Bilan de Paul Magnette en tant que bourgmestre de Charleroi

“Notre travail s’est concentré sur deux axes. Tout d’abord, celui de l’insécurité routière, qui était le problème numéro un. Je pense qu’il est objectif de dire que les choses se sont améliorées : des mesures ont été prises pour réduire les vitesses, sécuriser les usagers vulnérables, comme la création de chicanes, l’agrandissement des trottoirs ou la diminution des gabarits. L’autre axe concerne l’insécurité liée aux stupéfiants. C’est un phénomène urbain auquel aucune ville n’échappe, et cela reste très compliqué. Nous avons décidé de combattre le problème sous tous les angles, en démantelant les réseaux en collaboration avec le parquet fédéral dans le cadre du plan national drogue, et en luttant contre le trafic de rue. Je sais que nous n’en faisons jamais assez, mais nous mettons les moyens pour y parvenir. Il est indéniable qu’il y a eu des améliorations notables dans le quartier du campus. L’objectif est d’étendre les horaires, en particulier la nuit, de notre dispositif policier “Disruption” en centre-ville. Le principe est établi, il va être mis en place…”

Qu’en est-il de la réforme de la norme KUL de la zone de police, qui est évoquée depuis plus de 20 ans ? Le PS participe pourtant au pouvoir au sein de la Vivaldi…

“C’était en effet l’un des points d’accord de notre gouvernement. Nous n’avons pas eu le temps de le concrétiser, mais nous n’avons pas abandonné l’idée. Il ne faut cependant pas s’attendre à des miracles : à l’échelle de notre police, cela se traduirait par un refinancement d’environ 5 millions, ce qui est à la fois peu et beaucoup !”

Vous avez également porté un projet de bus de consommation de drogues à moindre risque. Quand sera-t-il mis en place ?

“Nous avons reçu toutes les autorisations pour avancer, le prestataire a été désigné, mais les délais d’équipement de ce bus sont plus longs que prévu. Je rappelle qu’il s’agit d’une expérience pilote en Europe. Nous ne serons pas prêts avant 2025.”

La propreté est encore perfectible. Est-ce un échec ?

“Non. Nous ne pouvons pas nier que les rues sont plus propres grâce au travail de notre partenaire Tibi. Il est maintenant nécessaire de renforcer la répression, ce qui est en cours. Entre janvier et septembre, 2000 dossiers de sanction ont été ouverts par nos agents constatateurs et ceux de Tibi, soit une moyenne de dix par jour ! L’année précédente, nous en étions pratiquement à zéro. Quant aux caméras de surveillance, cette fois, et je m’engage à le faire, elles entreront bientôt en action, ce n’est plus qu’une question de temps.”

Et la mobilité ?

“Avec mon collègue Xavier Desgain, qui fait un excellent travail, nous travaillons à accorder une plus grande place aux piétons, aux vélos, aux transports en commun, à la micromobilité et aux véhicules partagés, sans exclure la voiture individuelle. Des investissements importants sont réalisés dans ce sens. Nous voulons étendre les horaires des bus et du métro le soir, améliorer l’offre TEC. Une transformation en profondeur est en cours dans le cadre du plan de mobilité. Nous avons pris du retard sur le Bus à Haut Niveau de Service, le BHNS. J’espère que le chantier vers Bomerée pourra démarrer l’année prochaine. Cela dit, quand je vois le chaos avec le tram de Liège, je pense qu’il vaut parfois mieux prendre un an ou deux de réflexion supplémentaire pour peaufiner son projet.”

Le R9 à 50 km/h, bus et métros jusqu’à 1h du matin, tout le monde à vélo : ce qu’il faut savoir sur le Plan de mobilité de Charleroi Métropole

L’ouverture du nouveau “grand palais” est un élément important de la rénovation de la ville haute. Avez-vous une idée de sa date d’ouverture ?

“Nous terminons les abords du site, la concession d’exploitation fait actuellement l’objet de négociations avec des opérateurs privés. Tout sera prêt pour le second semestre de cette année.”

Projetons-nous dans le temps politique. Vous avez exprimé votre ambition de devenir Premier ministre si le PS reste la famille majoritaire au fédéral. Qui pourrait vous succéder à Charleroi ?

“Il est trop tôt pour en parler. D’ailleurs, la liste communale du PS ne sera établie qu’après les élections fédérales, régionales et européennes du 9 juin.”

Quelle majorité préférez-vous pour gouverner la Ville ?

“Notre ambition est de reconduire notre majorité absolue. Nos partenaires privilégiés sont progressistes. Je pense que nous avons progressé avec Écolo et C+, demain avec les Engagés. Les électeurs se prononceront à ce sujet. Je rappelle également que le PTB s’est auto-exclu. Je prendrai ma retraite en 2037 ou 2038. Je ne les vois pas accéder au pouvoir d’ici là, il ne faut pas se moquer des gens.”