Le chapitre québécois de la Bills Mafia voit l’un de ses grands chefs tirer la plogue. Pas sur l’équipe qui habite toujours son cœur, mais plutôt sur les avant-matchs légendaires qu’il organise depuis 34 ans. « C’est fini pour les tailgates, mais je ne largue pas les Bills pantoufle! », précise avec vigueur Bob Genest.
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Dimanche dernier, ses Bills ont vécu un autre revers crève-cœur en séries éliminatoires, au compte de 27-24 face aux Chiefs, à Buffalo. Pour les fidèles partisans de l’équipe, c’est la suite d’une interminable malédiction.
Toujours affublé de son casque blanc des Bills, le sympathique Bob Genest refuse de rendre les armes, même si cette défaite, la troisième en quatre ans en séries aux mains des Chiefs, est dure à avaler.
« C’est tout le temps décevant parce qu’à Buffalo, on invente des façons de perdre. Il y a bien du monde qui met ça sur le dos du botteur [Tyler Bass, qui a raté un placement de 44 verges en fin de match]mais en réalité, c’est deux ou trois jeux ratés qui ont changé l’allure du match. C’est une autre bonne année perdue », déplore-t-il.
La fin d’une époque
Pas question de renier son éternel serment d’allégeance aux Bills, donc, mais le temps est venu de soutenir l’équipe d’une autre façon.
Depuis 1989, Bob Genest est devenu une sorte de figure mythique pour bien des amateurs de football pour son hospitalité sans pareille avant les rencontres des Bills.
Ses tailgates, de plus en plus courus, attirent chaque semaine des dizaines d’amateurs québécois qui se passent le mot. Au point où la bête est devenue trop lourde à gérer.
« J’y réfléchissais depuis longtemps. Avoir gagné dimanche, je n’aurais pas fait cette annonce, mais dans le fond, j’étais rendu là. L’événement du tailgate est devenu plus gros que la jeu.
« Dans les années 1990, j’avais le temps d’organiser tout ça. Maintenant, ça fait la queue, il y a tellement de monde à servir! Ça finit que j’arrive à mon siège et je ne vois pas toujours l’échauffement. C’est un petit choc pour des gens qui sont venus souvent, mais j’ai assez donné », résume-t-il.
Toujours présent
N’ayez crainte, soldats de la Bills Mafia! Bob Genest n’est pas près de céder ses nombreux billets de saison, qu’il continuera de vendre. Le travailleur autonome de 59 ans de Blainville, qui gère des cantines mobiles, ne sera tout simplement plus le premier arrivé et le dernier parti, comme le font les quarts-arrières dans une équipe.
À la longue, on peut comprendre que toute cette opération use son homme, ainsi que sa conjointe Hélène, qui est autant que lui aux chaudrons et sur le grill.
Lors de la dernière saison, Bob Genest évalue avoir concocté environ 120 livres de chili, près de 4000 boulettes et nombres d’autres victuailles à quelque 980 affamés.
Comme partout ailleurs, l’inflation l’a aussi poussé à se questionner.
«Le prix de la nourriture n’arrête pas d’augmenter et je ne peux pas charger un tarif excessif aux gens pour ça», fait-il valoir.
«Si quelqu’un veut continuer les événements de tailgate, tant mieux», précise-t-il.