Ralentissement des augmentations salariales en 2024 : quel impact sur les salariés et les entreprises ?

Ralentissement des augmentations salariales en 2024 : quel impact sur les salariés et les entreprises ?

Le ralentissement est acté : les budgets d’augmentations ne dépasseront pas les 3,6 % pour les non-cadres et 3,4 % pour les cadres. C’est ce que révèle l’analyse faite par le Groupe Alpha, spécialiste des Ressources humaines, qui a passé au crible plus de 600 accords d’entreprises, dont plus de 400 ayant terminé leur négociations annuelles obligatoires (NAO). C’est-à-dire plutôt des grandes entreprises.

Un autre cabinet, LHH ayant pignon sur rue, doté d’un Observatoire annuel de la Performance sociale et des rémunérations, va dans le même sens : les mesures de rémunérations s’annoncent plus faibles cette année, en réponse à la baisse progressive de l’inflation. Ainsi, les prévisions illustrent un retour à la normale : pour 2024, 85 % des entreprises prévoient des mesures salariales à hauteur d’un budget médian de 3,6 %.

Dans 60% des cas, pas d’augmentations générales

Selon l’observatoire LHH, la pratique d’augmentations générales est attendue dans 40 % des entreprises. Et ce sont surtout les populations d’ouvriers, de techniciens, d’agents de maîtrise qui en bénéficieront : dans 8 entreprises sur 10 pour un taux médian de 3 % pour les ouvriers et 2,7 % pour les autres.

Pour les autres, et notamment les cadres, les employeurs cherchent plutôt à marquer les différences entre les salariés, et préfèrent user d’enveloppes individuelles. Ainsi, plus de 9 entreprises sur 10 prévoient des hausses personnalisées avec un taux médian de 2,5 %.

Enfin, pour un tiers des entreprises, l’effort salarial est particulièrement marqué avec le cumul des augmentations générales mais aussi des augmentations individuelles pour l’ensemble des populations. Mais cela reste donc une minorité.

Des différences entre les secteurs

Dans l‘industrie, les directions se montreront les plus généreuses. Contraintes par des difficultés de recrutement, elles ont la pression pour attirer et garder leurs talents. L’énergie, la métallurgie et le transport sont ainsi les secteurs où les progressions attendues sont les plus fortes. Les métiers autour de la data et du numérique sont très valorisés.

En revanche, comme à l’accoutumée, les augmentations seront moindres dans les secteurs de la santé, du soin, ou encore du social, et ce, malgré des tensions sur le recrutement…

Des mesures salariales complémentaires

En revanche, alors qu’ils avaient été relégués au second plan ces derniers années, « les packages », c’est à dire les compléments de rémunérations – mutuelles, indemnité carburant etc – reviennent en force en 2024. En effet, les entreprises cherchent ainsi à se distinguer en proposant une offre attrayante sur la durée.

Des primes seront distribuées, mais dans une moindre mesure. Selon le groupe Alpha, à peine un tiers des entreprises qui ont signé un accord salarial, ont intégré, cette année, une prime de partage de la valeur, d’un montant global de 860 euros. L’an dernier, près de 37,5 % des employeurs y avaient eu recours, et l’enveloppe était plus importante, puisqu’elle dépassait les 1.200 euros en moyenne.

Perte de pouvoir d’achat des salariés

De fait, cette année, les actifs risquent de voir leur pouvoir d’achat se réduire encore un peu plus, alors même que la Banque de France prévoit une inflation à 2,5 % en 2024. En effet, même si elle ralentit, l’inflation se poursuit.

Et surtout, selon l’OCDE, la situation économique globale reste particulièrement fragile. Entre les tensions géopolitiques en Mer rouge, la récession en Allemagne, les élections américaines… le monde des affaires n’a que peu de visibilité. Et les risques de faire grimper les prix sont plus nombreux que prévus.

De quoi occasionner de possibles tensions sociales entre les salariés et les directions. Des conflits où les actifs seront un peu moins en position de force que les années précédentes, car depuis plusieurs mois, le chômage repart à la hausse. Et la crainte de perdre son emploi pourra freiner les revendications.