La lutte contre le cancer : le témoignage poignant de Valérie, une patiente guérie

La lutte contre le cancer : le témoignage poignant de Valérie, une patiente guérie

C’est une belle femme, sportive, souriante, de celles qui plantent leur regard dans le vôtre. Direct. Une femme guérie enfin, et qui ose le revendiquer. Car elle a traversé le feu pendant vingt ans : un mauvais cancer, des traitements éreintants, des jours noirs enfermés dans un sas, la trouille au ventre, l’espoir, la colère, le désespoir. « Guérir est une bataille qu’on ne gagne jamais seul, lâche-t-elle. Confiance à 200 % dans mes médecins, dans la science et un solide appui de ma team, au quotidien. Mon mari, mes enfants, mes proches qui ont cru pour moi, avec moi, n’ont jamais cédé. »
Jamais dans son récit, sa voix ne frémit, guérir est un véritable boulot à temps plein. « L’alimentation, le sport et la joie de vivre ont été indispensables, aussi… »
Donc, Valérie est infirmière, on est en 2001, elle a 36 ans, deux enfants, une chouette vie. Ce jour-là, elle se balade à Bordeaux, avec une ribambelle d’enfants…


Valérie, patiente guérie d’un cancer, à côté du professeur François-Xavier Mahon, chercheur hématologue et directeur général de l’Institut Bergonié à Bordeaux.

Thierry DAVID/ « SO »

« J’ai ressenti une douleur dans la poitrine, un truc violent comme un infarctus et je suis tombée dans les pommes, se souvient-elle. Les pompiers sont intervenus, mais j’ai pu rentrer chez moi. Mon médecin, à ce moment là, pense que je suis stressée, un peu hystéro, en gros je “psychote”. Mais moi ça ne me rassure pas, je ressens un poids côté gauche, et cette fatigue que je traîne depuis trop longtemps. Je consulte un autre médecin qui m’ausculte et observe que ma rate est énorme. Il a suffi d’une échographie et d’une prise de sang pour que le diagnostic tombe. Le 11 septembre 2001, le jour où s’effondrent les tours jumelles aux États-Unis : leucémie myéloïde chronique. Mes enfants sont si petits, 5 et 7 ans. Le coup de massue. »
Chimio, autogreffe, greffe…
Valérie sera aussitôt prise en charge médicalement, un traitement à base d’interféron et très vite, son oncologue lui propose la possibilité d’une autogreffe. « Le protocole me semblait lourd, il fallait que je reste en chambre stérile, avec enfants si jeunes, je n’étais pas prête. Mais l’interféron génère des effets secondaires, notamment de la dépression. J’ai tout de suite été soutenue par un psy, mais j’étais comme en état de sidération. Heureusement, ça n’a pas duré, j’ai repris pied dans la vie concrète et je me suis placée en mode combat. J’ai testé une thérapie ciblée, qui n’a pas fonctionné sur moi, et en 2004 j’ai accepté l’autogreffe. »
Rien ne se passe comme prévu, Valérie est amaigrie, affaiblie physiquement. Des infections, une septicémie s’enchaînent, mettant sa vie à court terme en danger. « J’ai failli mourir, plusieurs fois. À deux doigts. Mais je ne baissais toujours pas les bras, il fallait basculer sur l’option greffe, je suis restée longtemps sur une liste de demandeurs, sans jamais trouver le bon donneur. Alors, j’ai testé une autre thérapie ciblée, un nouveau médicament. On est en 2006. »
Bingo. Après plusieurs mois à ce régime thérapeutique, Valérie sent qu’elle se relève. Une prise de sang va très vite attester ce sentiment : les résultats montrent une amélioration spectaculaire des indicateurs. La maladie régresse. « On n’a pas sauté au plafond tout de suite, reprend Valérie, il a fallu attendre une confirmation, puis deux, puis trois. » Bref des années, durant lesquelles elle se rend compte qu’elle peut reprendre le boulot, une vie normale, son sport, ses vacances, des projets. Si ce n’était cette satanée épée de Damoclès qui s’était entêtée.
Du vélo sans les petites roues
Le professeur François-Xavier Mahon, hématologue, chercheur, bien que directeur général de l’Institut Bergonié, à Bordeaux, s’occupe du cas de Valérie. « À un moment, après des années de succès du traitement, notre rôle en tant que thérapeute est d’accompagner le patient à lâcher son médicament. Car s’il se révèle salvateur, il reste un médicament, avec des effets secondaires, notamment sur le cœur. Ce travail de décrochage est très long. J’ai dû mettre mes pas dans les pas de la patiente, comprendre ses réticences, attendre le bon moment. Nous avons attendu ensemble deux ans. Je lui expliquais qu’il était temps pour elle d’apprendre à faire du vélo sans les petites roues. »
Valérie sourit, admet que lâcher le médicament fut une nouvelle épreuve pour elle. « Je savais qu’il y avait un risque, d’environ 40 %, que la maladie reparte mais, dans ce cas, je serais soignée. Il a fallu que je fasse confiance, que j’accepte d’être très suivie les premières semaines après l’arrêt définitif de mon traitement. Le jour de mon anniversaire, j’ai plongé dans cet inconnu. Une libération. J’ai été soignée par les professeurs Gérald Marit et François-Xavier Mahon, le premier à Haut-Lévêque (CHU de Bordeaux) et le second à Bergonié. Ces deux-là font partie de ma vie désormais. »
François-Xavier Mahon aime à dire que l’étymologie du mot « guérison » vient de « défense » : « C’est presque un terme guerrier. »
#guérie #cancer #elle #témoigne
2024-02-03 20:00:00

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