Cienciaes.com : Science idiote. Nous avons parlé avec Pablo Palazón.

Le wasabi, condiment extrêmement épicé courant dans la cuisine japonaise, provient d’une plante complexe qui, lorsqu’elle est endommagée, libère un composé volatil qui provoque une intense sensation de démangeaison, notamment au niveau des voies nasales. Cela peut sembler être le préambule d’un discours sur la gastronomie, en réalité je fais référence à la proposition innovante d’un groupe de scientifiques d’utiliser le wasabi comme alarme incendie ! Même si l’idée peut paraître folle, il s’agit d’une véritable enquête, décrite avec beaucoup d’humour par Pablo Palazon dans son livre Science idiote.

Lors de l’interview dans « Talking with Scientists », Pablo Palazón mentionne que la source d’inspiration pour son livre a été les prix Ig Nobel. Ces prix, parodie des prix Nobel, sont décernés chaque année lors d’une cérémonie à l’Université Harvard pour célébrer les recherches qui provoquent d’abord le rire puis la réflexion, de manière insolite et ludique. L’alarme incendie créative au wasabi a valu à ses inventeurs le prix Ig Nobel de chimie en 2011.
Pablo Palazón reconnaît que le terme « idiot » peut être un peu inconfortable, mais, comme c’est souvent le cas, tout dépend du contexte et du ton avec lequel il est utilisé. Il l’utilise dans le sens que nous lui donnons lorsqu’un ami dit quelque chose d’esprit et de fou qui nous fait rire et s’exclamer affectueusement, quel idiot ! Et cela est démontré avec plus de 40 cas de recherche qui nous permettent de connaître ce côté surprenant de la science et des scientifiques qui, au lieu de nous ennuyer par leur sérieux, nous font sourire et, surtout, apprennent en même temps.

Je commenterai brièvement certains des sujets évoqués lors de l’entretien et dans le livre.

Un professeur australien, Thomas Parnell, a décidé de montrer à ses étudiants combien il est parfois difficile de distinguer un solide d’un liquide. Pour cela, il a conçu une expérience. Le matériau choisi était du brai, un matériau noir qui semble solide à température ambiante, même si le professeur Parnell savait qu’il s’agit en réalité d’un liquide très visqueux. Il plaça le goudron dans un entonnoir et attendit qu’il coule. La première goutte a mis près de 9 ans à tomber et l’expérience se poursuit aujourd’hui, devenant la plus longue jamais conçue.

Pour étudier comment marchaient les dinosaures, un professeur de l’Université du Chili, Bruno Grossi, a décidé d’utiliser un parent actuel de ces animaux anciens : le poulet. Les dinosaures théropodes ont laissé de nombreuses empreintes fossiles similaires à celles des oiseaux, mais leur dynamique de marche était différente car ils avaient une queue énorme et lourde. Pour imiter cette dynamique, Grossi a décidé de déguiser le poulet en dinosaure en ajoutant un poids sur le dos. Il a ainsi déplacé le centre de gravité de l’animal, le forçant à se déplacer comme le faisait un dinosaure. La marche comique du poulet a permis à Grossi de démontrer sa théorie et pour cela il a reçu le prix Ig Nobel de biologie en 2015.

Un groupe de chercheurs a appliqué ses connaissances en physique pour calculer la pression qui s’accumule à l’intérieur du corps d’une certaine espèce de manchots qui ont tendance à jeter leurs excréments comme des projectiles à de grandes distances de leur nid et à le maintenir propre pendant qu’ils se reproduisent. D’autres ont décidé d’étudier les effets d’un médicament pour lutter contre le décalage horaire et n’ont pas trouvé de meilleure idée que de donner du Viagra à certains hamsters en laboratoire. Proposer une auto-coloscopie, faire nager des champions olympiques dans du sirop ou construire un répulsif électromagnétique pour adolescents sont d’autres véritables enquêtes racontées avec une forte dose d’humour par Pablo Palazondans son livre Science idiote.

Je vous invite à écouter Pablo Palazón, biologiste moléculaire, docteur en immunologie de l’Université de Manchester, vulgarisateur et podcasteur.

Les références:

Science idiote
Pablo Palazon
@EyeWithScience