Un rapport divulgué hier révèle un côté sombre de l’Église protestante allemande. Il met en lumière le fait que près de 10’000 mineurs pourraient avoir été victimes de violences sexuelles. Invité vendredi matin à La Matinale, Pierre-Philippe Blaser, vice-président du Conseil de l’Église évangélique réformée de Suisse, s’est dit choqué. Il a précisé qu’une étude similaire sera réalisée en Suisse.
Après les nombreux scandales dans l’Église catholique, c’est au tour du monde protestant d’être touché par des affaires d’abus sexuels. Cette recherche, qui comprend plus de 800 pages, a été commandée par l’Église protestante allemande elle-même à plusieurs universités.
Interrogé sur les premières conclusions de l’enquête, qui pourraient ne représenter que la pointe de l’iceberg, Pierre-Philippe Blaser n’a pas caché son désarroi. Il a déclaré : “Mes collègues de l’Église réformée de Suisse et des différents cantons, ainsi que moi-même, sommes choqués et bouleversés par ces chiffres et ces informations (…) et aussi par le fait que les victimes n’ont pas été entendues de manière suffisante, régulière et précise. On pense bien sûr à toutes ces personnes qui ont peut-être des séquelles à vie.”
Questionné sur la perception selon laquelle l’Église catholique serait davantage touchée en raison du célibat des prêtres ou d’une structure plus centralisée et rigide, Pierre-Philippe Blaser a jugé que cette analyse était superficielle. Il a estimé que le principal problème révélé par cette étude est celui de la vigilance et de l’uniformité des mesures, et qu’il y a effectivement des différences entre les structures, mais que cela n’explique pas tout.
En Suisse, l’attente était grande concernant ce rapport sur l’Église protestante allemande, car l’Église réformée de Suisse prévoit également de lancer une recherche similaire. “Nous allons commander une étude précise qui remonte sur les années passées et qui soit fiable, académique et menée par des personnes indépendantes. Elle intégrera également les personnes qui ont été victimes”, a détaillé Pierre-Philippe Blaser.
Il a également rappelé que des mesures ont déjà été mises en place depuis cinq ans pour mettre en place des plans de protection et de signalement dans les églises réformées de Suisse. Il a admis que l’étude aurait pu être lancée plus tôt, mais a expliqué ce retard par la complexité de la structure fédérale de l’Église protestante suisse. Il a souligné que les résultats d’une étude approfondie pourraient être publiés d’ici 2026 ou 2027.
Propos recueillis par Valérie Hauert
Adaptation web : Tristan Hertig