Les candidats à la présidence de Taïwan tiennent leurs derniers meetings de campagne vendredi, à la veille d’un scrutin sous la pression croissante de Pékin, qui revendique la souveraineté de l’île, et le regard attentif de Washington.
Trois hommes se disputent la présidence lors de cette élection à un tour : le vice-président sortant Lai Ching-te du Parti démocratique progressiste (DPP), Hou Yu-ih du Kuomintang (KMT) et Ko Wen-je du petit Parti populaire de Taïwan (TPP).
Le territoire de 23 millions d’habitants, situé à seulement 180 kilomètres des côtes chinoises, est considéré comme un modèle de démocratie en Asie.
Jeudi, la Chine a appelé les électeurs de Taïwan à faire “le bon choix”, critiquant Lai Ching-te, donné comme favori, comme “un grave danger” pour ses positions en faveur de l’indépendance.
“Le triangle Chine/Etats-Unis/Taïwan devient de plus en plus tendu”, explique Marc Julienne, responsable des activités Chine à l’Institut français des relations internationales (Ifri).
Le statut de Taïwan est l’un des sujets les plus explosifs de la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis, premier soutien militaire du territoire, et Washington a prévu d’envoyer une “délégation informelle” sur l’île après le vote.
Vendredi, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken rencontrera à Washington Liu Jianchao, à la tête de la division internationale du Comité central du Parti communiste chinois.
Les Etats-Unis estiment qu’il revient aux électeurs de Taïwan de décider de leur prochain dirigeant librement et sans ingérence extérieure.
Pékin a accentué sa pression diplomatique et militaire sur Taïwan toute la semaine, et jeudi cinq ballons chinois ont encore franchi la ligne médiane séparant l’île autonome de la Chine.
Les Etats-Unis ont mis en garde la Chine contre toute réaction au résultat sous forme de “plus de pression militaire ou des actions coercitives”.
Le favori des sondages est Lai Ching-te, dont le parti clame que Taïwan est déjà un Etat indépendant de facto, à l’inverse du KMT, principal parti d’opposition, qui prône un rapprochement avec la Chine.
Depuis 2016, Pékin a coupé toute communication de haut niveau avec Taïwan pour protester contre l’élection de la présidente actuelle, Tsai Ing-wen, également du DPP.
“La Chine craint qu’une administration DPP réélue sous l’égide de Lai ne se prononce en faveur de l’indépendance formelle de Taïwan, une mesure que Pékin menace d’empêcher par une action militaire”, souligne James Crabtree, expert du Conseil européen des relations internationales (ECFR).
Mardi, Lai Ching-te a dénoncé à nouveau les tentatives d’ingérence de Pékin “par tous les moyens”, dont “l’intimidation politique et militaire”.
Il a promis de maintenir le dialogue avec la Chine mais a mis en garde: “Accepter le principe chinois d’une seule Chine, ce n’est pas la vraie paix. La paix sans la souveraineté, c’est juste comme Hong Kong. C’est une fausse paix”.
“Quoi qu’en pense la Chine, ce que l’opinion publique à Taïwan veut que nous fassions c’est maintenir le statu quo”, a pour sa part promis Hou Yu-ih du KMT.