Le rôle futur des jeunes dans l’action climatique

Le rôle futur des jeunes dans l’action climatique

Par Simone Galimberti*

KATMANDOU | 24 décembre 2023 (IDN) — Le récent accord CdP28 à Dubaï a été annoncé comme le début de la fin des combustibles fossiles. Bien que critiquée par de nombreux militants, scientifiques et représentants des nations les plus vulnérables au climat, la décision prise à la fin des négociations de « s’en éloigner » a attiré une attention quasi universelle.

Cette formulation était le résultat d’un compromis difficile, une version très édulcorée de ce sur quoi la COP 28 devait se mettre d’accord : l’élimination totale des combustibles fossiles.

Le résultat final de la COP 28, dite Accord des Émirats arabes unis, aurait-il été différent si les jeunes avaient été impliqués et avaient participé de manière significative aux négociations finales ? Comment auraient-ils, jusqu’ici limités aux événements et discussions officiels, contribué aux heures clés de la prise de décision « en coulisses » ?

Il est important de se poser de telles questions car les jeunes, malgré leur présence sans précédent à Dubaï, sont restés marginalisés et exclus des principales délibérations. Ceux-ci sont, comme tout autre traité contraignant, exclusifs aux États membres parties à l’accord. Convention des Nations Unies sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

Malgré cette marginalisation attendue et « habituelle » des voix des jeunes, la COP de Dubaï pourrait peut-être jeter les bases d’une participation des jeunes à des niveaux beaucoup plus élevés et plus profonds dans les futures négociations sur le climat. En effet, à bien des égards, la COP 28 a innové en termes de participation des jeunes.

Mais que faudra-t-il pour qu’une telle évolution positive ouvre la voie à un véritable pouvoir entre les mains des jeunes ?

Dubaï a permis de nouveaux niveaux de participation des jeunes, en s’appuyant avec succès sur une pratique initiée lors de la COP 26 à Glasgow, visant à les impliquer. Malheureusement, cette tentative d’impliquer les jeunes dans la prise de décision en matière de politique climatique, ainsi que d’importantes discussions sur le rôle des éducation au développement durable et le rôle de l’apprentissage pour stimuler l’action climatiquen’a pas reçu l’attention méritée.

Sur le premier, la présidence émiratie de la COP 28 a conduit à la création d’un Champion du Climat des Jeunes de la Présidence (YCC)un nouveau rôle introduit pour la première fois et occupé par Shamma Al Mazruil’actuel ministre d’État à la Jeunesse des Émirats arabes unis.

Jeune champion du climat

L’idée de lancer le Youth Climate Champion, inspirée par la pratique désormais établie consistant à nommer pour chaque processus de la COP, deux Champions de haut niveauétait elle-même une idée originale du gouvernement hôte.

Ce qui est remarquable dans le résultat final de la COP 28, c’est que ce rôle va être institutionnalisé et ancré dans les mécanismes de la CCNUCC. La création du Programme des jeunes délégués pour le climat à la COP 28.

L’initiative a amené plus de 100 jeunes, notamment du Sud, à Dubaï pour la COP 28 et il est louable que le programme comprenne également une forte composante de renforcement des capacités. Aussi révolutionnaire que soit le programme des jeunes délégués pour le climat, il pourrait être encore plus ambitieux et transformateur de l’imaginer comme seulement un premier tremplin vers la création d’une Assemblée permanente des jeunes pour le climat au sein du processus officiel de la CCNUCC.

Imaginer la mise en place d’un tel mécanisme nécessitera beaucoup d’efforts et de longues négociations, même si l’idée est simple : donner aux jeunes une voix permanente pour s’attaquer au problème le plus complexe et le plus urgent de notre époque.

Mais comment rendre cet exercice véritablement « réel » plutôt que symboliquement important mais, en fin de compte, purement symbolique et dépourvu de tout pouvoir ? Avant même de discuter des moyens d’en faire quelque chose de significatif, il est essentiel d’abord d’explorer les moyens de l’institutionnaliser.

La première étape serait que le Programme des jeunes délégués pour le climat à la COP 28 devienne un mécanisme permanent des processus de la prochaine COP sur le climat. Ce qui a été décidé lors de la COP 28 était uniquement de créer un champion permanent de la jeunesse climatique qui sera très probablement l’ambassadeur « officiel » et le porte-parole de la jeunesse en matière de climat.

Sur la manière de dépasser l’idée d’avoir un champion permanent et d’avoir plutôt une assemblée structurée, le rôle de JEUNEle groupe officiel des enfants et des jeunes de la CCNUCC, qui a également joué un rôle si central dans le développement du programme des jeunes délégués pour le climat à la COP 28, sera primordial.

Un tremplin

Tout au long des préparatifs de la prochaine COP 29 qui aura lieu en Azerbaïdjan en 2024, YOUNGO, en collaboration avec le Secrétariat de la CCNUCC, le Bureau des Nations Unies pour la jeunessela présidence azerbaïdjanaise pourrait proposer un processus consultatif qui définirait les options pour institutionnaliser le programme des jeunes délégués pour le climat, un tremplin vers la création de l’Assemblée permanente de la jeunesse.

Avec la bonne volonté politique, il n’est pas invraisemblable d’imaginer que la nouvelle entité puisse être mise en place pour la COP 30 qui se tiendra au Brésil en 2025. L’Assemblée pourrait se réunir trois fois par an, dont au moins deux en personne, y compris lors des négociations officielles de la COP en novembre de chaque année.

Grâce aux positions progressistes et audacieuses de la jeunesse, atteindre cet objectif constituerait déjà, à bien des égards, un progrès révolutionnaire dans la lutte contre le réchauffement climatique. Mais comment transformer cette nouvelle entité en quelque chose doté d’un pouvoir réel et tangible ? C’est probablement l’aspect le plus difficile et le plus complexe.

Seules des discussions menées et responsabilisées par les jeunes peuvent décider de cet élément crucial et essentiel, mais voici quelques idées sur la manière dont ce pouvoir pourrait être exercé. L’un des objectifs primordiaux de l’Assemblée serait que certains de ses représentants, idéalement choisis à l’unanimité, participent pleinement aux négociations de la COP, dont ils sont désormais exclus.

En fin de compte, l’Assemblée ne détiendra un véritable pouvoir que si les pays membres de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques lui accordent les mêmes pouvoirs que ceux dont disposent seules les parties à la Convention.

Cela signifie non seulement lui confier les ressources nécessaires pour mener ses propres délibérations autonomes, mais également doter ce nouveau mécanisme du pouvoir de participer avec les mêmes pouvoirs que les gouvernements à la délibération des documents finaux de la COP.

Aussi difficile qu’il soit d’envisager une telle évolution, une véritable avancée dans la manière dont les négociations internationales seraient encadrées et négociées, l’idée de confier aux représentants de l’assemblée permanente des jeunes pour le climat proposée un pouvoir équivalent aux États, se fait attendre depuis longtemps.

Protection de la biodiversité

Il sera également primordial que ce mécanisme soit renforcé dans les négociations de la COP liées à la protection et à la préservation de la biodiversité qui relèvent du Convention des Nations Unies sur la diversité biologique.

Il ne faut pas oublier que la COP28 récemment conclue à Dubaï a également tourné la page en termes d’intégration de la biodiversité dans l’agenda climatique. En effet, le document final de la COP 28 couvre et inclut également considérablement références et liens à la biodiversité.

En outre, la Déclaration commune de la COP28 sur le climat, la nature et les populationsapprouvé par 18 pays, accompagné d’une autre déclaration, le Déclaration des Émirats arabes unis de la COP 28 sur l’agriculture durable, l’alimentation résiliente et l’action climatiqueapprouvé par 159 pays, peut constituer des ponts importants pour rapprocher les agendas du climat et de la biodiversité.

C’est pourquoi l’Assemblée, qui pourrait être officiellement désignée comme l’Assemblée Assemblée de nouvelle génération sur le climat et la biodiversitédevrait également représenter les jeunes générations aux négociations liées à la biodiversité et éventuellement même à celles de la Conférence des Parties de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES).

Il faudra beaucoup de détermination et d’engagement pour établir le Assemblée de nouvelle génération sur le climat et la biodiversité. Les gouvernements, à l’exception peut-être de quelques-uns, rejetteront fermement cette idée.

Pourtant, des forums comme YOUNGO et des militants climatiques bien connus, ainsi que les médias, auront un rôle énorme à jouer pour changer d’avis et permettre un consensus mondial au sein de la communauté internationale sur la raison pour laquelle une assemblée puissante dirigée par des jeunes en matière de climat et de biodiversité est nécessaire. .

Après tout, les idées innovantes et révolutionnaires sont toujours difficiles à accepter au début et ce qui peut sembler une mission impossible peut, étape par étape, prendre forme et obtenir un consensus.

Parce que les crises de la biodiversité et du climat sont tellement existentielles, essayer de créer l’Assemblée de nouvelle génération pour le climat et la biodiversité en vaut la peine. [IDN-InDepthNews]

* Simone Galimberti, basé à Katmandou, est le co-fondateur d’ENGAGE et de The Good Leadership. Il écrit sur la réforme de l’ONU, la jeunesse, le volontariat, l’intégration régionale et les droits de l’homme dans la région Asie-Pacifique.

Crédit photo : Programme international des jeunes délégués pour le climat

IDN est l’agence phare de l’Association à but non lucratif Syndicat international de la presse.

2023-12-25 02:32:22
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