Un récent rapport sur la mort subite d’un Montréalais survenue l’été dernier a poussé une coroner à sonner l’alarme concernant l’absence de réglementation et le manque de recherche sur la consommation de stéroïdes anabolisants chez les sportifs amateurs.
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«Il m’apparaît indéniable que l’utilisation de substances améliorant la performance est une pratique dangereuse», écrit sans détour Me Julie-Kim Godin.
«Les gens en prennent sans comprendre les risques auxquels ils s’exposent», renchérit-elle en entrevue avec Le Journal.
La coroner a rendu publique il y a quelques semaines son enquête sur le décès soudain d’Eric Sam Bridge Holtzman, à Montréal, à la fin du mois de juillet dernier.
Le rôle central des stéroïdes anabolisants dans le drame la force d’ailleurs à alerter le gouvernement québécois et l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) afin qu’ils se penchent sur le phénomène.
Effets contrecarrés
Car M. Holtzman a rendu l’âme, même s’il avait une musculature très développée, était un athlète et travaillait comme entraîneur personnel.
Mais il a aussi touché pendant une longue période aux stéroïdes, qui sont «facilement accessibles» sur le marché noir, mentionne Me Julie-Kim Godin.
«Une personne peut avoir d’excellentes habitudes de vie, mais le fait de prendre ce type de substances, peut contrecarrer totalement tous les autres efforts qui sont faits», souligne-t-elle.
Et la vie de l’homme de 32 ans a pris une tournure abrupte. Alors qu’il était le passager du véhicule d’un ami, en revenant du gym, il a perdu connaissance.
Une fois l’auto arrêtée en bordure de route, l’ami de M. Holtzman a tout tenté pour le réanimer, tout comme les premiers répondants. Il n’a toutefois jamais été possible de le sauver.
Plus gros que la moyenne
Le mal était déjà fait: Eric Sam Bridge Holtzman souffrait de cardiomégalie, donc son cœur était plus gros que la moyenne pour un homme de sa taille.
Le pathologiste a également constaté un épaississement des muscles des deux ventricules du cœur.
«Dans le présent cas, les trouvailles à l’autopsie […] ont confirmé que les habitudes de vie et de consommation de M. Holtzman ont probablement causé des dommages permanents et sérieux à sa santé», écrit Me Godin.
Notons par ailleurs que les stéroïdes peuvent nuire à la santé psychologique d’une personne. M. Holtzman consommait du flualprazolam, qui fournit des effets calmants ou antidépresseurs.
“Finement triste”
«C’est une triste fin de vie pour un enfant merveilleux», déplore Stephen C. Holtzman, qui a coupé les ponts avec son fils il y a une quinzaine d’années.
Il déplore l’immobilisme des autorités pour prévenir ce type de tragédie dans les dernières décennies.
«Contrairement aux athlètes professionnels ou élites, les athlètes amateurs ne font pas l’objet de tests antidopage réguliers et sont moins encadrés», fait valoir Me Godin, rappelant que d’autres Québécois en sont morts dans le passé.
Comme «trop peu de recherches» ont été faites en la matière, les ministères de la Santé et des Services sociaux ainsi que de l’Éducation devraient collaborer avec l’INSPQ afin qu’une étude approfondie ait lieu, recommande la coroner.
Des campagnes et des outils de sensibilisation devraient également être déployés.
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