Au village de Mamatoro, des armes de plusieurs catégories, y compris des kalachnikovs, des lances grenades Rpg-7, des munitions de guerre, etc., rendues par plus de 250 ex-combattants du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) de la faction de Diakaye (Bignona) sous le contrôle du chef de guerre Salif Sadio, ont été détruites ce samedi, en présence du gouverneur de la région de Ziguinchor, Mor Talla Tine, ainsi que des autorités militaires et civiles. Cet événement historique renforce les efforts déployés jusqu’à présent par les pouvoirs publics et les organisations internationales pour ramener une paix durable dans toute la verte Casamance, en proie à un conflit armé vieux de plus de quatre décennies.
Sous le soleil de midi, des flammes se sont formées et une épaisse fumée a envahi le ciel de Mamatoro. Il ne s’agissait pas d’un incendie ravageant ce petit village d’agriculteurs et d’éleveurs, mais plutôt du feu qui a consumé les armes, soigneusement rangées et rendues par une partie du Mfdc. Ces flammes symbolisent un brin d’espoir pour toutes les populations de la Casamance et de tout le Sénégal, désireuses d’une paix durable, garante d’un bien-être général et d’un avenir radieux pour le sud du pays.
Cette cérémonie d’incinération s’est déroulée sous les regards admiratifs de plusieurs autorités administratives, militaires et civiles, ainsi que de ceux qui, le samedi 13 mai 2023, ont accepté de déposer les armes dans le village de Mongone. Désormais, les Casamançais n’entendront plus le crépitement de ces armes, désormais détruites. Ce moment marque la signature de l’acte 3 de l’accord de paix entre l’État du Sénégal et le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc).
Après Mongone, où les armes ont été déposées, c’est à Mamatoro, habituellement calme, que cette incinération a eu lieu. Présent à cet événement, le président de l’Initiative pour la réunification des ailes politiques et armées (Irapa) du Mfdc, Lamine Coly, a souligné que cet acte symbolise un grand pas vers la paix définitive en Casamance. Il a également exprimé sa gratitude envers les ex-combattants du Mfdc, soulignant leur courage à faire la guerre mais aussi à faire la paix.
Pour parvenir à ces résultats concrets, M. Coly a reconnu que l’État du Sénégal et les acteurs impliqués dans ce processus n’ont cessé de se mobiliser, privilégiant le dialogue. Selon lui, l’État du Sénégal a démontré sa réelle volonté de parvenir à une paix durable en Casamance.
Dans un autre contexte, le représentant du Mouvement contre les armes légères en Afrique de l’Ouest (Malao), Cheikh Cissé, a loué le geste des ex-combattants de Diakaye, soulignant que choisir la paix plutôt que la guerre est un acte de courage. De plus, il a rappelé que cette paix, bien que difficile à défendre, finira par triompher car elle est la vérité.
Le président du comité Ad hoc et représentant de l’État dans les négociations, l’Amiral Farba Sarr, a révélé que des négociations constructives ont abouti à la signature d’accords pour une paix “sans vainqueurs ni vaincus”. Il a également affirmé que l’État est prêt à respecter ses engagements, et que toutes les factions, y compris celle de Salif Sadio, sont prêtes à discuter avec le gouvernement.
Le gouverneur de la région de Ziguinchor, Mor Talla Tine, présent pour présider la cérémonie, a salué les progrès réalisés dans le processus de paix en Casamance, louant la démarche des ex-combattants du Mfdc de la faction de Diakaye. Il a assuré leur soutien du gouvernement du Sénégal pour faciliter leur réintégration socio-économique.
Après de nombreuses années de lutte armée, la Casamance a enfin eu l’occasion de procéder à la destruction des armes le 23 décembre 2023. Ce geste marque un pas de plus vers la matérialisation de la volonté commune de faire de la paix la seule alternative viable pour le développement de la région et du pays dans son ensemble. L’État a manifesté sa reconnaissance envers les ex-combattants, renouvelant son appel constant au dialogue, au dépôt des armes et à la paix définitive.
Au début des années 1980, la Casamance a été plongée dans une crise armée sans précédent, avec de nombreuses victimes, blessés, civils déplacés, et une région en proie au chaos. À travers des initiatives et des négociations, plusieurs accords ont été signés, et en 2008, des armes ont été volontairement remises par des combattants du Mfdc. En 2023, une autre faction a décidé de déposer les armes, optant pour la paix. Ces étapes cruciales ouvrent des perspectives pour une paix définitive en Casamance. C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre, permettant à la Casamance d’abandonner la guerre pour atteindre la paix tant attendue.
