémentaire de Marianne Baisnee.
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