Analyse des primaires présidentielles aux États-Unis

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De son côté, Joe Biden a remporté facilement la primaire démocrate qui se déroulait le même jour, bien que son nom ne figure pas sur les bulletins de vote en raison d’un différend entre les instances nationales du parti de gauche et l’État. Ses partisans ont donc écrit son nom sur le bulletin de vote – une procédure appelée “inscription” – même si le scrutin n’avait qu’une valeur symbolique.

Donald Trump peut se réjouir. Il est le premier président républicain sortant à avoir réalisé le doublé caucus de l’Iowa et primaire du New Hampshire. Sa victoire confirme également son statut d’ultra-favori dans la course à l’investiture du Grand Old Party (GOP). Avec son important électorat indépendant et modéré, en grande partie hostile à l’homme d’affaires sulfureux, le New Hampshire représentait la meilleure chance de succès de Nikki Haley, qui se présente comme une conservatrice traditionnelle et raisonnable face à un leader vieillissant et chaotique.

Malgré sa défaite, elle a promis de poursuivre sa campagne. Elle doit participer à un meeting à North Charleston en Caroline du Sud, l’État dont elle fut la gouverneure entre 2011 et 2017 et qui votera le 24 février pour désigner le candidat du parti face à Joe Biden. “La primaire du New Hampshire est la première de la nation, mais pas la dernière. Cette course est loin d’être terminée”, a-t-elle déclaré dans un discours mardi soir. Elle a également appelé Donald Trump à débattre avec elle, tout en l’attaquant sur son âge et son éligibilité. Un partisan dans la salle a crié “c’est un perdant!”

S’exprimant un peu plus tard, le magnat de l’immobilier, visiblement agacé, a passé plus de temps à s’en prendre à elle qu’à remercier ses partisans. “Ne laissons pas dire qu’elle a gagné alors qu’elle a passé une très mauvaise nuit !” a-t-il lancé, avant de critiquer son apparence et de la traiter d’imposteur.

Le chemin à venir ne sera pas facile pour l’ancienne gouverneure. L’ancien locataire de la Maison-Blanche remportera la prochaine élection du processus de désignation, les caucus du Nevada le 8 février, auxquels elle ne participe pas. En Caroline du Sud, qui votera après, il est en tête dans les sondages. Selon la moyenne du site FiveThirtyEight, il recueillait, le 22 janvier, 62% des voix contre 25% pour sa rivale.

Par ailleurs, il est soutenu par plusieurs leaders influents sur place, dont le gouverneur Henry MacMaster et le sénateur Tim Scott, que Nikki Haley a nommé à ce poste en 2012. Face à ce front uni en Caroline du Sud, la candidate pourrait décider de se retirer avant la primaire afin d’éviter une humiliation dans son fief. Elle devra également gérer une possible désaffection des donateurs qui financent sa campagne et de ses volontaires.

L’ancienne gouverneure devra également faire face à un obstacle structurel. Alors que les premiers États attribuent leurs délégués à la proportionnelle sur la base des résultats de leurs primaires, la logique change après la Caroline du Sud. En effet, les scrutins ultérieurs sont en grande partie des élections “le gagnant prend tout”, où le candidat arrivé en tête remporte tous les délégués. Avec le soutien du milliardaire et de ses alliés, plusieurs États ont adopté ces dernières années ce système qui avantage le favori… Donald Trump.

“Si les sondages continuent de se confirmer, il remportera la plupart des primaires. Avec ce système d’attribution des délégués conçu pour le propulser à l’investiture, Nikki Haley est désavantagée. En bref, les primaires sont terminées”, estime Kenneth Janda, auteur de L’évolution républicaine. C’est également l’analyse de l’équipe de campagne de Joe Biden, pour qui Trump a “verrouillé la nomination” de sa formation politique avec ce succès.

Le New Hampshire comporte toutefois un avertissement pour le Républicain. Selon un sondage de sortie des urnes de la chaîne CNN, seuls 38% des indépendants, ces électeurs ni démocrates ni républicains autorisés à participer à la primaire du GOP, ont voté pour lui. De mauvais augure en vue de l’élection générale du 5 novembre, où ce groupe électoral sera clé pour déterminer qui remportera la Maison-Blanche.

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