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Sécheresse et crise hydrique au Maroc : Politique des barrages et enjeux sociaux, économiques et environnementaux

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Sécheresse et crise hydrique au Maroc : Politique des barrages et enjeux sociaux, économiques et environnementaux

La sécheresse qui a caractérisé les années 2018-2022 est considérée comme l’une des plus sévères de tous les temps au Maroc. Cette période a entraîné une diminution drastique de la quantité moyenne d’eau par habitant, passant de près de 2 560 mètres cubes dans les années 1960 à seulement 620 mètres cubes aujourd’hui. Selon les projections, cette quantité pourrait diminuer à 560 mètres cubes d’ici 2030 en raison de la croissance démographique. Pour le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, le changement climatique joue un rôle crucial dans cette crise hydrique. Les températures en hausse ont entraîné une évaporation accrue, affectant directement le niveau des barrages, avec une perte quotidienne de 1 500 000 mètres cubes d’eau. De fait, il y a une baisse alarmante de la moyenne annuelle des ressources hydriques, qui se situait à 7 milliards de mètres cubes au cours des dix dernières années, et à seulement 5 milliards de m3 entre 2017 et 2023. Cette année encore, le Maroc fait face à une crise hydrique majeure due à la rareté des précipitations, le taux critique de remplissage des barrages et le tarissement des nappes phréatiques.

La politique des barrages est remise en question. Le gouvernement a réagi en mettant en place des mesures d’urgence, telles que l’accélération de la construction de barrages, le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées. A ce titre, le dessalement de l’eau de mer figure parmi les premières priorités dans l’agenda gouvernemental pour gérer ce déficit hydrique devenu structurel. Selon Baraka, à l’horizon 2030, 50% de l’approvisionnement en eau potable sera assuré par le dessalement des eaux. Dans ce cadre, le gouvernement a mis en place un plan visant à réaliser plusieurs stations de dessalement afin d’atteindre un niveau de production de 1,4 milliard de m3 à cette date. L’OCP joue un rôle majeur dans cette stratégie, prenant en charge le dessalement de 560 millions de mètres cubes, dont 500 millions seront destinés au secteur agricole. Cette approche vise à diversifier les sources d’approvisionnement en eau, assurant ainsi une plus grande résilience face à la crise hydrique.

En dépit de tous ces efforts, la situation reste tendue. Les barrages ont soif d’eau et les retenues des grands barrages ont enregistré un déficit considérable par rapport à la même période de l’année précédente. Malgré la construction de nouvelles infrastructures, cette politique de l’eau est remise en question, notamment en ce qui concerne l’agriculture qui capte 87% de la ressource disponible. Une réflexion doit donc être menée pour repenser le modèle agricole actuel et prendre en compte les enjeux liés à la préservation des ressources naturelles et à la souveraineté alimentaire.

La crise hydrique a des répercussions directes sur l’économie nationale, en perturbant déjà la campagne agricole et compromettant les prévisions de croissance. Ainsi, il est nécessaire de repenser la politique agricole et de se fixer des objectifs clairs en termes de sécurité alimentaire et de préservation des ressources, afin de faire face à cette crise de manière holistique.

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