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Festival de la BD d’Angoulême : le filon en or des reprises

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Festival de la BD d’Angoulême : le filon en or des reprises

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Sorti fin octobre, L’iris blancle dernier Astérix, scénarisé par Fabcaro, s’est écoulé à plus de 1,6 million d’exemplaires. En un mois dans les librairies, le numéro 22 de Gaston Lagaffe, Le retour de Lagaffe, par l’auteur Delaf, s’était déjà vendu à plus de 479 000 unités fin décembre. Les deux titres couronnent le palmarès des meilleures ventes BD de 2023 par la société d’étude de marché GFK. L’hommage à Lucky Luke, par Blutch, « fait un carton »s’enthousiasme Stéphane Aznar. Le directeur général de Dargaud évoque 50 000 livres vendus depuis le 1er décembre. Le dernier Blake et Mortimer, de Fromental, Bocquet et Floc’h, affiche 100 000 ventes.

On ne va pas se le cacher, c’est un débouché intéressant.

Pourquoi cet amour des vieux héros ? « Il y a une sorte de retour de bâton de la surproduction. Avec 5 000 nouveautés par an, les lecteurs non avertis reviennent à des valeurs sûres »analyse Gauthier Van Meerbeeck, directeur éditorial des éditions Le Lombard. « Ce sont des séries qui se transmettent de grands-parents à petits-enfants »complète Stéphane Aznar. Illustration dans le pavillon du Champ-de-Mars. Marc Chasnier, festivalier de Poitiers, repart avec une pile de BD. Dans le lot : le dernier Lucky Luke. « Je l’ai acheté pour mon petit-neveu, précise le fana de bulles. Moi je suis à l’ancienne, l’époque de Morris, mais c’est une manière de faire le pont avec la jeune génération. »

Les maisons d’éditions se sont engouffrées dans la brèche. « On fait vivre nos séries patrimoniales »confirme avec pudeur Stéphane Aznar. « On ne va pas se le cacher, c’est un débouché intéressantadmet Gauthier Van Meerbeeck, dont la maison d’édition vient de publier le deuxième tome du spin-off de Thorgal. C’est une demande d’un lectorat qui est prêt à payer. »

Normal aux USA

« Il ne faut pas se moquer des gens »consent Gauthier Van Meerbeeck. Mais les reprises présentent un sérieux avantage : « les séries restent modernes avec de nouveaux auteurs, elles s’adressent au plus grand nombre »juge Stéphane Aznar. Corentin Rouge, dessinateur du dernier Thorgal, approuve. Son album de 122 pages, contre 45 pour les cycles historiques, offre une expérience différente. « Les nostalgiques s’en détourneront, mais on touche un public plus jeune, pas prêt à se lancer dans une série de 40 tomes », veut croire l’illustrateur.

Mais gare à la mauvaise reprise, les lecteurs ne pardonnent pas. « Je n’aime pas quand ils usent une série jusqu’à la moelle pour continuer à faire du bénéf’»grogne Bertrand Gimot, visiteur du Festival. Gauthier Van Meerbeeck, balaye le procès de la course au profit. « Les reprises font partie du métier depuis toujours. Aux États-Unis c’est le fonctionnement normal de l’édition. On ne connaîtrait pas Batman si c’était resté à Bob Kane (le créateur du super-héros). » « On nous autorise à jouer avec nos mythes à nous », se réjouit Fred Duval, le scénariste du spin-off de Thorgal.

Jouer et pas copier. « L’éditeur veille au grain, notamment sur la cohérence avec la série principale, mais nous laisse une grande liberté. » Sous sa plume, le Viking aux millions d’albums vendus découvre l’Amérique du Nord, une première dans la série. Corentin Rouge rebondit : « On a conservé seulement trois personnages des cycles précédents, tous les autres sont des créations. »

Pression commerciale

Comment les artistes résistent-ils à la pression ? « Je n’ai pas réfléchi à la fan base ou au regard que pourrait porter Rosinski (l’illustrateur historique), j’ai fait l’autruche »sourit le dessinateur, confiant de son travail. « Au début il y a un ‘gloups’, mais faut se lancer, complète son scénariste, fan de Thorgal depuis son adolescence. Il faut respecter les personnages. »

« En fait la pression n’est pas tant artistique que commerciale »poursuit Corentin Rouge. Les deux bédéistes savent leur tome attendu. La pochette de l’album s’affiche dans toutes les gares de France et l’éditeur a lancé le tirage à 70 000 exemplaires. « Je sais ce que c’est de faire une BD à 8 000 exemplaires, charger les livres dans le camion pour aller faire des dédicaces car la vente patine, commence Fred Duval. Là j’ai cette pression, mais je n’y peux rien. »

2024-01-26 21:37:20
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