Emmanuel Macron soutient Gérard Depardieu mis en examen : polémique en France

Publié par le collectif “Cerveaux non disponibles” vendredi, ce texte dénonce le soutien d’Emmanuel Macron à l’acteur mis en examen depuis 2020 pour viols et agressions sexuelles, suite à trois plaintes. Dans l’émission de France 5 “C à vous” le 20 décembre, le président français avait déclaré être un “grand admirateur” de Gérard Depardieu qui “rend la France fière”, et dénoncé une “chasse à l’homme” dont le célèbre acteur serait victime. Le chef d’État réagissait à un reportage de “Complément d’enquête” montrant les dérives de Gérard Depardieu lors d’une visite en Corée du Nord, au cours de laquelle l’acteur multiplie les propos insultant à caractère sexuel, dès qu’il se trouve en présence d’une femme.

Depuis, le monde culturel français semble scindé en deux camps avec, d’un côté, ceux qui invoquent la “présomption d’innocence” d’un “monstre sacré” du cinéma et fustigent les “torrents de haine” et les “amalgames” qui s’abattent sur l’acteur. Et de l’autre, une voix portée par une génération plus jeune, qui appelle à mieux reconnaître les victimes d’agressions sexuelles et condamner les agresseurs, qu’ils soient célèbres ou non. “Lorsqu’on s’en prend à Depardieu, ce serait à l’art que l’on s’en prendrait ! Comme si Depardieu représentait l’art en France. Comme si le statut d’artiste ou le talent justifiait un traitement singulier”, protestent les 600 signataires, pointant les propos des défenseurs de Gérard Depardieu, qui écrivaient que lorsqu’on s’en prend à l’acteur, “c’est l’art qu’on attaque”.

Le profil de l’auteur de la tribune de soutien à Gérard Depardieu suscite le malaise

“Nous sommes là pour rappeler que l’art n’a pas à être fait par des idoles hors de la réalité, l’art n’est pas du côté des caprices de star. L’art refuse de se soumettre à leur système. La production de l’art n’est pas une abstraction située en dehors des dynamiques sociales”, écrivent encore les 600 artistes. Ils dénoncent le fait que trop souvent, dans les affaires de violences sexistes et sexuelles à l’égard des femmes, la “présomption d’innocence” pour l’agresseur sonne comme une “présomption de mensonge” pour les femmes qui témoignent contre lui. Le discours public a tendance à “banaliser” les propos et les actes tels que ceux de Gérard Depardieu, tout comme les institutions policières et judiciaires, trop souvent caractérisées par “l’absence d’écoute et de prise au sérieux des victimes”, poursuit ce texte.

Le front de soutien à Gérard Depardieu s’était déjà fissuré quelques jours plus tôt, suite à la médiatisation de la première tribune publiée le 25 décembre dans le Figaro. L’association soudaine avec son auteur — le jeune et jusqu’ici méconnu comédien Yannis Ezziadi, proche de la fille de l’acteur Julie Depardieu mais aussi de Sarah Knafo, la conseillère et compagne d’Eric Zemmour, éditorialiste au magazine conservateur Causeur — crée le malaise parmi les défenseurs de Gérard Depardieu. Plusieurs signataires ont exprimé leur embarras, comme Nadine Trintignant, réalisatrice de 89 ans, qui annonçait dans Le Point retirer finalement son soutien à l’acteur, estimant voir commis “une grave erreur” en s’associant à ce texte. Ou Carole Bouquet, qui écrivait sur Instagram : “J’ai signé une tribune pour Gérard Depardieu. Cependant, je ne soutiens pas les idées et valeurs associées au journaliste porteur de cette tribune. Lui donner de la visibilité par l’entremise de Gérard me met, comme vous pouvez l’imaginer, profondément mal à l’aise”.