Application Vigicard : améliorer la détection et la gestion des allergies médicamenteuses

Application Vigicard : améliorer la détection et la gestion des allergies médicamenteuses

« Plus de 90% des médecins n’ont aucune compétence dans le domaine des allergies médicamenteuses. »

Le Professeur Pascal Demoly, responsable du service Pneumologie, Allergologie et Oncologie thoracique au CHU de Montpellier, ne mâche pas ses mots. Avec sa consœur allergologue, le Dr Anca Chiriac, il travaille depuis plusieurs mois sur une application mobile destinée à améliorer le parcours de santé des patients suivant un protocole de détection d’allergies.

« L’application Vigicard répond à un enjeu de santé publique, à savoir le manque d’information et le mauvais usage de médicaments potentiellement allergènes », justifie-t-il.

Les allergies médicamenteuses déclarées ne concerneraient que 5 à 10% de la population européenne. De plus, lorsque les tests d’allergie sont correctement effectués, seules 20% des allergies déclarées seraient confirmées.

« Les allergies médicamenteuses sont clairement surdiagnostiquées, insiste Pascal Demoly. Sur la moitié des staphylocoques multi-résistants, il y a une suspicion d’allergie à la pénicilline. Cela peut être très pénalisant pour le patient étiqueté à vie allergique à ce médicament, pour rien la plupart du temps. Notre but est d’éviter aux praticiens la prescription thérapeutique de seconde intention qui est souvent beaucoup moins efficace et plus toxique. L’application Vigicard doit permettre de mieux identifier mais aussi mieux traiter et gérer les allergies médicamenteuses. »

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Blockchain Tezos

Le projet Vigicard est développé avec Codinsight, jeune entreprise héraultaise créée en 2021 pour accompagner les porteurs de projets innovants dans la structuration et le développement technique de leurs applications (web et mobiles). Dès le début, le choix d’exploiter la blockchain Tezos a été fait, ce qui permet à l’application d’enregistrer des preuves d’allergie ou d’immunité sous la forme de certificats.

« Il existe très peu de solutions fiables retraçant l’historique complet des allergies, explique Fabien Bucamp, cofondateur de Codinsight. L’application Vigicard permet à l’utilisateur de déclarer une suspicion d’allergie auprès de professionnels de santé qui la vérifient ensuite. Si la suspicion est avérée, le patient sera orienté vers un allergologue. La blockchain Tezos a été sélectionnée pour sa fiabilité, sa sécurité renforcée et sa capacité à s’auto-amender grâce à la communauté qui la façonne. »

Le projet Vigicard a d’ailleurs bénéficié du soutien financier de la Fondation Tezos à hauteur de 100.000 euros, et de son support technique via sa filiale Nomadic Lab pour qui Vigicard est le premier projet en santé humaine.

« Vigicard est le point de départ d’une révolution majeure, tant pour la recherche et le suivi médical des patients que du point de vue technologique », est convaincu Cédric Roche, manager France Nomadic Labs.

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300.000 euros pour lancer la phase clinique

La version bêta de l’application Vigicard est active et le CHU de Montpellier cherche maintenant à lever des fonds, 300.000 euros, pour financer la phase des essais cliniques. Ils pourraient démarrer au premier semestre 2024, avec 400 patients et 200 professionnels de santé (déjà identifiés) pour une durée minimale de neuf mois.

« L’un de nos objectifs, à l’horizon 2026, est de faire qualifier l’application en tant que dispositif médical avec marquage CE, ce qui lui permettrait d’être remboursé par la sécurité sociale et les mutuelles », projette le cofondateur de Codinsight.

Le modèle économique de Vigicard n’est pas encore stabilisé mais si tous les feux passent au vert, l’application pourrait être déployée à l’échelle européenne. Des échanges sont d’ailleurs en cours avec deux CHU en Belgique et en Espagne. Par la suite, Vigicard pourrait être étendue à d’autres types d’allergies (alimentaires par exemple) et à la surveillance de la santé.

« Notre ambition, à termes, est que l’application soit acceptée dans le cadre du Bouquet de Services aux Professionnels de Santé, de manière à alimenter la plateforme Mon Espace Santé à destination des patients, conclut le professeur du CHU Montpellier. Cette facilité d’accès est en parfaite cohérence avec la feuille de route du numérique en santé. »

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