Ma grand-mère aurait dit qu’Hélène Mercier a fait un très bon mariage lorsqu’elle a épousé Bernard Arnault en 1991. À l’époque, le dirigeant de LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton SE était déjà assis sur l’une des plus grosses fortunes de France. Mais elle ne devait certainement pas s’imaginer qu’un jour il en ferait l’épouse la plus riche du monde.
L’exploit est survenu l’an dernier lorsque Bloomberg a sacré le magnat du luxe français “homme le plus riche du monde”, avec des actifs nets estimés à 162 G$, devançant Elon Musk et Jeff Bezos, avec qui il se partage le podium des gens richissimes depuis quelque temps. (En début d’année, il a perdu sa position de tête, devancé par le mordu du tweet et le magnat du commerce en ligne, leur fortune variant constamment selon les hauts et les bas de leurs actions en bourse.)
En dépit de son statut de première dame richissime, Mmoi Mercier-Arnault est loin d’être une femme entretenue. Sa carrière de pianiste de concert l’a menée de Prague à Shanghai, jouant avec les plus grands orchestres de la planète. De quoi bien nourrir ses trois enfants sans devoir attendre constamment la paie du mari sur la table.
Hélène Mercier-Arnault est née à Montréal le 5 mars 1960. Elle est la fille de Me François Mercier (1923-2010), membre fondateur du cabinet d’avocats Stikeman Elliott, et de Lucile Rouleau (1921-2021), agente d’immeubles. L’histoire de sa famille est aussi impressionnante que celle de sa fortune.
L’ANCÊTRE
L’ancêtre Charles Mercier dit Lajoie (1735-1817), militaire du régiment de Berry, est arrivé en Nouvelle-France en 1757 pour sauver la colonie, plus menacée que jamais. Il a participé à au moins deux batailles importantes : celle de Fort Carillon (1758), où les 4000 soldats de Montcalm ont eu le dessus sur 16 000 Britanniques, et celle de Sainte-Foy (1760), gagnée par les troupes de Vaudreuil et de Lévis.
L’année suivante, il épouse la jeune Marie-Anne Lahaise (1746-1825), 14 ans, Canadienne de quatrième génération, qui accouchera de 15 enfants. Le couple s’établit dans la seigneurie de Lachenaie.
Pendant les rébellions de 1837-1838, trois de ses petits-fils, dont François Mercier (1805-1886), ont fait partie des comités 38 et 75 des patriotes de Saint-Roch-de-Lachenaie.
Le fils de ce dernier, Joseph Mercier (1833-1899) était fabricant de voitures de carrosse. Son frère, François-Xavier (1837-1906), un solide gaillard de 6 pieds et 3 pouces, grand voyageur, a cofondé le Fort Reliance au Yukon. Il a fait du commerce de fourrure jusqu’en Sibérie.
Le fils de Joseph, Oscar-Félix Mercier (1866-1929), était chirurgien, tout comme son fils Oscar (1898-1945). Formé à Paris, ce dernier a été le premier urologue canadien-français. Professeur et vice-doyen de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, il est mort tragiquement, noyé à son chalet à Saint-Hippolyte-de-Kilkenny, devant sa femme et son fils, impuissants.
C’était le grand-père de celle qui allait devenir un jour la plus riche épouse de la planète.
Les Mercier d’Amérique n’étaient vraiment pas nés pour un p’tit pain.
Plus de détails
« Frs. Mercier, célèbre voyageur canadien » gravure tirée de L’opinion publique, Vol. 2, no. 43, pp. 517 (26 octobre 1871), d’après une photographie de William Notman (1826-1891).
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