Introduction d’une prophylaxie antivirale pour lutter contre l’hépatite B en Indonésie

La transmission des mères infectées à leurs nouveau-nés constitue une préoccupation majeure qui empêche l’élimination de l’hépatite B en tant que menace pour la santé publique en Indonésie. La transmission mère-enfant (TME) du virus lors de l’accouchement entraîne souvent une infection chronique chez les nourrissons, qui courent un risque important de développer une hépatite B chronique pouvant entraîner de graves complications liées au foie plus tard dans la vie. Une sensibilisation limitée, des ressources de santé limitées et des disparités régionales exacerbent ce défi.

L’hépatite B, un virus qui s’attaque au foie, touche des millions de personnes dans le monde. Selon l’organisme national de recherche fondamentale en santé (Riskesdas), l’antigène de surface de l’hépatite B (AgHBs) est présent chez 7,1 % de la population, soit environ 18 millions d’Indonésiens. Même si les programmes universels de vaccination des nourrissons contre l’hépatite B ont contribué à réduire l’infection par le virus de l’hépatite B, l’infection persiste chez les jeunes enfants, comme en témoigne la prévalence de 4,2 % de l’AgHBs chez les enfants de moins de cinq ans. Pour résoudre ce problème, l’OMS aide le ministère de la Santé à éliminer la TME en intégrant une prophylaxie pour réduire le risque d’infection.

Ce soutien comprenait l’élaboration de lignes directrices et le calcul des réactifs, de la prophylaxie et de l’équipement nécessaires à distribuer aux provinces. En outre, l’OMS a facilité des formations et effectué des visites sur le terrain pour suivre la mise en œuvre des interventions.

L’Indonésie a utilisé des tests de diagnostic rapide pour les femmes enceintes afin de confirmer leur statut d’hépatite B. Les femmes enceintes atteintes d’hépatite B confirmée ont ensuite reçu du ténofovir, la prophylaxie utilisée dans cette intervention. Pour améliorer l’accessibilité, le ministère de la Santé a intégré le ténofovir dans le programme de lutte contre la tuberculose Puskesmas au moyen de tests au point d’intervention (POCT) pour la charge virale de l’ADN du virus de l’hépatite B.

Depuis 2023, cette initiative a été mise en œuvre dans 34 districts de 17 provinces, couvrant 43 hôpitaux et 137 centres de soins de santé primaires (Puskesmas). Plus de 300 femmes enceintes atteintes d’hépatite B ont eu accès à des médicaments antiviraux, protégeant ainsi leur bébé contre l’infection.

Dans le but de réduire l’hépatite, le ministère de la Santé, en collaboration avec l’OMS Indonésie, a établi une feuille de route complète pour la prophylaxie antivirale. L’objectif est que d’ici 2029, chaque établissement de santé propose une prophylaxie antivirale.

Le Dr Ratna Budihapsari, chef du groupe de travail sur l’hépatite du ministère de la Santé, a fait remarquer : « La prophylaxie au ténofovir est à l’avant-garde de nos efforts pour éliminer la transmission de l’hépatite B de la mère à ses enfants. Le ministère de la Santé s’engage à fournir des interventions accessibles et efficaces, en travaillant sans relâche pour un avenir où aucun enfant ne naîtra avec l’hépatite B. »

Le groupe de travail du ministère de la Santé sur l’hépatite, le PHO de l’Est de Nusa Tenggara, le DHO de la ville de Kupang et le personnel de Sikumana Puskesmas discutent de la prophylaxie antivirale. Crédit : Ministère de la Santé/Groupe de travail sur l’hépatite

L’efficacité de la prophylaxie antivirale pour réduire la charge virale maternelle et son profil d’innocuité pendant la grossesse en font un choix fiable et fondé sur des données probantes pour protéger la santé maternelle et infantile. En protégeant le nouveau-né de l’infection par l’hépatite B à la naissance, la prophylaxie antivirale non seulement neutralise les risques immédiats pour la santé, mais réduit potentiellement le fardeau à long terme des maladies liées à l’hépatite B, s’alignant ainsi sur des objectifs de santé publique plus larges.

Conformément à la feuille de route, tous les districts de l’archipel procéderont au dépistage de l’hépatite B chez les femmes enceintes. Le lancement dans 34 districts sert de modèle pour rapprocher le dépistage et le traitement des femmes enceintes au niveau des soins de santé primaires. L’OMS Indonésie poursuivra son soutien pour garantir que l’intervention réussisse à prévenir la TME de l’hépatite B et à surveiller la santé des mères et des nourrissons tout au long du processus. Des soins de suivi réguliers et complets sont essentiels pour atteindre les objectifs du programme et réduire le fardeau à long terme de l’hépatite B en Indonésie. L’OMS Indonésie soutiendra l’étude de la mise en œuvre de la prophylaxie antivirale dans plusieurs districts en 2024-2025.

Écrit par Nurhayati Kawi, consultant national pour l’hépatite ; et Resita Dyah Purnama Suci, assistante aux données du programme sur l’hépatite ; OMS Indonésie