Polémique autour d’un penalty : les avis divisés des experts du football

Mais difficile de lui en vouloir pour quoi que ce soit contre Manchester City. 64e minute : le colosse se bat avec Nathan Aké pour contrer le ballon dans la surface. Malencontreusement, le ballon touche sa main qui se trouve devant son visage. Entre la touche de Aké et celle de Onana, 0,2 seconde s’écoule. Assez pour donner un penalty selon… le juge d’arbitre. L’arbitre principal avait d’abord donné un corner avant de se raviser avec l’avis de son adjoint.

5 minutes 14 pour un pile ou face , le VAR est périmé et risible

Cette phase litigieuse fait beaucoup de bruit de l’autre côté de la Manche. Surtout, elle est symbolique de la frustration ressentie par beaucoup de coachs au monde. “Est-ce qu’il y a penalty ?”s’est interrogé Sean Dyche, le coach d’Everton. “Je n’en ai aucune idée !” Avant de donner le fond de sa pensée : “Je pense que personne n’en a la moindre idée. Il y a quelques mois, nous avons eu un appel Zoom à propos des fautes de main. Tous les managers ont dit que c’était une farce et que nous ne savions pas pourquoi ils donnaient des penaltys.”

Le ras-le-bol est donc général. “Visiblement, les règles stipulent qu’il fallait donner penalty. Mais bon, le juge de ligne était à 50 mètres du but et il l’a tout de même signalé. Je ne dis pas que c’est la faute de l’arbitre, il essaye de suivre les règles. Si cette main était délibérée ? Bien évidemment que non !” Pour rappel, l’arbitre principal a également conforté son avis avec la VAR.

(Vidéo à partir de 3’30)

Penalty ou pas ? Les avis partagés

Comme souvent dans ce genre de phase, deux camps s’affrontent. Ceux qui sont pour, et ceux qui sont contre. Pour Amazon Prime, Roberto Martinez a donné un avis tranché. “Pour moi, ce n’est pas du tout un penalty”a déclaré l’ancien coach des Diables rouges. “Je crois que ceux qui connaissent le football diront tous que ce ne mérite pas une telle sanction.” Présent à ses côtés, Mark Clattenburg, un ancien arbitre de Premier League avait un avis plus nuancé. “Personne ne dit que cette décision est mauvaise”a-t-il repris. “Avec les règles d’aujourd’hui, la main doit être sifflée. Mais nous pouvons nous poser une question : cette règle est-elle bonne ? Si elle est mauvaise, il faut l’adapter.”

Phase polémique lors de Malines – FC Bruges: “En raison d’une erreur humaine de la part du VAR, le but a été refusé à tort”

Pour Sean Dyche, la règle est devenue beaucoup trop stricte et la nuance n’est plus possible. “Ce qui me préoccupe est que le règlement n’est plus du tout flexible”a estimé l’entraîneur de Onana. “Auparavant, les arbitres expérimentés utilisaient les règles dans le sens du jeu. Aujourd’hui, l’optique est différente. Les règles, ce sont les règles et c’est tout. Parfois, ils prennent des décisions avec une boule de cristal !” Selon lui, cette notion d’intentionnalité doit être prise en compte. “Si c’est délibéré, Amadou doit changer de poste ! C’était un réflexe félin, quel arrêt !”a-t-il terminé avec beaucoup d’ironie.

”Un cas d’école”

Pour Sky Sports, Dermot Gallagher, un ancien arbitre de Premier League, a également donné son avis sur cette phase. “Il s’agit d’un cas d’école”a-t-il commencé. “La règle est la suivante : le ballon touche-t-il le bras au-dessus de l’épaule ou de la tête ? Sur cette action, son bras est à hauteur de sa tête. Du coup, il faut regarder s’il est près de l’action et s’il a eu le temps de réagir. Dès que j’ai vu le replay, je savais que le penalty allait être sifflé avec les règles actuelles.”

Anderlecht-Genk: les Limbourgeois déposent plainte au département des arbitres et demande de rejouer le match

Gallagher comprend la frustration de Sean Dyche. “Auparavant, le hors-jeu était le grand sujet de discussion. Aujourd’hui, ce sont les fautes de main. Ils essayent de rendre la règle aussi précise. Mais je pense que cela rend les choses encore plus difficiles pour les arbitres. Ils sont devenus les victimes de ces nouvelles directives. Effectivement, ce geste n’était pas délibéré. Mais le caractère délibéré n’est pas inscrit dans la règle. Et en vérité, 90 % des pénaltys donnés ne sont pas volontaires.”

Ces différentes controverses vont-elles changer les choses ? Pour Gallagher, il s’agit d’une nécessité. Pour les arbitres comme les acteurs sur le terrain. “Lors de l’assemblée générale de mars, je pense que c’est inévitable. Semaine après semaine, le sujet revient sur le tapis. Il n’y a jamais eu autant de penaltys donnés pour des fautes de mains.”