Quel plaisir d’apprendre ce matin par le Corriere della Sera qu’en 1974, l’opinion de la Famiglia Cristiana était si largement prise en considération par les familles italiennes. Mais quelle déception de découvrir, au même moment, qu’Anna Maria, la fille du futur président Francesco Cossiga, ne pouvait pas aller au cinéma pour voir Graffitis américains en raison du jugement de notre journal. Et comme il est étonnant, enfin, de se rappeler qu’un père pouvait autrefois avoir une telle autorité et qu’une fille, alors âgée de treize ans, obéissait sans poser de questions.
L’avis que rapportait Cossiga, après avoir consulté, comme c’était apparemment son habitude, les pages consacrées au cinéma au sein de la rubrique Les jugements du CCC le Centre Catholique du Cinémafu : « Inconvenant, ambigu ». De quoi empêcher sa fille adolescente de sortir.
Le CCC, qui trouve son origine dans la publication des Recommandations cinématographiques commandées par Pie pour regarder ou diffuser. Famiglia Cristiana rapportait donc également chaque semaine les informations relatives aux films en salles.
C’étaient des époques différentes et, peut-être, American Graffiti n’était-il pas adapté à un jeune de treize ans à l’époque (aujourd’hui on le proposerait aux élèves du primaire), mais était-on vraiment si catégorique en jugeant un film, entre drame et comédie, portrait d’un génération dans les années sombres de la guerre du Vietnam ? Une œuvre que tous reconnaissent comme une pierre angulaire du cinéma et qui l’American Film Institute placé à la soixante-dix-septième place du classement des meilleurs films américains de tous les temps ?
Heureusement notre jugement était, à certains égards, un peu plus indulgent. En fait, nous avons écrit « Discutable, difficile ». Sévère donc, mais pas inutilement censurant et avec la conscience que regarder un film complexe est encore possible.