« Nous sommes au gouvernement, pas au pouvoir », quotidien Junge Welt, 10 février 2024.

« Nous sommes au gouvernement, pas au pouvoir », quotidien Junge Welt, 10 février 2024.

2024-02-10 02:00:00

Cristian Bayona/IMAGO/Zuma sur le fil

Gustavo Petro est le premier président de gauche de Colombie (Bogotá, 8 février 2024)

Le gouvernement colombien, dirigé par le président Gustavo Petro, est désormais au pouvoir depuis presque deux ans. Quelle conclusion intermédiaire tirez-vous en tant que membre de l’aile gauche de la coalition ?

Le projet de Petro n’est pas révolutionnaire, mais réformiste. Il vise à moderniser la société. L’énorme concentration de la propriété foncière rappelle davantage un mode de production féodal que le capitalisme moderne.

Petro, en tant que président, et votre coalition peuvent-ils facilement mettre en œuvre des changements d’une telle envergure ?

Nous sommes au gouvernement, mais pas au pouvoir. Il reste aux mains d’une classe réactionnaire et est étroitement lié au crime organisé. Au fil des décennies, ils ont également créé une structure juridique qui ne peut être modifiée – sans parler de tout le personnel des ministères.

Cela ressemble à une énorme résistance. Qu’avez-vous pu réaliser en un an et demi ?

Le gouvernement donne la priorité aux questions sociales et foncières. Avec une réforme fiscale progressive, nous avons voulu taxer la production pétrolière des multinationales. Cependant, une partie de ces fonds a été confisquée par la Cour constitutionnelle. En conséquence, nous perdons six mille milliards de pesos (environ 1,4 milliard d’euros, jW), qui manquent désormais à la politique sociale. Nous considérons le rôle de Petro en matière de politique étrangère de manière très positive. Il sait faire entendre sa voix dans les grands débats, sur le changement climatique, sur la guerre en Ukraine, dans le rejet clair du génocide contre le peuple palestinien. Le gouvernement est sous pression en raison des nombreuses campagnes de droite et du parquet politiquement exploité. Il faudrait certainement qu’elle agisse avec plus de cohérence sur certains points.

Le chômage et la mortalité infantile ont baissé, le salaire minimum a augmenté, le tourisme s’est développé… Néanmoins, les résultats de l’enquête de Petro ne sont plus aussi bons qu’ils l’étaient au début de son mandat. Pourquoi donc?

Cela est principalement dû à la campagne de discrédit de la droite. Mais le gouvernement a certainement aussi le problème de ne pas s’expliquer suffisamment bien. Même si le président a une capacité particulière à maintenir le contact avec la population, le gouvernement ne parvient pas à faire connaître ses activités de manière adéquate.

Dans quelle mesure pensez-vous que le projet de Petro pour une « paix totale », c’est-à-dire de nouveaux accords de paix avec les groupes armés restants, est réaliste ? Les négociations n’avancent pas dans certains cas, tandis que les violences augmentent à nouveau dans certaines régions du pays…

Le non-respect des accords précédents rend difficile la conviction des acteurs armés que l’État respectera cette fois-ci les accords. Mais si les faits ne sont pas établis dans les régions touchées par la violence, si les assassinats de dirigeants sociaux et d’ex-guérilleros et les enlèvements ne diminuent pas, la politique de « paix totale » manquera de soutien. Et lorsqu’il s’agit de montée de la violence, elle n’est pas uniquement liée au conflit politique. Une part importante de ce phénomène est due à la criminalité dans les grandes villes et, à son tour, au manque de perspectives pour les jeunes.

Comment évaluez-vous la politique étrangère de Petro et ses relations avec les États-Unis, la Chine et l’UE ?

Aucun gouvernement colombien ne peut négliger ses relations avec les États-Unis, qui constituent un partenaire commercial important et avec lesquels il existe une étroite coopération militaire. Jusqu’à présent, Petro a traité cette question de manière pragmatique. Il s’appuie sur de bonnes relations avec les États-Unis sans subordonner la Colombie et agit de manière autonome sur les questions de politique étrangère. Les relations avec la Chine se sont considérablement intensifiées. Notre position s’est également progressivement améliorée dans nos relations avec l’UE.

Quels projets clés le gouvernement colombien a-t-il prévu pour cette année et quelles priorités souhaiteriez-vous fixer en tant que partie gauche du gouvernement ?

Le gouvernement donne la priorité aux réformes dans les domaines de la santé, du travail, des retraites et de l’éducation. L’exploitation minière, à laquelle sont liés de nombreux conflits, devrait être réglementée plus strictement. Nous voulons dépasser la politique néolibérale et ouvrir la voie à une nouvelle politique dans les domaines économique et social.



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