(Agence Ecofin) – La Chine est devenue le partenaire privilégié de plusieurs pays africains riches en ressources minières. Les investissements chinois sur le continent ont permis à Pékin de prendre de l’avance sur ses concurrents occidentaux dans la course aux minéraux essentiels à la transition énergétique.
Pour devenir un partenaire privilégié des États africains, les gouvernements occidentaux doivent “faire beaucoup de ce que les Chinois ont fait en matière de construction d’infrastructures et d’aide aux entreprises”. C’est l’opinion de Neal Froneman (photo), PDG du groupe sud-africain Sibanye-Stillwater, spécialisé dans les métaux du groupe de platine et d’or.
Ces propos, rapportés le lundi 5 février par Reuters, interviennent alors que l’Union européenne et les États-Unis multiplient les initiatives en faveur du secteur minier africain. Parmi ces projets, on retrouve les investissements pour le développement du corridor de Lobito afin de favoriser les exportations zambiennes et congolaises de cuivre et cobalt, la construction d’une usine de production de nickel de qualité batterie en Tanzanie, ou encore le soutien au développement d’une unité locale pour les matériaux de batteries électriques entre la RDC et la Zambie.
Ces différentes initiatives s’inscrivent dans une stratégie plus large de l’UE et des États-Unis, destinée à sécuriser l’approvisionnement en minéraux critiques pour leurs industries liées à la transition énergétique. Le cuivre, les terres rares, le cobalt et le nickel africains sont indispensables pour les véhicules électriques, les panneaux solaires et les éoliennes. La Chine a déjà acquis une avance considérable dans le domaine grâce à des partenariats avec les États africains et les investisseurs opérant dans ces États.
Pour rattraper ce retard, M. Froneman encourage les gouvernements occidentaux à soutenir les entreprises opérant dans le secteur minier africain, à l’instar du groupe qu’il dirige. Selon lui, ce soutien permettrait à ces entreprises de rivaliser avec les groupes chinois soutenus par Pékin, notamment lors des batailles pour l’acquisition d’actifs miniers dans le secteur des minéraux critiques.
Cependant, il est important de noter que la concurrence chinoise n’est pas le seul défi auquel font face les partenaires occidentaux des pays africains. Par exemple, Sibanye-Stillwater a récemment perdu la bataille pour reprendre les actifs de cuivre de Mopani en Zambie. Bien que le groupe chinois Zijin était en lice, c’est finalement la société émiratie International Resources Holdings qui a été choisie par l’État zambien pour relancer ce projet capable de livrer annuellement 225 000 tonnes de cuivre.
En outre, la solution proposée par M. Froneman ne correspond pas nécessairement aux attentes des États africains, qui souhaitent avant tout des investissements dans la transformation locale. Sur ce point, la Chine n’est pas un modèle à suivre, car les investissements de Pékin visent principalement l’exploitation minière pour approvisionner les industries chinoises en matières premières.
Emiliano Tossou
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