Home » International » Objectif climatique pour l’Union européenne en 2040: Quelle feuille de route?

Objectif climatique pour l’Union européenne en 2040: Quelle feuille de route?

by Nouvelles
Objectif climatique pour l’Union européenne en 2040: Quelle feuille de route?

Bruxelles (AFP) – Quel objectif climatique pour les Vingt-Sept en 2040 ? Bruxelles dévoile mardi sa feuille de route pour poursuivre le décarbonation tous azimuts, alors que la crise agricole illustre les tensions croissantes face aux normes environnementales, à quatre mois des élections européennes.

L’UE s’est déjà fixé comme objectif de réduire de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 1990, pour atteindre la neutralité carbone en 2050. En guise de cible intermédiaire, la Commission européenne devrait recommander de viser en 2040 une baisse nette de 90 %, selon des documents de travail. Cela signifie poursuivre le même rythme de réduction que sur la période 2020-2030, offrant un horizon prévisible aux investisseurs.

Mais Bruxelles doit surmonter les inquiétudes sur l’impact socio-économique d’une transition forcée vers le verdissement : son “Green Deal” est devenu un sujet d’inquiétude pour l’opinion. Après des succès dans les secteurs des transports, de l’énergie et de l’industrie, ce vaste ensemble de législations environnementales s’est heurté à des oppositions féroces sur les sujets agricoles de la part des eurodéputés de droite et des agriculteurs. Tandis que certains dirigeants réclament “une pause réglementaire” pour soulager les entreprises et les ménages.

“Nous devons marcher sur deux jambes : l’ambition climatique d’un côté, et de l’autre s’assurer que nos entreprises restent compétitives, que la transition soit équitable”, soulignait mi-janvier le commissaire au Climat Wopke Hoekstra.

Onze Etats, dont la France, l’Allemagne et l’Espagne, ont certes demandé à Bruxelles “un objectif climatique ambitieux”, dans une lettre commune consultée par l’AFP. Mais les signataires ont également appelé à une transition “juste et équitable”, “économiquement réalisable, aux coûts gérables, ne laissant personne de côté, particulièrement les plus vulnérables”, renforçant “sécurité énergétique et compétitivité industrielle”.

À l’approche du scrutin de juin, où une montée de l’extrême droite et des nationalistes est attendue, le débat sur les normes environnementales – au cœur des récentes manifestations agricoles – s’avère politiquement explosif.

L’exécutif européen était tenu d’actualiser ses projections post-2030 dans les six mois suivant la COP28 de décembre : mais, contexte pré-électoral oblige, Bruxelles ne dévoilera mardi qu’une simple “communication”. La prochaine Commission issue du scrutin de juin sera chargée de soumettre aux États et au Parlement européen renouvelé une proposition législative formelle.

Les projections 2040 devraient reposer en partie sur le captage et le stockage de volumes importants de carbone – au grand dam d’ONG fustigeant ces technologies “non prouvées” et réclamant des cibles brutes de réduction d’émissions. Pour autant, l’effort restera considérable et devrait toucher tous les secteurs, de l’électricité à la sidérurgie, voire l’agriculture (11 % des émissions européennes).

Faudra-t-il un second “Pacte vert” ? Marché du carbone, transports, taxe carbone aux frontières… Avec les législations déjà adoptées, “le job a été fait pour la période pré-2030, l’accélération se fait maintenant, ensuite ce sera une prolongation” des efforts, tempère Pascal Canfin, président (Renew, libéraux) de la commission Environnement au Parlement européen.

“Évidemment, si on ne continue pas, on n’atteindra pas l’objectif final. Si les conditions politiques ne sont pas réunies, ça ne se fera pas : un enjeu de l’élection, c’est la poursuite du +Green Deal+. Sortir l’objectif 2040 maintenant oblige chacun à se positionner”, avertit-il.

Dans son viseur, le PPE (droite), première force du Parlement devenue réfractaire au Pacte vert, alors que la présidente de la Commission Ursula von der Leyen et le commissaire Hoekstra appartiennent au même camp.

“Avec sa mise en œuvre, nous constatons de plus en plus combien l’objectif climatique 2030 est ambitieux. C’est facile de fixer un chiffre, plus difficile de réellement s’assurer que la transition se déroule dans l’industrie, parmi les citoyens”, réplique l’eurodéputé PPE Peter Liese.

Rapporteur d’une réforme du marché carbone avant d’attaquer la loi “restauration de la nature”, il juge “très ambitieuse” une cible de -90 % et réclame “le bon cadre politique”, dont des contraintes allégées pour les industriels.

“Surtout, nous devons emmener les gens avec nous, en particulier les familles à faible revenu” qui “devraient être accompagnées, beaucoup plus ciblées”, insiste-t-il.

L’UE “doit tirer les leçons des erreurs passées, renforcer à la fois sa politique industrielle et la dimension sociale”, commente Elisa Giannelli, de l’ONG E3G. “Avec la campagne électorale, se tromper permettrait aux voix conservatrices et populistes de faire dérailler” la transformation verte européenne.

© 2024 AFP

You may also like

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.