Leader: Ne copiez pas le modèle du Danemark

Le 7 décembre, le Parlement danois a voté la loi interdisant de brûler les écritures saintes en public. Une voie que la Suède doit éviter de suivre.

Le projet de loi, quelque peu flou, est entré en vigueur au bout d’une semaine seulement et signifie que le traitement inapproprié de textes religieux importants sera un crime. Par exemple, brûler ou déshonorer des écritures saintes comme le Coran, la Bible ou la Torah devient ainsi illégal.

Le changement de loi est motivé par la menace terroriste croissante contre le Danemark, qui s’est intensifiée à la suite de plusieurs incendies de Coran dans le pays. En même temps, c’est paradoxal si l’on considère avec quelle fermeté le Danemark a défendu la liberté de la presse et d’expression pendant la crise qui a suivi la publication des images de Mahomet dans le Jyllands-Posten en 2005. Puis il n’a pas reculé. Mais Anders Fogh Rasmussen est apparemment fait d’un bois plus solide que ses successeurs Lars Løkke Rasmussen et Mette Frederiksen.

Le pays a depuis lors a continué à défendre la liberté d’expression et a refusé de céder aux pressions islamistes. Le revirement actuel limitant la liberté d’expression en réintroduisant des lois sur le blasphème est donc surprenant. Pendant ce temps, la Suède s’est rapprochée de la position danoise, tandis que le Danemark a désormais adopté l’ancienne position suédoise.

Selon le ministre de la Justice Gunnar Strömmer (M), il n’est pas approprié que la Suède suive la même direction, nous devons protéger notre liberté d’expression. Ce qui est tout à fait vrai. Nous ne devons pas permettre aux États autoritaires et aux organisations terroristes de dicter la manière dont notre pays doit être gouverné et ce qui peut être dit ici.

Il n’est pas approprié d’envisager une interdiction de brûler le Coran. Mais suggérer une telle chose maintenant, alors que nous sommes confrontés à d’énormes pressions, est encore plus inapproprié. Cela signifie que nous nous inclinons devant les forces qui cherchent à polariser. Que nous cédions et montrions que le terrorisme est en réalité un moyen efficace pour s’en sortir.

En même temps, c’est naïf estimant qu’une interdiction de brûler les écritures saintes suffirait à résoudre certains problèmes. Pourquoi les extrémistes, qui ont désormais obtenu ce qu’ils veulent, se contenteraient-ils de cela alors qu’ils ont appris noir sur blanc que les menaces de violence fonctionnent. Pourquoi ne pas exiger l’interdiction de la satire, des représentations de prophètes ou même de la critique de la religion en général. Où le Danemark fixe-t-il la limite sur ce que ces forces antidémocratiques seront autorisées à influencer ?

De nombreux Suédois s’inquiètent à la fois pour la sécurité de leur pays et pour leur sécurité personnelle. Les incendies du Coran ont suscité la colère contre la Suède dans certaines parties du monde musulman. Dans le même temps, une vaste et agressive campagne de désinformation a été dirigée contre la Suède, où il semblerait que l’État et la police soutiennent ces événements.

Mais c’est dans les temps comme ceux-là que nous devons tenir ensemble. Car est-il vraiment plus sûr à long terme que la Suède introduise également une loi sur le blasphème ? Probablement pas. Les forces autoritaires veulent le pouvoir. Et ils n’abandonneront pas tant qu’ils ne l’auront pas obtenu.

C’est une situation difficile à gérer. Mais en restant fidèles à nos principes libéraux et en défendant la démocratie, nous montrons au moins que nous ne cédons pas aux menaces. La Suède ne doit pas suivre les traces du Danemark et restreindre la liberté.