«Libé» tout en BDdossierAprès avoir récompensé un outsider en 2023, c’est le très installé auteur américain qui trône au sommet du palmarès du festival charentais.
Quelques manifestants pro-Palestine postés calmement devant le théâtre, quelques agriculteurs mécontents, quelques invectives sans grande méchanceté adressées à Rachida Dati dans l’après-midi… A l’issue d’une 51e édition du festival d’Angoulême peu tumultueuse comparée à l’édition 2023 traversée par la polémique que l’on sait sur Bastien Vivès, tout le gratin de la bande dessinée est amassé ce samedi soir dans le théâtre d’Angoulême pour la cérémonie de remise des Fauves – «Une chatte ! C’est une chatte !» s’exclame le très farfelu éditeur d’Aline, le fanzine hollandais qui vient de remporter le Fauve de l’édition alternative, doté d’un chèque de 1000 euros. Hurlements de rire dans la salle.
Le reste du palmarès célèbre un registre autrement plus sérieux. Le si convoité Fauve d’or, remis l’an dernier au surprenant outsider Martin Panchaud pour la Couleur des choses, revient cette année à un auteur beaucoup plus installé, l’inévitable Daniel Clowes, qui étonnamment n’avait encore jamais été récompensé jusqu’ici à Angoulême malgré son rayonnement sur toute la bande dessinée indépendante des trente dernières années. Le voilà enfin dûment couronné à 62 ans pour Monica, livre apocalyptique à la narration complexe qui joue jusqu’au bout avec les certitudes du lecteur. Ou, dans les termes de l’ex-Daft Punk Thomas Bangalter, président du grand jury venu remettre ce Fauve sous les ovations du public : «Un roman graphique unique et inclassable, une expérience sensorielle, multicolore, addictive et qui se transforme à chaque lecture – l’histoire d’une vie, l’histoire d’une femme». L’auteur américain n’était malheureusement pas présent pour récupérer sa statuette. Pourtant venu exprès de San Francisco pour l’occasion, il s’est retrouvé bloqué à Paris, malade du Covid. Il y a une semaine, le grand prix lui passait sous le nez : pour cette récompense décernée l’an dernier à Riad Sattouf, Clowes était shortlisté aux côtés de Catherine Meurisse et Posy Simmonds mais c’est cette dernière qui a raflé le trophée et sera donc exposée en splendeur l’an prochain. Le travail de l’autrice britannique est visible en ce moment et jusqu’au 1er avril au centre Pompidou.
Le palmarès complet
Fauve d’honneur
Moto Hagio
Prix Konishi
Odilon Grevet pour la traduction de Bokko/Stratège T.1 (Vega Dupuis). Scénario de Sentaro KUBOTA ; dessin de Hideki MORI
Prix René Goscinny
Meilleur scénario
Julie Birmant pour Dalì – 1 – Avant Gala, dessin de Clément Oubrerie (Dargaud)
Jeune scénariste
Simon Boileau pour la Ride, dessin de Florent Pierre (Dargaud)
Fauve Jeunesse
L’incroyable mademoiselle Bang ! de Yoon-Sun Park (Dupuis)
Fauve spécial du Grand prix jeunesse
Bâillements de l’après-midi – Tome 1 de Shin’ya Komatsu (IMHO) et les Petites Reines de Magali Le Huche (Sarbacane).
Fauve polar SNCF Voyageurs
Contrition, par Keko et Carlos Portela (Denoël Graphic)
Fauve bande dessinée alternative
Aline, par I Am Aline (Hollande)
Eco-Fauve Raja
Frontier, de Guillaume Singelin (Label 619 / Rue de Sèvres)
Fauve Patrimoine
Quatre Japonais à San Francisco (1904-1924), de Henry Yoshitaka Kiyama (Onapratut / Le Portillon)
Fauve – prix du public France Télévisions
Des maux à dire, par Beatriz Lema (Sarbacane)
Fauve des lycéens
Le visage de Pavil, de Jérémy Perrodeau (éditions 2024)
Fauve révélation
L’homme gêné, de Matthieu Chiara (L’Agrume)
Fauve de la série
La jolie maison au bord du lac T.2, d’Álvaro Martinez Bueno et James Tynion IV (Urban Comics)
Fauve spécial du jury
Hanbok T.1, de Sophie Darcq (L’Apocalypse)
Fauve d’or – meilleur album
Monica, de Daniel Clowes (Delcourt)
2024-01-27 22:31:00
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