2024-02-04 11:27:52
Une personnalité écrasée par le fardeau des responsabilités accumulées par la monarchie au cours des longues années d’acquiescement et de complicité envers le fascisme.
Le fils du dernier roi d’Italie meurt dans une indifférence substantielle : triste témoignage d’une incapacité personnelle absolue à interpréter non seulement le rôle de prétendant mais aussi celui d’héritier d’un passé familial qui a marqué l’histoire. En réalité, c’est justement le poids de ce passé, conjugué aux vicissitudes d’une enfance et d’une adolescence vécues entre désaccords familiaux et vide de l’exil, qui ont écrasé sa personnalité trop fragile. Cavallo n’était certainement pas un accident. C’était l’explosion inconsidérée de rage meurtrière d’un jeune homme trop faible et trop gâté. que seul un cercle sombre d’amis a réussi à sauver du châtiment mérité. L’entendre raconter ces événements dans un récent documentaire télévisé donne l’impression douloureuse d’un manque de conscience confinant à l’impudeur que peut avoir un enfant.
Aussi Vittorio Emanuele, comme Umberto, manquait aussi du modeste confort d’un légitimisme digne de ce nom., parée d’une certaine noblesse de culture comme celle dont jouirent par exemple longtemps les Bourbons de France. En fait, tant à Cascais qu’à Genève, je pense que personne ne s’est jamais fait d’illusions sur ce que valaient les actes d’Alfredo Covelli ou du commandant Achille Lauro et pouvaient représenter ici en Italie : une chose très misérable destinée à ne laisser aucune trace. Donc en 2003 le retour en Italie, loin d’être la conclusion d’une bataille gagnée, même si tout à fait symbolique, n’était que la confirmation d’une insignifiance.
Dans l’histoire, les péchés des pères retombent sur leurs enfants. Souvent même sur les enfants de leurs enfants: injuste mais ainsi. Et dans un certain sens, Vittorio Emanuele fut le dernier à payer pour la chaîne d’erreurs tragiques de son grand-père ainsi que pour la folie de son père. La trahison du Statut et l’acceptation timide du fascisme jusqu’à la législation raciste et la guerre aux côtés de l’Allemagne par Vittorio Emanuele III; au lendemain du 8 septembre, l’incapacité d’Umberto à prendre une quelconque initiative, à faire quelque chose, par exemple rejoindre les bandes partisanes royalistes du Piémont pour lutter contre les Allemands.
De ce fardeau, ce n’est que de ce très lourd fardeau, de ses conséquences et de rien d’autre, que l’homme qui a fermé les yeux hier était en réalité l’héritier: comment peut-on s’étonner qu’il en soit écrasé ?
4 février 2024 (modifié le 4 février 2024 | 09:12)
© TOUS DROITS RÉSERVÉS
#poids #des #péchés #ses #pères #mais #aussi #les #siens #sur #Vittorio #Emanuele #Corriere.it
1707258702