« On est à la frontière de deux communes que tout oppose et c’est nous qui en subissons les conséquences », s’exaspère Mathieu Mondin. Depuis le 7 avril, cet habitant du quartier de la rue de la Solidarité, à Montreuil (Seine-Saint-Denis) subit, comme beaucoup d’autres riverains de sa ville, mais aussi du Val-de-Marne voisin, des désagréments liés à l’installation par Montreuil de plots en béton bloquant une portion de la rue Desgranges et du boulevard Jeanne-d’Arc.
Une pétition lancée par un collectif du quartier, dénonçant une situation « insupportable », a depuis été signée par plus de 1 000 personnes. « On est le terrain de jeu de la mairie de Montreuil. Quand je rentre chez moi depuis le centre-ville je suis obligée de passer par Vincennes et Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), c’est ridicule », s’impatiente Marine (le prénom a été changé à sa demande), une membre du collectif.
« Je mettais cinq minutes pour aller travailler à Montreuil, maintenant je mets plus d’un quart d’heure. Mais le pire, c’est que maintenant, j’ai un flux ininterrompu de voitures dans ma toute petite rue », s’agace aussi Benjamin Gorgeaud, habitant de Fontenay-sous-Bois.
À l’issue d’une réunion entre des membres du collectif et les services municipaux en charge des travaux, la municipalité de Montreuil, sous pression, a finalement accepté de retirer ses blocs, dès ce vendredi. Pas sûr cependant que cela règle totalement une situation que d’aucuns mettent sur le compte d’une « guéguerre » entre les mairies voisines de Vincennes et de Montreuil administrées respectivement par Charlotte Libert-Albanel (UDI) et Patrice Bessac (PCF).
Une expérimentation commune…
Les deux municipalités s’étaient pourtant entendues, il y a deux ans, pour expérimenter, à partir de juillet 2021, la mise en sens unique des rues de la Solidarité et de l’Union qu’elles se partagent. « C’était, depuis plusieurs années, un point noir de circulation, avec un trafic trop important pour le gabarit de la (première) voie », rappelle Charlotte Libert-Albanel (UDI).
Montreuil était visiblement satisfait de cette solution. « Un sondage auprès de 339 habitants du quartier avait révélé que 81,71 % d’entre eux se disaient satisfaits des nouvelles conditions de circulation dans la rue de la Solidarité », rapporte Olivier Stern, adjoint au maire en charge de la mobilité à Montreuil.
…des conclusions opposées
Ce n’était pas le cas de Vincennes selon sa maire. « Le résultat de la modification n’était pas concluant », considère l’élue du Val-de-Marne, qui pointe aussi du doigt la décision unilatérale de Montreuil d’installer un petit jardin temporaire, rue de la Solidarité, au niveau de la rue Saigne, qui « bloque complètement la route », selon elle. « Scooters, motos et vélos traverseraient ce square à grande vitesse, parfois même sur les trottoirs, au risque de renverser les piétons. Ce serait rapidement devenu un no man’s land », estime Charlotte Libert-Albanel.
Sa municipalité a donc mis un terme à l’expérimentation lancée en 2021, côté Vincennes. Le 7 avril, elle a remis en double sens la rue de la Solidarité. Elle a en outre mis à sens unique la rue de Verdun.
« C’est devenu extrêmement dangereux »
Dans la foulée, la municipalité de Montreuil a pris un arrêté municipal actant l’interdiction de circuler sur une portion de la rue Desgranges, au motif de devoir effectuer « des travaux de sondage géotechnique ». Une manière de « faire pression et d’exercer des représailles » selon le collectif de riverains. Olivier Stern reconnaît qu’il n’y aura pas forcément un sondage mais évoque une possibilité de planter des arbres.
L’arrêté s’est en tout cas concrétisé par l’installation de blocs de béton, « du jour au lendemain, sans qu’aucun riverain ne soit prévenu », se plaint Mathieu Mondin. « C’est devenu extrêmement dangereux, ajoute Christian, dont le fils est porteur de handicap. Les urgences ne peuvent plus passer et la voiture du Stif (pour le transport scolaire) doit faire un énorme détour pour emmener mon fils au collège. »
« Venez ici entre 8 et 9 heures : les gens prennent les sens interdits et les deux roues montent directement sur les trottoirs ! » décrit Fanny Sthan, une autre riveraine.
Ces blocs de béton encerclent également un arrêt de bus qui a dû être dévié. « Maintenant, on doit marcher 20 minutes minimum pour aller prendre le bus et on a dû guider des conducteurs pour qu’ils fassent demi-tour car ils n’étaient pas au courant des changements », s’indigne Marine.
Une nouvelle modification du plan de circulation attendue
Les blocs doivent donc être enlevés ce vendredi. Le bus 124 devrait ainsi retrouver son itinéraire classique. La ville de Montreuil prévoit dans le même temps de mettre à sens unique le boulevard Jeanne-d’Arc et la rue Desgranges, de Montreuil vers Vincennes, entre les rues de la Solidarité et des trois Territoires.
Ce qui ne fait pas plus l’unanimité. « C’est toujours le même problème pour nous. On ne peut que sortir de la ville mais pas y entrer sans faire un énorme détour », s’emporte une habitante du quartier. Une réunion entre les services techniques de Montreuil et quelques riverains devrait se tenir dans les prochains jours pour faire le point sur des solutions envisageables.
2023-04-20 10:00:00
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