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La révolution silencieuse de Montcapel : la renaissance de la chapellerie en France

by Nouvelles
La révolution silencieuse de Montcapel : la renaissance de la chapellerie en France

Montazels (France) (AFP) – Jadis environ 6 000 ouvriers produisaient des chapeaux dans la haute vallée de l’Aude, aujourd’hui, il ne reste plus qu’une seule fabrique, Montcapel, reprise par des passionnés qui relancent humblement mais avec détermination l’industrie du couvre-chef en feutre de laine.

Publié le : 20/01/2024 – 09:17
Temps de lecture – 5 minutes

Les bâtiments vétustes, entourés d’herbes folles, ne laissent pas deviner le trésor industriel qu’ils abritent, à quelques mètres du flot rapide de l’Aude.
Une modeste banderole indique “Chapellerie Montcapel”. Mais le visiteur se sent plus comme un explorateur en “urbex” (exploration de friches urbaines) progressant prudemment dans un décor abandonné.
Pourtant, cette usine tourne. Depuis janvier 2021, c’est même “la dernière chapellerie de France capable de fabriquer des chapeaux en laine de A à Z en commençant par la laine”, déclare fièrement Serge Anton, 59 ans, directeur de production.
Tout était sur le point de s’arrêter en mars 2018 avec le départ à la retraite des deux derniers dirigeants. À cette époque, l’usine, qui a compté jusqu’à 600 ouvriers lors de son âge d’or dans l’entre-deux-guerres, n’employait plus que neuf personnes.
“Quand cela a fermé, c’était la dernière chapellerie de la vallée, je me suis dit, un héritage et un savoir-faire national qu’on laisse tomber comme ça, c’est quand même très dommage”, se souvient Sonia Mielke, présidente actuelle de Montcapel.

Enfant, cette franco-irlandaise de 56 ans passait ses vacances dans ce village, chez ses grands-parents. En 2019, elle décide, avec une petite dizaine d’autres passionnés, de relancer l’usine.
Montcapel, dont elle s’occupe sur son temps libre, renaît sous la forme d’une société collective d’intérêt coopératif (SCIC).
“On a démarré comme ça, au début on était sept, aujourd’hui on est 300, il y a des entreprises, des collectivités et beaucoup de personnes qui ont acheté deux-trois parts sociales pour soutenir cette volonté de sauvegarde du patrimoine”, détaille-t-elle, l’œil pétillant.

Son fils, Thomas Früh, 25 ans, directeur commercial, fait visiter les locaux. “Ça c’est la cardeuse”, explique-t-il près d’un immense appareil, tout en pistons et rouleaux sur lesquels s’étale un tapis de laine blanche.
“Pour moi, c’est un bijou de mécanique. Quand elle tourne et que chaque pignon est parfaitement réglé, c’est magnifique”, dit-il enthousiaste.
Le patrimoine ici est aussi humain et réside dans les savoir-faire, comme celui d’Elodie Pourquié, 42 ans, “dernière enrouleuse de France”, selon M. Früh.

De la cloche au chapeau, près d’une vingtaine d’opérations, pour presque autant de machines, sont nécessaires: “feutrage”, “semoussage”, “dégageage”, “rognage” et bien d’autres mots d’un autre âge.
Pour donner forme à ses feutres de laine haut de gamme, Montcapel pioche dans sa vaste collection de moules en aluminium qui chacun porte un nom évocateur: le “Texas”, l'”Indiana”, le “Sacristain” ou le plus simple “canotier”. En tout, environ 1 500 modèles.
Trois ans après la production de son premier chapeau, malgré le Covid, la guerre en Ukraine et l’explosion des coûts de l’énergie, Montcapel “ne lâche pas”, assure Sonia Mielke. La fabrique vend aujourd’hui à des particuliers, mais surtout produit pour des marques de mode.
“On espère sur les deux années à venir être à l’équilibre, enfin, et de façon pérenne”, dit-elle, déterminée à enraciner un patrimoine qui semblait voué à disparaître.

© 2024 AFP
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